Synopsis: Suède, années 70. Le commissaire Nyman, figure controversée de la police suédoise, malade, est retrouvé égorgé dans sa chambre d’hôpital. Le commissaire Beck est chargé de l’enquête. Il apparaît progressivement que Nyman fut un policier particulièrement odieux, mais couvert par sa hiérarchie. Et qui se fit des ennemis au cœur même de l’institution policière...
La fiche du film
Le film
- D’après « L’Abominable Homme de Säffle » de Maj Söwall et Per Wahlöö . –
Nyman, un commissaire malade et proche de la mort se fait buter sur son lit d’hôpital. Ses collègues ne sont pas surpris. Quelques vérités lâchées à demi-mots, à contre-cœur, un individu infréquentable .
« Un mauvais policier » dit l’inspecteur Einard (Håkan Serner)
« Une ordure de poubelle » lui répond Lennart, son supérieur (Sven Wollter) .
C’est donc dans le dépotoir de sa vie que l’enquête s’engage non sans réticence .
La solidarité, seconde nature du milieu, joue encore. Mais au fil de son histoire, les derniers ressorts amicaux lâchent du lest . Seul, son fidèle second, Palmon ( Carl-Axel Heiknert) demeure imperturbable. Élevé à la dure avec Nyman il le défend envers et malgré tout.
Martin Beck (Carl-Gustaf Lindstedt), l’un des grands patrons, le cuisine à fond, Palmon n’en démord pas ( photo ). Et Bo Widerberg le filme alors en plan serré, visage devenu gueule de haine, haleine de tortionnaire.
Un réalisateur sans prévenance à l’égard de ce polar qu’il décortique dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Les faits sont patents, mais l’heure n’est plus au règlement de compte. Windeberg récure l’institution qui classe sans suite les plaintes contre le collègue et ses cadavres. On les déterre et les morts ressuscitent.
Un mort qui se venge, c’est terrible. Il en veut à toute la police, Il la connait bien, et en fait peut-être encore partie.
Depuis son toit, il tire sur tout ce qui porte un uniforme. Widerberg a percé l’abcès, mais les racines demeurent profondes. Scène grandiose et cruelle que cette fusillade urbaine qui nous propose même une autre version de la poussette du « Cuirassé Potemkine »…
Une séquence terrifiante , époustouflante dans sa mise en abîme d’un système corrompu jusqu’à se donner en spectacle à la foule qui n’attend que ça. Mais le héros ne veut pas mourir et le cinéaste n’a aucune tendresse pour ces badauds victimes de leur propre curiosité.
Il les filme dans la logique implacable des événements qu’il conduit avec maestria. Un simple fait divers pour dire comment va le monde. Il y a 40 ans, et rien n’a changé !
Le film
Comme il est préférable de brouiller les pistes et d’inverser les codes, Bo Widerberg nous offre un polar a priori logique et sans fioriture autour d’une enquête banale où les protagonistes ne sont pas toujours de bons copains. Mais la victime est un commissaire de police et en fouillant dans son passé, ses collègues remarquent qu’il l’avait peut-être bien cherché. Ce qu’ils débusquent c’est un système corrompu et officialisé sur l’omnipotence du pouvoir quel qu’il soit. Ici celui des forces de l’ordre que le réalisateur montre du doigt avant d’appuyer à son tour sur la gâchette et ça fait de plus en plus mal . Les dernières séquences sont remarquables de bruit et de fureur pour rappeler au monde que la mort n’est pas un spectacle. Toute sa belle équipe joue une partition égale , un régal …