« So long, my son » de Wang Xiaoshuai. Critique cinéma-bluray

La fiche du film

Le film : "So Long, My Son"

De : Wang Xiaoshuai

Avec : Wang Jing-chun, Yong Mei

Sortie le : 03/07/2019

Distribution : Ad Vitam

Durée : 185 Minutes

Genre : Drame

Type : Long-métrage

• Ours d’argent, meilleur acteur, meilleure actrice. Berlin 2019 . —
• Meilleur dvd Janvier 2020 : (3 ème ). —
• Sortie : 07 janvier 2020 . —

Au début des années quatre-vingt, l’instauration du contrôle des naissances permet au pouvoir de mener sa politique économique et sociale en conformité avec la population grandissante . Ce que deux couples amis entendent appliquer à l’image du pays, sous peine d’amendes et de réprimandes.

Mais quand le fils de l’un d’entre eux décède dans des conditions horribles, sous les yeux du fils de l’autre couple, son meilleur copain, toute une mécanique se grippe dans un système devenu inhumain.

Après le drame et les reproches, les questionnements et les doutes, la culpabilité et le non-dit forgent la trame d’un récit poignant et fertile en événements.

Une bonne partie de l’Histoire de la Chine défile pendant ces quarante ans de vie que les deux couples vont vivre maintenant séparés, tout en conservant des liens ténus, indissociables.

Il y a l’usine, les copains, la cité ouvrière et les bals autorisés, contrairement à la musique américaine que les voisins peuvent entendre ou ces fêtes « dans le noir » qui vous mènent en prison. En se rappelant ce que fut «  la révolution culturelle », ces anciens «  jeunes instruits » s’estiment heureux d’en être là.

C’est peut-être pourquoi Wang Xiaoshuai filme sans frénésie cette histoire à rebours joliment conduite par des acteurs totalement habités par leur personnage.

Et si le destin ne les conduit plus maintenant main dans la main, si l’un demeure humble et sans avenir, quand son ami guigne une direction d’usine, on sent dans le désir du réalisateur un besoin d’humanité que traduit la maman rongée par le remord.

Le même qui tenaille son fils Haohao chirurgien dans un hôpital. La mort de son copain est pour lui aussi un souvenir à jamais gravé dans cette histoire où nous dit-on enfanter est un crime quand l’avenir s’interdit de vous ouvrir les bras. La Chine qui n’arrête pas de « prospérer », demeure encore en cet état. A quel prix, justement !

LES SUPPLEMENTS

• Une rencontre avec le réalisateur ( 10 mn ) . 2015 , abolition de la politique de l’enfant unique

« Jamais de mon vivant je ne pensais assister à une telle décision »

« La chronologie aurait été conventionnelle et trop longue,  j’ai donc choisi un certain nombre de nœuds dramatiques , ce qui se passe à chaque point, détermine le destin de chaque personnage. ( …) Dans les moments qui risquaient le mélo, j’ai veillé à la distance , de même le jeu des comédiens devait être convenu »

« J’avais structuré le rapport à l’espace et au temps, dès l’écriture ».

« Comme on passe de l’enfance à l’âge adulte sur une période de 30 ans, certains comédiens ont du se mettre au régime pendant un ou deux mois, selon les cas , ensuite nous avons rajeuni les visages en post-production »

Un chef opérateur coréen, l’avantage ? «  Il n’a pas connu la Chine de l’époque , si une lumière nous semblait en trop, il l’enlevait sans discuter. (… ) Même si la censure existe en Chine je continue à faire les films que je veux , et je préviens les financiers qu’il n’y aura pas d’autocensure »

« Des garçons et filles uniques ont découvert en voyant le film le destin douloureux de leurs parents. (…) Le cinéma comme la littérature a une obligation de mémoire ».

• Lettre d’adieu de Liyun à Yaouin ( 1.57 mn ). Elle est ici reprise un peu comme s’il s’agissait d’une bande annonce pour le film, et ça fonctionne merveilleusement bien.