Synopsis: L'histoire de Karol, le coiffeur polonais, et de sa femme Dominique, française. Karol a tout perdu après son divorce avec Dominique. Ayant enfin réussi à retourner dans son pays, il se lance dans diverses entreprises et tombe dans le piège de sa vengeance sur Dominique …
La fiche du film
Le film
Les bonus
Après liberté, suivant la devise appliquée par le cinéaste dans sa trilogie républicaine, le principe de l’égalité est cette fois un brin tiré par les cheveux … Le héros est un coiffeur, mais quand même …
Revenu du rêve européen, et de ses amours idoines, Karol, entend devenir l’égal de ses compatriotes polonais. Voire plus …
Un peu bêta en apparence, mais futé il se retrouve à Paris dans la soute à bagages d’un avion en partance pour Varsovie.
Un compatriote Mikolaj croisé au hasard d’un couloir du métro lui facilite la tâche. Mais l’individu a bien l’intention de récupérer sa mise sous forme d’un service particulier : tuer un homme qui n’attend que ça.
Karol n’est pas chaud, mais une fois sur place et devant son manque d’argent évident, il s’apprête à exécuter la basse œuvre.
Cet argument classique du film policier, Kieslowski le mène en mode mineur dans une ballade au désenchantement certain, mais si drôle et si bien jouée que la douceur ambiante l’emporte sur l’inéluctable destin d’un merlan bien malin.
C’est le Karol qui ressuscite ainsi au cœur de sa terre natale, déjà triomphant, presque rayonnant. Il a quitté la capitale française, une valise entre les jambes, sous les sarcasmes de sa femme Dominique (Julie Delpy). Toute honte bue, il emmagasine sa vengeance au rythme de ses succès dans les affaires.
Il va la faire revenir, Dominique va s’en souvenir.
Exit la poésie bleutée des premiers ébats trilogiques pour le blanc pigmenté d’un humour kafkaïen aux parfums de polar. Le cinéaste ne renie rien de sa grammaire, mais la transpose ici dans la magie d’un amour vache où tout détail devient signifiant.
Cette pièce de deux francs négligemment jetée par le guichetier du métro parisien, conservée tel un porte-bonheur. Ce buste de Marianne ramené de la capitale. Même brisé, ce souvenir de femme demeure une ombre à éclaircir, de la plus belle des manières.
Karol s’y emploie, Kieslowski le suit dans la plénitude d’une vie à l’emporte-pièce que deux solides acteurs Zbigniew Zamachowski et Janusz Gajos accordent à leurs délires. En attendant l’Europe …
LES SUPPLEMENTS
- Rencontre avec Julie Delpy– La comédienne avait fait des essais pour « La double vie de Véronique », mais sur une demande du réalisateur, elle se braque et s’en va. « Il n’y avait aucune méchanceté de ma part, et quelques temps plus tard il m’a recontactée pour la trilogie ».
Elle dit aimer ce cinéma « sans artifice, avec un vrai regard sur les gens, il décrit les gens de façon très réelle, un peu comme Ken Loach. (…) J’ai lu les trois scénarios, et Blanc est celui qui me parlait le plus ». Elle a beaucoup rigolé avec Kieslowski sur le tournage « ce qui surprend beaucoup de monde. ». Elle cite pour l’exemple une scène d’orgasme que le réalisateur filmait en plusieurs fois, avec dit-elle « un chronométrage précis ». Elle en rigole encore.
- Les souvenirs de Urszula Lesiak, monteuse- « J’étais traductrice au montage sur « La double vie de Véronique » que montait Jacques Witta. J’assistais avec toute l’équipe à tous les rushs, et l’un d’entre eux à mon avis se passait mal, pour moi, j’étais très loin de Kieslowski, il m’a demandé si je suivais, si j’écoutais. En lui disant à la fin au revoir, il m’a dit à demain ».
Elle assiste un peu plus Jacques Witta et travaille ensuite sur la trilogie. « On avait beaucoup de liberté au montage, même s’il savait très exactement ce qu’il voulait. Le montage pour lui c’était le calme après l’orage ».
Urszula Lesiak évoque aussi la technique de l’époque, la pellicule, et les gants sur le banc de montage…
- Le regard d’Alain Martin – Le journaliste écrivain, spécialiste de Krzysztof Kieslowski poursuit son analyse de la trilogie avec l’avènement de la nouvelle Pologne que le réalisateur décrit dans Blanc, une économie libre avec ses travers sur laquelle le héros va marquer sa reconquête.
Alain Martin note les caractéristiques du chef opérateur Slawomir Idziak dans l’image froide qu’il donne du pays. « Kieslowski travaillait pendant de très longues journées, et quasiment sans s’arrêter entre les trois films ».
Alors qu’il tourne Blanc, son premier assistant est déjà en Suisse pour préparer « Rouge » …
- La leçon de cinéma de Krzysztof Kieslowski. – Il développe longuement l’ouverture qui à l’origine n’était pas celle qu’il nous présente. Et pose lui-même les questions : pourquoi cette scène aussi longue en plan général ? pourquoi le gros plan sur le piétinement ? quel est le rapport entre les valises sur le tapis roulant et l’arrivée au Palais de Justice ?
« Nous annonçons des choses qui auront lieu plus tard, ce n’est pas de la rétrospection, mais de l’anticipation. On introduit un élément qui fonctionne et s’expliquera plus tard ».
- Le making of- Ou l’autre leçon de cinéma du réalisateur que l’on voit beaucoup travailler dans ce document magnifique pour ce qu’il nous révèle des secrets et des coulisses d’un tournage. Krzysztof Kieslowski fait entre les très nombreuses scènes ses propres commentaires. « On ne va pas éclater de rire avec ce film, c’est une comédie lyrique, ou une comédie triste, parce que le héros est dans des situations horribles et que l’on rit, car ce n’est pas à nous que ça arrive ».
Le film
Les bonus
Il a beau correspondre à une trilogie, celle de la « Liberté, égalité, fraternité » devenue Bleu-Blanc-Rouge, ce film est unique dans sa vision de la construction de l’Europe, l’idée sous-tendue du projet.
Kieslowski en fait un amalgame de cinéma, parfaitement justifié dans cette composition dramatico-burlesque qui voit un homme refoulé de France par son épouse revenir au pays natal (La Pologne) pour se venger.
Rien de monstrueux dans la préparation, rien que de la délicatesse dont le héros ne cesse de se vêtir pour faire revenir la belle auprès de lui.
Exit la poésie bleutée des premiers ébats trilogiques pour le blanc pigmenté d’un humour kafkaïen aux parfums de polar. Le cinéaste ne renie rien de sa grammaire, mais la transpose ici dans la magie d’un amour vache où tout détail devient signifiant.
Du cinéma qui ne vous lâche pas avec deux solides acteurs Zbigniew Zamachowski et Janusz Gajos, et Julie Delpy diaphane et rayonnante.
AVIS BONUS
Rien que le making of mérite cinq étoiles. Ajouter une leçon de cinéma et les commentaires avisés, éclairés de Julie Delpy, de la monteuse et du spécialiste maison Alain Martin. Fabuleux