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« Secret défense » de Jacques Rivette. Critique Blu-ray

 

  • DVD :15 juin 2021
  • 18 mars 1998 au cinéma
  • Réalisateur ‏ : ‎ Jacques Rivette
  • Acteurs ‏ : ‎ Sandrine Bonnaire, Hermine Karagheuz, Laure Marsac, Jerzy Radziwilowicz , Grégoire Colin 
  • Durée ‏ : ‎170 minutes
  • Sous-titres : ‏Anglais
  • Studio  ‏ : ‎ Potemkine Films

 

L’histoire : Alors qu’elle travaille tard au laboratoire, Sylvie surprend son jeune frère Paul, une arme à la main. Il lui explique qu’il vient de découvrir les vraies raisons de la mort de leur père. Il ne se serait pas suicidé : son associé Walser l’aurait assassiné et il en a les preuves. Inquiète de sa détermination, Sylvie décide de prendre les choses en main.

«  Il ne suffit pas de se taire pour que les choses n’arrivent pas… »

Référencé autour de plusieurs œuvres littéraires, ce film s’en démarque par l’absence revendiquée de tout compromis, et d’une vérité tout aussi directe, voire brutale.

Le titre en fait état. Il évoque l’activité plus ou moins implicite des protagonistes ( la vente d’armes ) et les renvoie ainsi à leurs propres comportements dans leurs relations privées .

 

Chercheuse dans un laboratoire médicale, Sylvie a gardé des contacts avec Walser, l’adjoint de son père décédé. Il travaille dans un univers où le secret défense est de rigueur.

Les mystères que l’un et l’autre entretiennent rejaillissent ainsi dans leurs vies personnelles, laissant des zones d’ombres à ce passé que le frère de Sylvie, Paul, entend éclairer, de manière très violente

Elle décide de prendre les choses en main, quand Walser les affronte pour mieux les contrer. Il peut compter sur Geneviève, leur maman qui à son tour tente de calmer ses enfants.

Une étrange complicité unit cette femme et cet homme qui dans l’établissement « secret défense » a pris la place de son mari. Le personnage se confond dans sa mission, discret, silencieux, à l’écoute des accusations du frère et de la sœur.

Walser ne précipite rien, à l’image de son réalisateur foncièrement retenu dans l’espace-temps de sa mise en scène, qui n’a rien de cinématographique. Le déplacement de Paris au domaine de Walser en province nécessite le métro, le TGV, la micheline et un bus de nuit.

On ne manque rien de ce trajet, des allées et venues de Sylvie, du wagon bar aux toilettes, et à son fauteuil, complexité intérieure d’un personnage qui s’apprête à tuer.

Sandrine Bonnaire accentue dans son silence craintif, le caractère dévasté d’une femme qui pour sauver son frère d’un crime irrémédiable s’apprête à le commettre à sa place .

D’une mythologie à l’autre, Walser ne semble pas trop surpris par cette visite nocturne dans l’immense domaine qu’il occupe avec quelques employés. Il laisse venir ce retour du passé, se laisse happer par ces histoires sombres et inachevées, incomprises aussi .

La disparition d’une petite fille, la mort de ce père qui n’avait aucune raison de se suicider , et ce meurtre en direct que tout le monde va taire jusqu’à ce que une sœur cadette s’inquiète de la disparition .

 

Tout le monde réunit sur la scène du drame pour l’acte final . Walser tombe le masque («  on a assez joué, l’un avec l’autre » ) Sylvie baisse la garde et protège une dernière fois ce frère, pantin somnambule dans le monde des grands.

Perdu pour cause de «  Secret défense », de secrets de famille.

  DVD :‎ 15 juin 2021 18 mars 1998 au cinéma Réalisateur ‏ : ‎ Jacques Rivette Acteurs ‏ : ‎ Sandrine Bonnaire, Hermine Karagheuz, Laure Marsac, Jerzy Radziwilowicz , Grégoire Colin  Durée ‏ : ‎170 minutes Sous-titres : ‏Anglais Studio  ‏ : ‎ Potemkine Films   L'histoire : Alors qu'elle travaille tard au laboratoire, Sylvie surprend son jeune frère Paul, une arme à la main. Il lui explique qu'il vient de découvrir les vraies raisons de la mort de leur père. Il ne se serait pas suicidé : son associé Walser l'aurait assassiné et il en a les preuves. Inquiète de…
Le film
Les bonus

Plus que bien vieillir ce cinéma à l’origine « difficile », voire austère, révèle avec éclat toute sa complexité, sa richesse, et ce que le septième art français lui doit encore aujourd’hui. A travers le monde du « secret défense » Jacques Rivette accompagne un frère et sa sœur dans les secrets de famille qui entourent la disparition d’une petite fille, il y a très longtemps, et plus récemment d’un père dont le suicide apparait peu probable. Son ancien associé aujourd’hui patron est mis en cause, et sa mort programmée par le fils. Un projet auquel sa sœur entend se substituer, mais la poussière sous le tapis est volumineuse… Référencé autour de plusieurs œuvres littéraires ce film s’en démarque par la volonté affichée de l’absence de tout compromis, et d’une vérité tout aussi directe, voire brutale. Jacques Rivette filme avec le temps et compose une symphonie où les âmes se perdent dans la nébuleuse sentimentale d’un monde bien trop sombre. La scène presque finale est une scène théâtrale, où la mort vient à nouveau frapper celle qu’elle n’aurait pas du. La mythologie d’un siècle nouveau.

AVIS BONUS Plusieurs chapitres, tous très passionnants. Interview du réalisateur, confrontation entre les comédiens sur une même scène, le point de vue des scénaristes et celui très particulier de Pacôme Thiellement.

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