Accueil » Les critiques » « Solo » de Jean-Pierre Mocky. Critique Blu-ray

« Solo » de Jean-Pierre Mocky. Critique Blu-ray

Synopsis: Violoniste mais aussi trafiquant de bijoux, Vincent Cabral découvre, à l’occasion d’un raid meurtrier mené par un groupuscule d’extrême-gauche, que son jeune frère, Virgile, en est le chef. Afin de l’aider à échapper à la police, Vincent se lance à la recherche de son cadet et s’immisce malgré lui dans l’engrenage tragique des attentats perpétrés par les révolutionnaires.

La fiche du film

Le film : "Solo"
De : Jean-Pierre Mocky
Avec : Jean-Pierre Mocky, Denis Le Guillou
Sortie le : 27/02/1970
Distribution : Les Acacias
Durée : 90 Minutes
Genre : Policier
Type : Long-métrage
Le film
Les bonus

Au moment où Mai 68 se dilue dans les souvenirs, une partie de la jeunesse se sent frustrée. Pseudo-révolution pour certains, inachevée pour d’autres «  il faut tirer dans le tas » disent-ils à l’image des héros de « Solo » entraîné dans le carcan de leurs idéaux anarchistes.

Une fusillade meurtrière met la police en alerte d’un second attentat possible dans Paris. La où débarque gentiment un violoniste de croisière Vincent Cabral, trafiquant à ses heures et en quête de son frère qu’il n’a pas vu depuis trois ans.

Le voici alors lui aussi à la poursuite de Virgile, chef présumé du gang révolutionnaire que Mocky maltraite comme il peut. Il ne croit pas un instant à l’esprit subversif de cette jeunesse qui veut « purifier le monde » sans réfléchir un instant à la mesure de ses actes.

 

Le cinéaste n’est pas plus tendre avec leur cible préférée, les bourgeois qui s’acoquinent au vice et à l’argent facile. Mocky renvoie tout le monde dos à dos en laissant à son héros, qu’il interprète lui-même, le soin de mettre un peu d’ordre dans le fourbi socialo-politique du moment.

Il le fait en se prenant les pieds dans les affaires de son frère,  un micmac que Mocky entretient sans autre forme de mise en scène que le bon vouloir des uns et des autres. Les événements plus ou moins vraisemblables s’enchaînent un peu par hasard, crédibilité en rappel.

L’intrigue est un peu facile, parfois manichéenne, jamais vraiment sérieuse. Si ce n’est ce fond de désillusion d’une jeunesse en proie à son avenir contesté. L’héritage de soixante-huit à la façon Mocky …

Henri Poirier , un autre commissaire imaginé par Mocky, mais moins intéressant que celui vu dans « Le Témoin » .Christian Duvaleix joue son adjoint, l’inspecteur Larrighi

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien avec Jean-Pierre Mocky- C’est en entendant deux jeunes discutant sur la fin de Mai 68 que le projet a pu voir le jour. «  Ils regrettaient que rien n’était fait et qu’il fallait alors réagir ».

« La plupart des interprètes sont inconnus, Patrick Dewaere devait jouer le frère, mais au casting il n’a pas été bon. On a dû rater quelque chose ».

« Belmondo et Delon ont refusé le rôle que je joue et c’est pour ça que je le joue , Trintignant avait accepté mais il venait de faire Z et ne voulait pas refaire un film dans cet esprit »

Le film sent le souffre et n’est projeté à Cannes, hors-festival que vers minuit. «  Il y avait tellement de monde que l’on a fait une seconde séance à deux heures et le lendemain il était vendu dans de nombreux pays, c’est la seule fois que ça m’est arrivé, j’avais tapé dans le mille , pour certains ça parlait aussi  des Brigades rouges, de la Bande à Baader … »

Coproduit par les champagnes Taittinger , l’ensemble des scènes tournées à Reims«  il n’a pas coûté cher, je n’étais pas payé, les acteurs étaient des inconnus, et tourner de nuit au même prix que le jour , alors que la nuit logiquement c’est multiplié par trois … ».

  • Eric Le Roy, ancien assistant de Mocky – Il évoque une rupture « dans son œuvre , dix ans après il revient en tant que comédien , un peu bressonien, et ce timbre de voix »

« Le sujet du film , loin de l’ironie, il parle d’un moment important de la France, contrairement à une idée répandue, ce n’est pas un film sur Mai 68, mais bien sur l’échec de cette révolution tuée dans l’œuf ».

« Un film qui parle du terrorisme , sujet assez rare à l’époque dans le cinéma »

  • Rencontre avec Anne Deleuze- Les souvenirs de tournage d’une comédienne qui faisait alors son premier film… «  Il y avait de vrais gendarmes a qui Mocky avait donné un faux scénario, et ainsi ils ignoraient qu’on leur cassait du sucre sur le dos ».

«  Tout était fait de bric et de broc, il n’y avait pas d’argent, l’imper rouge qui ne me quitte pas c’est le mien… »  Plein de petites anecdotes suivent , et son avis sur cet homme «  élégant, plein de fantaisie … »

Au moment où Mai 68 se dilue dans les souvenirs, une partie de la jeunesse se sent frustrée. Pseudo-révolution pour certains, inachevée pour d’autres «  il faut tirer dans le tas » disent-ils à l’image des héros de « Solo » entraîné dans le carcan de leurs idéaux anarchistes. Une fusillade meurtrière met la police en alerte d’un second attentat possible dans Paris. La où débarque gentiment un violoniste de croisière Vincent Cabral, trafiquant à ses heures et en quête de son frère qu’il n’a pas vu depuis trois ans. Le voici alors lui aussi à la poursuite de Virgile, chef présumé du…
Le film
Les bonus

L’après mai 68 a pour certains le goût de l’amertume, voire de la frustration. Une jeunesse entend poursuivre le combat et dézingue à tout va la société qui lui parait complètement dépravée. Quand la police se met à la poursuite des auteurs des fusillades, elle trouve sur son chemin un individu qui à-priori n’avait rien à y faire, mais qui se prend malgré tout les pieds dans le tapis des anarchistes présumés. Le constat du réalisateur est peu amène pour cette société post soixante-huitarde qu’il dénonce pour la violence et la duplicité ambiante d’un système qui de part et d’autre use des mêmes stratagèmes. Il est simplement dommage que la mise en scène s’imbrique dans un fourre-tout généralisé par des événements peu vraisemblables et un jeu d’acteurs assez hésitant. Ce sont des jeunes encore peu connus, il est vrai, à l’exception du héros que Mocky interprète avec brio.

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Pain, amour et fantaisie » de Luigi Comencini. Critique Cinéma

A nouveau les grands classiques italiens sur grand écran, on ne s'en lasse pas

Laisser un commentaire