Synopsis: Ibrahim, Suleiman, Manar et Altayeb, cinéastes facétieux et idéalistes, sillonnent dans un van les routes du Soudan pour projeter des films en évitant la censure. Ces quatre amis de toujours rêvent d’une grande projection publique dans la capitale Khartoum et de rénover une salle de cinéma à l'abandon. Son nom ? La Révolution…
La fiche du film
Le film
Festival de Berlin : Prix du Public et Meilleur documentaire . –
C’est véritablement un documentaire, tourné comme une fiction. Procédé peut-être plus facile dans un pays comme le Soudan où rêves et réalité se confondent dans un quotidien très incertain.
Ces quatre vieux cinéphiles en savent quelque chose, qui au seuil de leur vie sillonnent les routes du pays pour propager la bonne image. Des projections en plein air ( * ) sous le regard vigilant d’un pouvoir qui n’en finit pas d’alterner le bon et le moins bon, la démocratie et la dictature.
Mais aujourd’hui pour le quatuor « le cinéma soudanais est mort, il faut chercher le traitre » . On ressort les vieilles caméras, des pellicules sous la poussière , on évoque Truffaut et toutes ces salles de cinéma aujourd’hui fermées par décision politique.
Alors on se prend à rêver. A cette grande salle de Khartoum qui s’appelait « La Révolution ». Tout est dit, il n’y a plus qu’à… Il faut commencer leur dit-on par la Sécurité Nationale . Ils sont hilares « les ennuis commencent ».
Et les souvenirs remontent à la surface, dont l’apprentissage du septième art à Moscou. Ils en rigolent encore. « Sous Lénine, apprendre le cinéma, fallait le faire ». Comme une culture de la résistance, de l’insistance, du bon droit , malgré la réélection du même président…
Son discours triomphal est d’une suffisance ignoble et drôle à la fois ( plus de bulletins de vote que de votants ) . Il appelle à la stabilité pour le Soudan « et que la démocratie perdure ».
La personnalité africaine tranquille appliquée à ce récit rend tout possible et merveilleux, même quand le muezzin officie au moment d’un discours …
Les scènes drôles et amusantes ne manquent pas. Le fond demeure.
Un film passionnant pour le cinéphile, pour l’historien du cinéma, pour le passionné de l’Histoire du monde et le spectateur amateur de film vrai . Tout le monde peut le voir !
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Et des films sur le cinéma :
« Splendor » de Ettore Scola … le cinéma italien
« Cinema Paradiso » de Giuseppe Tornatore
« Cinéma Mon Amour » de Alexandru Belc … le cinéma roumain
(*) Le Ciné Off d’Indre et Loire, pour ne citer que cette association, a un petit frère au Soudan
Le film
Le cinéma qui fait son cinéma et le raconte à travers un historique chargé, voilà l’un des sens de ce film très instructif et éloquent sur la manière de conduire la petite et la grande histoire. Un film du patrimoine cinématographique soudanais relégué dans les souvenirs de quelques pionniers aujourd’hui vieillis sous le harnais et fatigués par des années de lutte contre un pouvoir alternant dictature et démocratie. Aujourd’hui ils projettent toujours de façon itinérante, en plein air, des films autorisés par l’administration. C’est-à-dire le pouvoir politique, intrusion que le réalisateur met très bien en lumière quand il s’agit d’évoquer un projet encore plus ambitieux : faire revivre un soir une ancienne salle de cinéma au nom prédestiné La Révolution. Le processus qui se met en place suit la logique d’un scénario conforme à l’aventure de tous ces pouvoirs , qui ont toujours pesé sur la conduite à tenir des soudanais. Le cinéma en ligne de mire, et on comprend pourquoi. Mais la personnalité africaine tranquille appliquée à ce récit rend tout possible et merveilleux, même quand le muezzin officie au moment d’un discours … Les scènes drôles et amusantes ne manquent pas. Un film passionnant pour le cinéphile, pour l’historien du cinéma, pour le passionné de l’Histoire du monde et le spectateur amateur de film vrai . Tout le monde peut le voir !
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