Synopsis: Donata, Stefano, Marta, Giosué, Marco et Bill sont artistes. Ils vivent dans la fameuse « rue des peintres », Via Margutta, dans le centre historique de Rome. Dans l’attente du succès, ils mènent une vie de bohème dont la légèreté n’est qu’apparente : entre espoirs et désillusions, leurs relations sentimentales et amicales sont mise à mal par leur soif de reconnaissance.
La fiche du film
Le film
- Première sortie :13/06/1962
« Il est devenu fou ? Pire, il est devenu italien… »
Aznavour chante « La Bohême », Mario Camerini la filme dans les années soixante, dans une rue du vieux Rome où la fête semble éternelle. Des peintres, des sculpteurs, des artistes se donnent rendez-vous Via Margutta, en attendant la gloire, dans des appartements de fortune.
Ils font office d’ateliers, de salons, de chambres à coucher. Le soir on les débarrasse pour écouter chanter Marta ( Yvonne Furneaux ) dont la belle voix ensorcelle plus d’un homme. Elle les aime, surtout les étrangers, protégeant ses copains d’une amitié profonde.
Comme tout le monde, la belle cache ses angoisses, le succès qui ne vient pas, ou qui est déjà parti.
Les amours vont de même…
Stéfano (Gérard Blain) le plus emblématique d’entre eux est rongé par l’ambition. Taciturne, fuyant, solitaire. Seule Donata sa compagne (Antonella Lualdi) le sort un peu du noir.
C’est la plus belle femme du quartier, les hommes lui tournent autour. Elle échangerait bien « la chapelle sixtine contre un four électrique » mais demeure fidèle à son compagnon.
Un jour viendra dit-elle…
En attendant tout ce petit monde va et vient au gré des rencontres et du hasard qui propulse Giosué (Franco Fabrizi ) au bras d’une riche héritière suisse, quand Bill Rogers l’italien des USA n’en finit pas d’achever ses sculptures monumentales.
On se prend de sympathie pour ces jeunes gens qui vivent d’amour et d’eau fraîche, à défaut d’avoir les pieds sur terre et des idées bien en place.
Mario Camerini les aime tout autant et les accompagne avec la même tendresse, pour la communion de la nièce de Giosué, absent, mais si présent dans leur cœur. Une tartufferie de haut vol qui se terminera mal, une fois le pot aux roses découvert .
La farce n’a qu’un temps et le temps se charge d’assombrir le destin de ces bons copains à la façade reluisante. Tout le talent du cinéaste de nous laisser dans le rêve de cette rue où les nuages s’amoncellent quand le succès couronne enfin Stéfano, exposé au grand jour d’une grande salle romaine.
Pour fêter l’événement, la bande se retrouve le soir dans le bistrot où cette fois ils paieront comptant l’adition. Une note plutôt salée quand l’amitié prend la tangente des révélations maladroites, des propos dissonants. Camerini touche au cœur l’amitié d’une époque révolue. C’est bien vu, c’est juste, c’est juste impitoyable.
Le film
Trois visions se superposent dans ce film magnifique qui nous parle de la vie d'artistes sans le sou, mais certain qu'un jour ils nous montreront qu'ils ont du talent. Aznavour se voyait déjà à l'image de cette bande de copains proches de " La Bohême" de ce même Aznavour, une chanson qui leur ressemble. Ils cachent leurs angoisses, le succès qui ne vient pas, ou qui est déjà parti. Les amours vont de même… Second volet du film de Camerini qui laisse libre cours aux sentiments vagabonds sur lesquels la gente féminine évolue bien différemment . Ces portraits de femmes aux destins parfois contrariés couronnent le regard d'un cinéaste qui tire la comédie italienne vers une dramaturgie naturelle. Camerini touche au cœur