Synopsis: Dans un oratoire du XIIe siècle désaffecté, une répétition d'orchestre se prépare. Les participants arrivent et s'installent. Une équipe de télévision enregistre. Le chef d'orchestre commence la répétition. Il est nerveux, hautain, cassant. Un différend éclate avec le délégué syndical. La répétition est interrompue...
La fiche du film
Le film
Un coffret Fellini avec « Répétition d’orchestre », « Il bidone », « Les clowns »
- Sortie le 19 novembre 2019
- Acteurs : Clara Colosimo, Balduin Baas, Elisabeth Labi, Sybil Mostert, Ronaldo Bonacchi
Que retient Fellini de cette répétition d’orchestre ? Chaque musicien défend son instrument avec un lyrisme et parfois une poésie nichée dans des recoins inexplorés …
Le maestro filme un maestro ( Balduin Baas) peu maître de son ensemble que dirigent en réalité deux syndicalistes postés tout près. La création muselée par une vision sociale rabougrie ? « Si Wagner avait connu les syndicats il n’aurait jamais fait de musique » se défend le chef d’orchestre devant la bronca provoquée pour une réflexion sur un violon.
Il y en aura bien d’autres, des commentaires et des mouvements d’humeur, surtout que cette répétition est filmée par la télévision qui en contre-partie ne donne rien . Syndicalement, seuls les volontaires pourront alors se faire interviewer.
On ne rigole pas avec les droits d’auteur, mais le moins drôle se lit sur ces visages qui se découvrent peu à peu derrière des emportements mesquins et des situations imbéciles. L’entente n’est pas la meilleure au sein du groupe et très vite elle vole en éclat.
Le syndicat ordonne alors une double pause pendant laquelle les hommes de la TV poursuivent leur investigation. Le violon est dédaigneux dit un instrumentiste « il vous trompe, il est féminin ».
Une violoniste rétorque qu’il est « pénétrant, phallique ». Argument contre argument, quand solitaire dans sa loge le chef d’orchestre joue la nostalgie et le désabusement, fataliste… face à ce nouveau monde, où tout est contesté, sans profondeur ni réflexion …
Fellini nous amène là au cœur de son projet et projette un avenir sans intelligence, ni gloire. Déjà happé par la violence et la haine sans fin d’individus tout aussi inexpérimentés sur l’art de se conduire que de mettre en musique leur propre existence.
Quand le calme sera revenu, que les querelles se seront tues et les bagarres terminées, dans le noir absolu, seule la voix du chef d’orchestre tel un ultimatum résonnera pour mettre fin au désordre ambiant. C’est une voix de dictateur.
Le film
J’imagine que depuis le temps (40 ans, le 18 mai 2019 ) on a beaucoup glosé sur la signification exacte de ce film qui peut remettre en question les propres interrogations du réalisateur face à son activité créatrice. Mais il est aussi et avant tout question du pouvoir et de sa responsabilité face au peuple qui ici devient masse puis meute dans l’allégorie d’une civilisation en perte de repères et de réflexion. Ce film interroge notre monde à différents étapes de son évolution, et peut-être plus particulièrement aujourd’hui devant la résurgence d’une violence qui épouse la haine et le mépris absolu de l’autre. 40 ans après cette répétition d’orchestre n’en finit pas de faire des couacs, visionnaire.
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