L’histoire : Sept ans que Chun-li habite la station météorologique d’Alishan, au cœur de la montagne taïwanaise. Délaissée par son mari, elle boit beaucoup. Son quotidien est bouleversé par l’arrivée de M. Zhang et de sa fille Zhen-zhu. Séduite par l’homme, émue par l’enfant, Chun-li revit. Mais elle ignore que ses hôtes ne sont pas ceux qu’ils prétendent être …
Je quitte «Charulata » de Satyajit Ray pour ce film et ce même triangle amoureux aussi peu isocèle que le précédent. Mais la résolution du problème est bien différente …
Dans un coin perdu de la montagne taïwanaise, un météorologue s’affaire au temps qui passe sans remarquer l’ennui de son épouse. Depuis sept ans, Chun-li se morfond et boit pour oublier. Quand arrivent’ un homme et sa petite fille, en quête d’un peu de repos, loin de la civilisation. Une lumière nouvelle pour la jeune femme qui doit cependant se prémunir de cet hôte bien entreprenant.
Zhang est aimable, serviable et la regarde comme on ne l’a jamais regardée, dit-elle, totalement séduite aussi par la gamine qui joue le jeu de la duperie à la perfection.
On sait qui elle est, d’où elle vient et sa rencontre avec celui qui en réalité s’appelle Da-hao, un chef de gang recherché par la police.
Pan Lei n’en fait pas mystère, mais s’attarde plus tôt dans ce huis-clos amoureux, qui jamais ne s’affirme. La femme revit, c’est une évidence et donne des gages au gangster égaré dans cette nature luxuriante, et capricieuse, où gambade une sauvageonne intrigante.
La mise en scène cabriole au rythme de cette apparition, ce petit grain de folie et de liberté dont le cœur chavire aussi facilement que ses humeurs. Charmé, une fois encore Da-hao ( ou Zhang si vous préférez ) cueille cette fleur des bois, avec prudence et amour.
Il lui promet la lune quand Chun-li s’apprête à le suivre les yeux fermés Comme un nœud gordien que l’écriture de Pan Lei esquive avec une soudaineté raisonnable, accordant sa réalisation aux caprices de la météo, et aux aléas des sentiments divagants.
Un délire aux rebondissements successifs, une dramaturgie soulignée, un brin lourdingue sur le final. L’emphase inutile après une telle gambade sentimentale. On avait même oublié les revolvers …
Les Suppléments
- . Passage du typhon (26 mn)- Un entretien avec Wafa Ghermani, spécialiste du cinéma taïwanais et éditrice (« Les industries des images en Asie de l’Est »).
Elle nous explique qui est Pan Lei, ses origines, son engagement militaire à 16 ans, ses premiers romans. Puis ses premiers scénarios. Il se fait la main sur les tournages, avant que l’on ne lui propose son premier film.
« À Taïwan, malgré la censure, la propagande, un climat politique totalement étouffant, certains réalisateurs ont réussi à se faire entendre de manière discrète mais en même temps très persistante. » Pan Lei en fait partie et Wafa Ghermani relève tous ses atouts, dont une liberté de ton et un affranchissement aux servitudes de l’Etat.
- . Typhon : Tempête sur Taïwan (6 mn)- Pour ouvrir sa rétrospective « Le cinéma de (mauvais) genre taïwanais » en 2019, la Cinémathèque française a sélectionné « Typhoon » de Pan Lei. Wafa Ghermani justifie ce choix et analyse ce film météorite .
. La restauration-Comparaison, avant-après, et effectivement il n’y a pas …photo !
. Sa bande annonce
Le film
Les bonus
Si à mon avis la fin n’est pas raccord avec le film dans son ensemble, celui-ci mérite une attention particulière, tant il témoigne de la créativité du cinéma taïwanais des années soixante.
Bien que produit par la Chine, il s’affranchit de toute morale et livre sur un ton très libre, une vision des pratiques sociales indépendante de toute diktat. Sur des panoramiques presque enchanteurs, un cadre intime , Pan Lei loge un scénario limpide, une écriture concise où l’insouciance et le drame, la beauté et l’amour trouvent place .
Plus d’une séquence est belle à applaudir, du travelling aérien sur un homme en fuite aux nombreux portraits accrochés à la galerie des sentiments qui s’égaient. Et nous heurtent jusqu’au délire final qui ne méritait pas autant d’emphase …
AVIS BONUS
Une spécialiste du cinéma taïwanais Wafa Ghermani revient sur l’œuvre de Pan Leil , et analyse méthodiquement « Typhoon »