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« Si le vent tombe » de Nora Martirosyan. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Auditeur international, Alain débarque dans une petite république auto-proclamée du Caucase afin d’expertiser la possibilité d’ouverture de son aéroport. Au contact des habitants du Haut-Karabagh et d’un mystérieux enfant, Alain s’ouvre à un monde nouveau et risque le tout pour le tout.

La fiche du film

Le film : "Si le vent tombe"
De : Nora Martirosyan
Avec : Grégoire Colin, Hayk Bakhryan
Sortie le : 26/05/2021
Distribution : Arizona Distribution
Durée : 100 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film
les bonus

Trois ans après une guerre « oubliée » à son époque, le Haut Karabakh auto-proclamé demeure abandonné des grandes puissances.  A l’image de son aéroport de Stepanakert toujours fermé. Construite par les Russes dans les années soixante-dix, selon une orientation favorable à leur stratégie, la plateforme ne répond plus aujourd’hui aux exigences géopolitiques de ses nouveaux dirigeants.

Un environnement plus ou moins hostile, des montagnes à proximité, et une ligne de cessez le feu tout aussi proche marquée par une frontière avec l’Azerbaïdjan .

Aux premiers coups d’œil sur l’horizon et sur la carte dessinée approximativement, Alain Delage, l’expert français chargé de l’audit demeure dubitatif. Il s’exprime peu, et son regard demeure tout aussi atone face au directeur du lieu qui le lui vend bec et ongle.

Tout est en place lui assure-t-il pour une reprise des activités, de la Tour de contrôle ( simulation à l’appui ) au service de nettoyage. C’est une question de survie économique et sociale dit-il, et l’assurance d’une reconnaissance internationale du Haut Karabakh.

Le technicien ( Grégoire Colin, très bien ) l’entend et le voit venir, comme il remarque l’étrangeté de ce petit bout de terre perdue entre cet aéroport fantôme et la frontière de tous les dangers.  Un gamin y circule tranquillement pour porter de l’eau aux habitants contre un peu d’argent.

Comme un symbole de vie au cœur des restes d’un conflit dont les enfants profitent sans crier gare. Ils jouent à la guerre avec de vraies armes et des costumes militaires. Quand le français s’en inquiète, on lui dit que c’est normal.

Le petit porteur d’eau est souvent auprès de celui qui se nomme  » le commandant » et qui demeure toujours en guerre

 

Alors la réalisatrice Nora Martirosyan met le feu aux herbes sèches qui jonchent la plaine immense, réveillant les doutes du technicien sur cette impossibilité de faire demi-tour, si le vent change de direction, si le vent tombe.

Fin 2020, l’actualité a malheureusement repris la parabole au vol, la Turquie poussant l’Azerbaïdjan à engager un nouveau combat. Les habitants ont brûlé leurs maisons avant de prendre la fuite. Il ne reste quasiment plus rien de cette république.

LES SUPPLEMENTS

ENTRETIENS AVEC

  • Nora Martirosyan, la réalisatrice . Elle se pose de nombreuses questions en abordant «  ce pays sans statut, et qui n’existe que physiquement. La fiction de ce lieu dépasse totalement le réel ».

 

C’est le premier film tourné au Haut-Karabagh. «  Alors comment le filme-t-on ? pour montrer le rêve de ce pays d’être reconnu, la détermination folle de ses habitants… De quel point de vue je pouvais raconter ce pays ? ».

A la fin de la rencontre, un tableau précise que «  ce film est devenu une archive sur trente ans de cessez le feu (…) dans un pays ignoré par la communauté internationale, qui s’est amputé de son territoire et de son espoir ».

  • Grégoire Colin. « J’avais fait des essais pas vraiment concluants, mais en discutant après avec Nora , elle a vu des choses que je n’avais pas exprimées ».

Le comédien parle très bien du film, de son personnage et là encore des questions sur l’ environnement. «  C’est un personnage qui s’est construit plan par plan, prise après prise ». Nora Martirosyan regardait chaque soir les rush et assurait le montage dans la nuit. Grégoire Colin visionnait au petit matin …

«  C’était un style de jeu rare avec cette tentative d’être discret, d’être dans le secret. ». Il parle aussi de la simplicité du jeu .

  • Julie Paratian, la productrice. « Il fallait effectivement trouver le souffle d’aller tourner dans ce coin où une guerre allait bien reprendre. Sans infrastructure de cinéma. Quelques techniciens français ont refusé la proposition . (… ) Il fallait aussi fabriquer le film avec les Arméniens , et trouver une articulation commune en leur donnant des responsabilités ».

Au-delà du problème des différences des langues , elle reconnait une langue commune qui a vu le jour «  une langue de cinéma ».

  • Deux scènes coupées . «  La carte » méritait à mon avis le montage final . On y voit l’auditeur montrer son passeport à la fonctionnaire qui  s’étonne qu’il soit allé en Turquie, un pays qui à ses yeux n’existe pas. Son collègue  lui fait comprendre que l’important c’est d’avoir l’autorisation d’ouvrir l’aéroport
Trois ans après une guerre « oubliée » à son époque, le Haut Karabakh auto-proclamé demeure abandonné des grandes puissances.  A l’image de son aéroport de Stepanakert toujours fermé. Construite par les Russes dans les années soixante-dix, selon une orientation favorable à leur stratégie, la plateforme ne répond plus aujourd’hui aux exigences géopolitiques de ses nouveaux dirigeants. Un environnement plus ou moins hostile, des montagnes à proximité, et une ligne de cessez le feu tout aussi proche marquée par une frontière avec l’Azerbaïdjan . Aux premiers coups d’œil sur l’horizon et sur la carte dessinée approximativement, Alain Delage, l’expert français chargé de…
Le film
les bonus

C’est un film «  géopolitique » accessible au plus grand nombre. La réalisatrice Nora Martirosyan raconte simplement, clairement comment depuis trente les Azéris et les Arméniens se battent pour l’indépendance ( ou non ) du Haut-Karabakh. Elle le fait à travers le regard froid et d’abord très distant d’un expert français chargé d’auditer sur la réouverture possible de l’aéroport, poumon vital de cet état auto-proclamé et fermé depuis des années. L’homme technicien saisit peu à peu l’aspect très humain de sa mission, voire de sa décision, sur les contours d’un pays et d’un conflit qui couve encore sous les cendres du précédent. Il rencontre peu à peu quelques habitants, un gamin porteur d’eau et d’espoir pour tout un pays. Si Grégoire Colin dans son profil habituel, réservé, observateur, donne à son personnage sa juste mesure, il incite aussi à travers ce film à se pencher encore plus sur cette histoire douloureuse qui n’en finit pas, et que l’Occident traite par-dessus la jambe. Fin 2020,  la Turquie a poussé l’Azerbaïdjan a reprendre le combat. Les habitants ont brûlé leurs maisons avant de prendre la fuite. Il ne reste quasiment plus rien de cette république.

AVIS BONUS Deux belles rencontres ( réalisateur, comédien ) sur un projet et sa conception. Là on parle vraiment de cinéma

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