Synopsis: Graham Dalton collectionne les interviews vidéo de femmes qui racontent sans ambages leur vie sexuelle. De retour dans sa ville natale il retrouve un ancien copain de fac devenu avocat, et sa femme. Cette rencontre va avoir pour tous des conséquences surprenantes
La fiche du film
Le film
Les bonus
« Mystery Train » de Jim Jarmusch, « Le Temps des Gitans » d’Emir Kusturica,« Monsieur Hire » de Patrice Leconte, « Do the Right Thing » de Spike Lee, « Splendor » d’Ettore Scola, « Sweetlie » de Jane Campion …
J’arrête là, l’énumération des films en compétition au Festival de Cannes en 1989. Il y en a 22 au total et c’est à un premier film d’un jeune auteur recalé par « Lucafilms » que le jury décerne sa palme d’or.
Il est présidé par Wim Wenders qui l’année précédente a réalisé « Les ailes du désir ».
Rien à voir donc avec ce récit minimaliste d’un couple qui ne va pas très bien. John trompe sa femme dans les grandes largeurs. Très introvertie, Ann (Andie MacDowell) confie à son psychologue ses réticences sur ses pratiques sexuelles. A l’opposé de sa sœur Cynthia…
Dans ce triangle indéfini, Graham (James Spader) prend la tangente sans trop le vouloir, si ce n’est en revenant neuf ans après dans sa ville natale. Il renoue avec John son vieux copain d’école qui l’héberge un temps.
Si Ann et Graham se rapprochent ostensiblement, c’est avant tout une rencontre à laquelle Steven Soderbergh nous fait assister. Deux êtres ballotés par des refoulements très personnels.
Graham révèle très vite son impuissance mais passe sous silence les vidéos qu’il réalise sur la vie sexuelle des femmes, leurs expériences … Quand Ann l’apprend, c’est par l’entremise de Cynthia ( Laura San Giacomo) qui s’est très vite chargée d’entreprendre le jeune homme. Et de participer à ses films …
Un point de désaccord supplémentaire entre les deux femmes qui enclenche le réveil d’Ann et l’affirmation de son être enfin réconcilié avec son corps. Le réalisateur l’évoque plus qu’il ne le montre, dans l’acceptation d’un autre, la bravade d’un interdit dont son mari ne se prive pas (Peter Gallagher).
Comment désormais chacun peut-il alors concilier petits secrets et gros mensonges dans l’intimité de leurs relations déficientes ? Le réalisateur répond par la simplicité d’une mise en scène aux dialogues acerbes et savoureux, drôles et pertinents.
Les acteurs, tout aussi posés dans leur interprétation, subjuguent par la justesse de leur personnage. Trente ans plus tard, ils n’ont pas vieilli !
LES SUPPLEMENTS
Il est préférable de les découvrir après la projection, beaucoup de chapitres révélant le contenu du film .
- « Un vent de liberté » par Philippe Rouyer. Journaliste à Politique ( 24 mn )- Après le festival ,Wim Wenders le considère comme un frère de cinéma, « il a fait du lobbying auprès de son équipe tellement il aimait son film ».
Cette palme est une suite d’accidents explique le journaliste. Coppola devait présider le jury, mais empêché, Wenders est appelé à la rescousse. Et puis, à l’origine, le film de Soderbergh est dans la catégorie « Un certain regard ». Une défection dans la sélection et le voici en compétition…
Toute l’histoire du film se poursuit ainsi de ses modestes débuts à la révélation d’un nouveau cinéma , via le réveil des distributeurs américains. Ils se prennent de passion pour ce cinéma indépendant qu’ils pensaient reléguer à un registre pornographique en vidéo…
- A propos du film par Steven Soderbergh ( 6 mn )- « Il y avait à cette époque un désir de films « fait main » et j’en ai bénéficié. Et puis la question du mensonge m’intéressait, ce lubrifiant social dont on a tous besoin ».
Le réalisateur explique aussi sommairement sa façon de travailler et revient sur ses films détestés …
- Analyse de séquence ( 13 mn )-Toujours Philippe Rouyer aux commandes sur la scène où le mari découvre la vidéo tournée par sa femme…(photo)
- A propos du film ( 1990 ) par Steven Soderbergh-Il cite des films « avec lesquels j’ai compris qu’il ne fallait pas en faire trop avec la caméra. (… ) Mon film est autobiographique dans la mesure où j’ai éprouvé toutes les émotions, mais je n’ai vécu aucun événement du film. (…) En écrivant le scénario je pouvais exprimer des sentiments très personnels dans un contexte fictif ».
- Les comédiens se souviennent ( 27 mn )
Peter Gallagher « Mon personnage ne fait aucune concession, pour moi c’était l’Amérique de Reagan, le début de la déchéance. Steven a vraiment capturé ça ».
Andie McDowell : « Parfois on tombe sur un personnage que l’on a l’impression de connaître à tel point que si on ne le joue pas on commet la faute . J’ai ressenti ça avec le rôle d’Ann . (… ) Après les gens m’ont regardé différemment, ils voulaient tous travailler avec moi ».Robert Altman, Peter Weir … « j’avais du travail, c’était génial ».
Laura San Giacomo « Mes agents avaient peur en lisant le scénario sur la nature sexuelle du script. En discutant avec Steven on a décidé qu’il n’y aurait pas de nudité ».
- Entretien entre l’ingénieur du son Larry Blake et le compositeur Cliff Martinez ( 18.30 mn )-Larry Blake : « avec Steven j’ai fait au tout début une vidéo pour le groupe Yes, on faisait partie de la mafia du Super 8 ».
L’un et l’autre racontent leurs expériences professionnelles et particulièrement leur début avec Steven Soderbergh. Il dira plus tard de Cliff Martinez, « je l’ai embauché parce que c’était le seul compositeur que je connaissais ».
- Commentaires du film par le réalisateur et Neil Labute ( sous-titré)-On parle ici autant du tournage que des personnages, la façon dont ils ont abordé l’aventure et d’anecdotes sans importance, mais amusantes.
Comme celle de la plainte déposée pour l’une des photos chez Graham, faite en France. Il n’y a pas eu de poursuite car il s’agissait d’une photocopie. Les références, les emprunts possibles, tout y passe, jusqu’à l’identité d’une des femmes qui apparait dans une vidéo… Et puis savoir ce que veut dire « signage » , ou bien le message éventuel de la dernière scène …
- Le film 20 ans après à Sundance ( 3 mn )-« J’étais très jeune et naïve à l’époque du film et je pensais que tous les autres films allaient être ainsi, mais j’ai vite déchanté » raconte Laura San Giacomo. Soderbergh lui est inquiet, « ça a dû vieillir pas mal » … Mais à la fin on le retrouve rassuré par l’accueil du public.
- Scène coupée ( 8 mn )-On peut la voir intégralement, puis commentée par le réalisateur. Il s’agit d’une séquence chez le psychologue au cours de laquelle Ann évoque sa rencontre avec Graham et l’idée de mettre fin à sa thérapie.
Steven Soderbergh explique pourquoi il l’a supprimée.
Le film
Les bonus
C’est un « petit » film en apparence qui sur le thème de l’amour et de ses travers raconte plus qu’il ne les montre, ces choses essentielles qui ciblent la sexualité. Ann la refuse au milieu d’un tas de complexes que sa sœur cadette balaie d’un revers de manche pour vivre en toute liberté.
Dans ce triangle indéfini, un homme va prendre la tangente sans trop le vouloir, si ce n’est en revenant neuf ans après dans sa ville natale. Graham renoue avec le mari, vieux copain d’école qui l’héberge un temps.
Si le rapprochement entre Ann et Graham peut se produire , c’est avant tout une rencontre à laquelle Steven Soderbergh nous fait assister. Deux êtres ballotés par des refoulements très personnels.
Ils vont se toiser, se confier et tenter de concilier petits secrets et gros mensonges dans l’intimité de leurs relations déficientes . La simplicité d’une mise en scène aux dialogues acerbes et savoureux, drôles et pertinents, les accompagne joliment.
AVIS BONUS
Beaucoup de chapitres dans lesquels critiques, artistes reviennent sur ce film qui au départ n’était pas sélectionné en compétition à Cannes !