Synopsis: Un paysan s’abrite d’une pluie torrentielle sous une vieille porte délabrée où se sèchent un bûcheron et un bonze. Ces derniers semblent ne rien comprendre à une affaire à laquelle ils ont été mêlés bien malgré eux. Un samouraï aurait été assassiné et sa femme violée ; quatre témoins du drame, dont le prêtre et le bûcheron, donnent leurs versions des faits, toutes contradictoires
La fiche du film
Le film
- Lion d’or à Venise 1951 . –
- Oscar d’honneur du meilleur film étranger en 1952 . –
D’après l’œuvre de Ryunosuke Akutagawa
« Si on ne peut croire personne, ce monde est un enfer » .
Ebranlé par l’évocation d’un meurtre dont on lui rapporte les détails, un bonze s’accroche à sa foi. Mais après divers témoignages, contradictoires et contestables, sa croyance envers l’humanité faiblit pleinement.
Après avoir livré leur version des faits, chaque protagoniste tire à profit le discours qui n’engage que leur parole.
L’épouse de la victime, le meurtrier, ou la victime elle-même qui par l’intermédiaire d’un médium donne son point de vue sur sa propre mort. Kurosawa joue assez bien sur ce sentiment de doute et d’incertitude qui conduit à émettre des déclaration plus ou moins certaines.
A l’époque, le principe narratif , divers angles sur un même événement, est inédit.
Il le fait de façon systématique, renvoyant chaque fois les protagonistes du procès aux actes qu’ils revendiquent. Une illustration à la longue assez pesante quand le formalisme de sa mise en scène , implacable, comme millimétrée, heurte l’hystérie des personnages.
Honoré à sa sortie par les plus belles récompenses, ce film me parait avoir mal vieilli , malgré cette version restaurée. L’ interprétation est surlignée.
Même la morale qui sauve l’humanité de sa fange ordinaire prête à sourire. « Pour ne pas vivre comme un chien il faut vivre en égoïste » dit le paysan en s’emparant des vêtements trouvés auprès d’un bébé abandonné.
L’enfant de la rédemption pour ce bûcheron (Takashi Shimura), qui après avoir confessé des aveux tronqués , l’accepte dans sa famille pourtant déjà bien nombreuse. Un sursaut de compassion nous dit Kurosawa prompt cette fois à remiser sa fougue et ses excès pour un final lui-même totalement apaisé.
Un réalisateur bien représenté sur mon site …
Le film
J’évoque parfois la fatigue des vieux films rattrapés par les rides du temps. Honoré à l’époque par les plus grandes récompenses « Rashomon » appartient semble-t-il à ce cas de figure sur lequel Akira Kurosawa imagine le procès d’un bandit à travers différents témoignages contradictoires et sujets à caution. A chaque version des faits Kurosawa illustre les propos, systématiquement et sans élan véritable, sinon la fougue que met le bandit à se défendre devant ses juges et à profiter de ses victimes. Il y a comme une forme instinctive dans le maniement de la caméra qui répond aux exigences d’une mise en scène implacable . Mais soixante dix ans après le souffle est pesant, l’image , bien que restaurée, trop marquée par son époque. Toshiro Mifune joue là son premier rôle pour Kurosawa. Ils allaient poursuivre une collaboration fructueuse.