Synopsis: Mutique et solitaire, William Tell, ancien militaire devenu joueur de poker, sillonne les casinos, fuyant un passé qui le hante. Il croise la route de Cirk, jeune homme obsédé par l’idée de se venger d’un haut gradé , familier à Tell . Il le prend alors sous son aile, décidé à le détourner des chemins de la violence, qu’il a trop bien connus…
La fiche du film
Le film
A l’image du jeu d’échecs au cinéma, le poker est devenu un atout scénaristique évident. Sans le suivre à la règle, il vous marque le tempo, la tension inhérente, la marche à suivre.
William Tell revenu de l’enfer est fidèle à ce raisonnement. Le voici joueur invétéré, mais raisonnable. Petite mise, petit gain, et un anonymat assumé. Sauf le jour où La Linda (Tiffany Haddish) coach tout aussi émérite, lui propose de rejoindre son équipe.
L’homme est réticent, la rencontre avec Cirk, le détourne un instant des casinos. Il ne connait pas ce jeune homme ( Tye Sheridan), mais le nom de son père, ne lui échappe pas. Ce compagnon de cellule lui aussi revenu de l’enfer, dont il n’a pas réchappé.
Cirk lui explique comment, et se promet de châtier le responsable. Nouveau dilemme pour Tell, solitaire résolu qui s’attache au gamin ( c’est son surnom ) et souhaite lui éviter l’enfer dans lequel il a déjà mis les pieds.
Identification, repérages maison, agenda, l’ex-colonel John Gordo est suivi à la trace. Il faut lâcher dit Tell. Et reprendre un cours de vie plus conforme. Il va l’aider, le soutenir. La raison pour dire oui à La Linda. L’argent sera plus conséquent.
Un trio se forme, contre-nature , épique et surprenant. Paul Schrader l’enferme encore un peu plus dans cet univers déjà clos, secret et stratégique.
Le fondement de sa mise en scène. Paisible par ailleurs, elle joue son va-tout dans des flashs violents, des éclairs insoutenables. Et gagne par le jeu tout en retenue d’Oscar Isaac, face à la brutalité totale de l’homme qui le hante.
Willem Dafoe est lui aussi impressionnant dans la peau de ce personnage retors et malveillant. Le noir de l’âme que Schrader expulse avec une rage magnifique.
Le film
A la limite il n’y aurait pas d’histoire que l’affaire fonctionnerait quand même. Paul Schrader filme en virtuose des halls déserts, des tables de jeu abandonnées et les contours d’une piscine sans aucun intérêt. Sinon que tout au fond, se joue la vie d’un gamin prêt à tuer un ancien colonel de l’armée américaine. L’adulte qui vient de le rencontrer connait son histoire . Il l’a un peu partagée. Aussi , en jouant cette fois gros au poker, contrairement à ses précédentes mises, William Tell espère bien l'empêcher de mettre à exécution son projet mortel. Il y a donc une histoire dans cette mise en scène enfermée avec puissance dans ce monde clos et secret des salles de jeu de casinos. Pour s’en extirper, elle joue son va-tout dans des flashs violents, des éclairs insoutenables. L'interprétation retenue d’Oscar Isaac, fait face à la brutalité totale de l’homme qui le hante. Willem Dafoe, tout aussi impressionnant . En filmant faussement dans le vide, Paul Schrader nous rappelle donc qu’il fait du cinéma. Un clin d’œil magnifique au passage !