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« Voir du pays » de Delphine et Muriel Coulin. Critique dvd

Synopsis: Deux jeunes militaires, Aurore et Marine, reviennent d'Afghanistan. Avec leur section, elles vont passer trois jours à Chypre, dans un hôtel cinq étoiles, au milieu des touristes en vacances, pour ce que l'armée appelle un sas de décompression, où on va les aider à « oublier la guerre ». Mais on ne se libère pas de la violence si facilement...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Voir du pays"
De : Delphine Coulin, Muriel Coulin
Avec : Soko, Ariane Labed, Ginger Romàn, Karim Leklou, Andreas Konstantinou
Sortie le : 10 janvier 2017
Distribution : Diaphana
Durée : 98 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

« Pourquoi t’as rien dit ? »

« La trouille on se la garde pour soi »

Meilleur dvd Janvier 2017 ( 6 ème )

On a rigolé, on s’est étonné et puis on a oublié ces poses « relaxes » du retour de guerre dans le confort et le luxe d’un dégrisement psychologique peu commun. Car rien n’est banal dans l’histoire de ces hommes et ces femmes qui ont connu le feu, la peur et la mort, et qui pour tout oublier, selon le vœu de leur hiérarchie confrontent maintenant leurs expériences entre spa et piscine, au milieu des clients d’un hôtel grand standing.

En suivant plus particulièrement deux copines d’enfance, Aurore et Marine, Delphine et Muriel Coulin accentuent bien évidemment cette sensation de déroute qui envahit à la fois le spectateur et les protagonistes d’une aventure qui les poursuivra encore longtemps. Ce n’est pourtant pas le sens du message que leur adresse l’officier à leur accueil pour qui ces trois jours doivent réparer des mois et des mois de conflit. Et les faire oublier.

Les intéressés rient sous cape, conscients que la thérapie de groupe annoncée ne résoudra rien, bien au contraire. Pour se défaire du stress, les voici les uns après les autres relatant leurs doutes, leurs peurs et les souvenirs qui les taraudent. Pour certains c’est une délivrance, quand d’autres préviennent qu’ils n’ouvriront pas la bouche. La tension abandonnée dans les montagnes afghanes resurgit autour d’une évocation, un épisode mal négocié,  comme ce piège dans lequel ils se sont enfermés, sans vraiment riposter regrettent quelques-uns.

Marine et Aurore, soudées depuis l’enfance, divergent elles aussi sur l’événement. « Ils remplacent nos souvenirs par des images bien propres » dit la première, rageuse, la violence encore vivace. Mais Aurore a d’autres blessures à soigner, une autre version des faits…

Les règlements de compte suivront. Le remède est pire que le mal. Etre une femme n’arrange rien. Elles sont responsables dit-on maintenant de tout ce désordre intérieur, elles qui retrouvent au dehors les plaisirs de la vie qui revient. Les hommes, leurs hommes, leurs copains de chambrée sont à l’affût, comme des bêtes, le regard méchant, le propos hargneux.

« Ils nous mettent le nez dedans, ils remuent la merde » dit l’un d’entre eux, aveugle et sourd à l’ambiance festive de leur résidence hôtelière. Un monde dans lequel ils ne font que passer, toujours ailleurs malgré l’insistance de cette caméra complice pour les confronter à la vie réelle. Elle pose beaucoup de questions, apporte peu de réponses, mais sa présence est déjà suffisante pour défaire le vernis des apparences télévisées, du reportage va-t-en-guerre et de la complaisance soldatesque.

L’interprétation de Soko et d’Ariane Labed est pleine de retenue dans une posture qui ne demande peut-être pas autre chose. Rapporter les faits, tenter de les comprendre. Bien loin de la complaisance du film de Thomas Cailley  « Les combattants » . Des hommes et des femmes tentent ici de revenir à la vie.

Les suppléments

  • Essais avec Sylvain Loreau, seul, puis rejoint par Karim Leklou et Alexis Manenti. C’est toujours intéressant à suivre, mais cette fois ça n’apporte pas grand-chose à la qualité du film
  • Scènes coupées.Egalement passionnant à voir , même si c’est une chance de ne pas les avoir gardées au montage …

La première, sur l’aéroport pour le final, nous montre les familles des soldats. Elle est effectivement sans intérêt. La suivante, l’entrainement des soldats n’apporte rien au récit, et la troisième est un karaoké dans la boîte de nuit, un véritable massacre de « Gaby oh Gaby » qu’il faut mieux oublier.

« Pourquoi t’as rien dit ? » « La trouille on se la garde pour soi » Meilleur dvd Janvier 2017 ( 6 ème ) On a rigolé, on s’est étonné et puis on a oublié ces poses « relaxes » du retour de guerre dans le confort et le luxe d’un dégrisement psychologique peu commun. Car rien n’est banal dans l’histoire de ces hommes et ces femmes qui ont connu le feu, la peur et la mort, et qui pour tout oublier, selon le vœu de leur hiérarchie confrontent maintenant leurs expériences entre spa et piscine, au milieu des clients d’un hôtel grand standing. En suivant…
Le film
Les bonus

On imagine le sujet : le retour des soldats d’Afghanistan, via ce ces fameux sas de décompression. Soit un hôtel de luxe dans lequel les vrais clients font la fête, dansent autour de la piscine, regardent à peine ces jeunes gens qui vont en file indienne, enfilent le même sur vêtement, la même dégaine. Une thérapie de groupe en perspective va révéler les failles, les peurs et réveiller des souvenirs amers. Sur cette thématique, les deux réalisatrices appuient le récit en suivant particulièrement deux copines d’enfance Aurore et Marine. Ce qui accentue cette sensation de déroute au sein d’un univers machiste dans lequel les deux femmes vont subir la misogynie latente, qui au grand jour du grand déballage psychologique va se révéler terriblement douloureuse. Deux axes parfaitement tenus par les cinéastes Delphine et Muriel Coulin qui trouvent en Soko et Ariane Labed les interprètes justes d’un univers que l’on envisage parfois comme un doux compromis pour ces combattants revenants de l’enfer. Ils ont échappé à la mort, mais ce qui les attend, plus intime, plus secret est peut-être encore plus douloureux. Un bonheur qui leur échappe.

Avis bonus Les scènes coupées l’ont été à bon escient, mais il est intéressant de les voir.

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