La vie bien faite d'un homme d'affaires respecté tourne au cauchemar dans un jeu qu'il ne contrôle plus. Et Fincher très finaud laisse jouer
La fiche du film
Le film
Les bonus
- Dvd : 03 novembre 2020
- Acteurs : Michael Douglas, Sean Penn, Carroll Baker, Deborah Kara Unger, Armin Mueller-Stahl
- Langue : Anglais, Français
- Sous-titres : : Français
- Studio : L’Atelier d’Images
Meilleur dvd Novembre 2020 (3ème)
L’histoire : Nicholas Van Orton, homme d’affaires avisé, reçoit le jour de son anniversaire un étrange cadeau de son frère Conrad. Il s’agit d’un jeu. Nicholas découvre peu à peu que les enjeux en sont très élevés, bien qu’il ne soit certain ni des règles, ni même de l’objectif réel. Il prend peu à peu conscience qu’il est manipulé jusque dans sa propre maison.
Tout le monde plie devant ses volontés, on le respecte, on le craint, les marchés financiers sont à ses pieds. Sa vie est pourtant d’une tristesse absolue, le soir quand il rentre seul dans son grand manoir.
Des images le hantent, le visage d’une femme, le corps d’un vieil homme allongé sur les graviers de la propriété…
Sa famille peut-être et ce qu’il en reste, son frère (Sean Pen) qu’il ne fréquente pas, mais qui le jour de son anniversaire lui offre un cadeau très original. Un jeu dans lequel il doit s’immerger quasiment sans rien savoir.
Peu coutumier de l’inconnu, des hasards, Nicholas Van Orton ( Michael Douglas) plonge malgré tout dans cette aventure qui très vite dérègle son bel ordonnancement professionnel.
Le présentateur TV s’adresse à lui , chez lui, dans son salon, et l’homme si pragmatique ne trouve presque rien à redire. L’effet est parfait sur le financier conscient des risques encourus.
Au fil de phénomènes étranges, il s’enfonce dans un système que le réalisateur orchestre de manière assez prévisible, tout en piétinant joyeusement la personnalité de son héros.
Van Orton n’aime pas être contrarié, surtout par une femme qui bien évidemment devient très vite suspecte ( Deborah Kara Unger ). Son avocat qui s’aperçoit de son changement s’inquiète, mais ne devrait-on pas s’inquiéter de cet avocat ? (James Rebhorn)
Ascenseur en panne, chiens policiers aux fesses, taxi bloqué, scène de crime dans le salon, toute la panoplie du parfait suspect pour clouer au pilori le malheureux. Eh oui on le plaint désormais, ce patron imperméable à tout sentiment et ravagé maintenant par une paranoïa anxiogène.
Michael Douglas joue beaucoup sur les contrastes et les angoisses de son personnage pour insuffler un rythme de plus en plus trépidant que Sean Penn adopte au débotté, lui que l’on avait presque oublié…
Entre les deux, Deborah Kara Unger extirpée des carcasses de « Crash » laisse filer son énigmatique sourire sur son passage, rarement protégé. Ça craint !
LES SUPPLEMENTS
Attention ne les regarder qu’après la projection, ils sont tous excellents, mais révèlent pas mal de chose.
- « Fools’Week » , une nouvelle interview du co-scénariste John Brancati (15 min). Il explique comment l’idée lui est venue alors qu’il déprimait en se demandant à quoi tout cela pouvait bien servir. Le projet passe entre plusieurs mains dont celle de Kiefer Sutherland qui apprécie mais la Fox ne suit pas.
« Si le monde n’en voulait pas, je me trompais de métier » dit alors Brancati qui reconnait dans son écriture, le meilleur de ce qu’il a pu faire jusque-là. Tout à fait d’accord …
Et prêt à tout pour s’imposer, il revoit même le personnage du frère joué par Sean Penn, dans une version féminine. « Jodie Foster était très intéressée ».
- « Men on the Chessboard », les plaisirs cachés de The Game (20 min). C’est en quelque sorte le décryptage du film, très intéressant à suivre. Et vous comprendrez peut-être certaines choses qui vous avaient échappées. Comme à moi.
- « L’art de la manipulation », entretien avec Philippe Guedj (20 min) . Le journaliste cinéma ne manque pas de citer toutes les références cinématographiques que l’on peut relever( je n’avais pas la moitié !!! ) et la manière de filmer San Francisco, un personnage à part entière.
Il rappelle que le film sorti après « Seven » ne rencontre pas le même succès, les gens souvent déçus de ne pas retrouver le même souffle. « Mais aujourd’hui , 23 ans après le film s’est bonifié, visuellement le plus beau de sa filmographie et l’un de ses meilleurs » .
Il le compare aussi à un jeu de plateforme.
Le film
Les bonus
Si l’intrigue permet d’envisager toutes les situations possibles sur la réalisation et l’interprétation des trois acteurs principaux (Michael Douglas ,Sean Penn, Deborah Kara Unger ) il faut reconnaître que Fincher joue finaud sur le rendu de cette histoire tordue au possible.
Un homme d’affaire, bien sous tout rapport et surtout très fier de sa personne, va dégringoler petit à petit dans la paranoïa la plus anxiogène suite à un cadeau de son frère : un jeu en grandeur naturelle , sans règle définie, ni partenaires avoués. Ceux que Van Orton rencontrent lui pourrissent la vie, et les certitudes qu’il possédait envers son métier et ses amis . Mais qui sont ses amis dans ce cloaque généreusement alimenté par un réalisateur très inspiré par le scénario de John D. Brancato et Michael Ferris, les duettistes .
AVIS BONUS
Attention ne les regarder qu’après la projection, ils sont tous excellents, mais révèlent pas mal de chose.
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