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« Yalda. La Nuit du pardon » de Massoud Bakhshi. Critique DVD

En Iran cette émission qui a existé a inspiré cette fiction. Depuis, elle a été supprimée…

La fiche du film

Le film : "Yalda, la nuit du pardon"
De : Massoud Bakhshi
Avec : Sadaf Asgari, Behnaz Jafari
Sortie le : 07/10/2020
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 89 Minutes
Genre : Drame, Thriller
Type : Long-métrage
Le film
Les bonus
  • DVD: 19 janvier 2021
  • De Massoud Bakhshi
  • Avec Sadaf Asgari, Behnaz Jafari, Babak Karimi

 

Ça parait inimaginable. La téléréalité, souvent dépotoir public des bas instincts, se substitue cette fois à l’autorité judiciaire ( mais avec son accord ) pour dire le bien et le mal. Et condamner ou gracier.

Ca se passe en Iran et depuis ce film, l’émission a été supprimée.

On y voit deux femmes s’affronter verbalement et violemment sur un fait divers terrible.

Maryam a tué son mari. Sa fille, Mona, née d’un premier mariage peut lui accorder son pardon. Les deux protagonistes (  Sadaf Asgari, Behnaz Jafari, excellentes ) doivent alors participer à l’émission « Yalda », en direct, et échanger leurs points de vue. Un déballage judiciaire qui retourne bien évidemment la vie privée dans tous les sens, jusqu’au sens interdit.

Ce dont se délectent animateur et producteur qui dans les coulisses orchestre comme il peut les attentes de chacun sans jamais quitter d’un œil le plateau et ses invités.

L’autre forme de la comédie humaine si bien rapportée que l’émission en devient insupportable. Et le film par ricochet, parfaitement construit entre rappel des faits ( une vidéo réaliste ) et des témoignages ad-hoc. L’écueil du ras-le-bol ? On le frôle un temps avant que le scénario ne rebondisse sur quelques anicroches et une révélation en forme de détonateur.

Babak Karimi interprète le producteur de l’émission, entouré par une équipe à cran.

Plus que l’écriture retenue, quand elle ne porte pas les diatribes des deux jeunes femmes,  la mise en scène conjugue habilement son va et vient, du plateau aux coulisses, à travers des couloirs et des salles où le débat se poursuit tout aussi âprement.

Une tension permanente.

Des participants tirés au sort pour un concours, une vedette invitée furtive au milieu des pleurs et de la colère, un poème ânonné. Le spectacle, le divertissement s’incrustent dans la souffrance humaine avec cerise sur le gâteau, le vote des téléspectateurs pour départager les deux femmes.

Mona (Behnaz Jafari) peut-elle pardonner le meurtre de son père ?

Cela s’appelle le prix du sang, et à ce prix-là on joue la vie des gens. Ce monde est sans pitié.

LES SUPPLEMENTS

  • « Téhéran n’a plus de grenades » de Massoud Bakhshi  ( 65 mn ) . Comme il ne peut terminer un film, le cinéaste décide de raconter l’histoire de son pays, en remontant jusqu’à la nuit des temps. C’est un moyen métrage qui parait assez long tant le montage argumente de manière désordonnée, dans l’humour et l’ironie en guise de réceptacle.

Les archives me paraissent plus intéressantes que ce filmage contemporain qui accélère sans cesse la cadence dans le flot d’une circulation qui n’en finit pas.

Il est plus intéressant de retrouver les écrits ancestraux (« Les habitants vivent dans des trous souterrains semblables à des fourmilières. Des quartiers sont en guerre permanente ») et la manière dont le Grand Bazar a pu voir le jour, là où l’on vend aussi bien son âme, que du lait de poule.

La Révolution islamique, liesse et promesses dans une séquence de l’entre deux iranien à l’issue fatale selon les analystes. Téhéran possède de nombreux bâtiments peu fiables, alors que dans les années à venir un tremblement de terre va détruire plus de la moitié de ville et faire 5 millions de morts.

Une vision apocalyptique que le réalisateur ramène au temps de la peste, et du choléra, importés par les anglais colonisateurs. Ce raccourci de l’Histoire se termine par un chant iranien qui dit «  Oh seigneur, quand vireras tu de notre bord, au nom de ta mère ?»…

  • Dans les coulisses. Il s’agit en fait de quelques photos, très belles, du tournage .
DVD: 19 janvier 2021 De Massoud Bakhshi Avec Sadaf Asgari, Behnaz Jafari, Babak Karimi   Sundance 2020. Grand prix du jury Meilleur DVD Janvier 2021 (7ème) Ça parait inimaginable. La téléréalité, souvent dépotoir public des bas instincts, se substitue cette fois à l’autorité judiciaire ( mais avec son accord ) pour dire le bien et le mal. Et condamner ou gracier. Ca se passe en Iran et depuis ce film, l’émission a été supprimée. On y voit deux femmes s’affronter verbalement et violemment sur un fait divers terrible. https://www.youtube.com/watch?v=E4yZiIcInDM&ab_channel=PyramideDistrib Maryam a tué son mari. Sa fille, Mona, née d’un premier mariage peut lui accorder…
Le film
Les bonus

Il y a le principal moral d’abord :  comment la télévision peut-elle se substituer à la justice ? Il y a ensuite la nocivité de la téléréalité qui atteint des extrêmes pour un lynchage populaire grand public. Le fait est réel, et la fiction s’en empare pour la relater. C’est abject, mais notre ressentiment peut-il altérer le point de vue critique sur le film ? C’est l’un des écueils que réussit à surmonter le réalisateur en assurant des va-et-vient entre coulisses et plateau, là  où l’on pense que tout va se jouer alors que dans les pièces attenantes, d’autres personnages sont à la manœuvre. On en arrive à oublier l’objet du débat, la condamnation à mort d’une jeune femme meurtrière de son mari. Si publiquement la fille de la victime lui accorde son pardon, elle sera graciée. Sadaf Asgari et Behnaz Jafari maîtrisent parfaitement leur sujet . Un déballage judiciaire qui retourne bien évidemment la vie privée des deux femmes dans tous les sens, jusqu’au sens interdit. Le ( télé ) spectateur peut y accéder, tout en conservant cette idée d’une fiction relatant un fait de société innommable. S’il est vrai que l’émission a depuis été supprimée, on peut encore espérer en l’humain. Et surtout dans le cinéma !

AVIS BONUS Un documentaire sur la naissance de Téhéran et quelques images du tournage

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