- Durée : 125 minutes.-
- Dvd : 25 janvier 2023 . –
- Acteurs : Marin Grigore, Judith State, Macrina Barladeanu, Orsolya Moldován, Rácz Endre . –
- Sous-titres : : Français . –
- Langue : Roumain . –
- Studio : Le Pacte . –
Meilleur dvd Janvier 2023 (4ème)
L’histoire : Quelques jours avant Noël, Matthias est de retour dans son village natal de Transylvanie, après avoir quitté son emploi en Allemagne. Il s’inquiète pour son fils, Rudi, qui grandit sans lui, pour son père, Otto, resté seul et il souhaite revoir Csilla, son ex-petite amie.
Quand l’usine que Csilla dirige décide de recruter des employés étrangers, la paix de la petite communauté est troublée.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Cristian Mungiu a écrit l’histoire qu’il met en scène de manière très ordonnée. Les éléments de son récit alimentent de nombreux sujets, qui de la xénophobie à la migration, enfoncent malheureusement bien souvent des portes ouvertes .
De l’écriture à la réalisation Mungiu assure le transfert thématique avec persistance, sans jamais donner à voir et à entendre le commun d’une actualité qui n’en finit pas de parcourir l’Europe.
Limitons nous à cet espace dans lequel un ouvrier roumain, Matthias revient d’Allemagne pour reprendre sa vie d’avant dans son petit village natal de Transylvanie. Un lieu presque clos où la cohabitation ethnique demeure fragile .
On salue le départ des Gitans, on espère celui d’une petite communauté allemande , tout en maintenant sur le fil sensible des sentiments, les relations entre les locaux et les hongrois. Fort de son expérience à l’étranger, on imagine Matthias peser sur la gouvernance de son village et tempérer ses habitants qui dénoncent maintenant la présence des ouvriers sri-lankais embauchés dans la boulangerie industrielle (photo).
Mais Matthias ( Marin Grigore) , peu sympathique au demeurant, à d’autres préoccupations, pour sa famille d’abord, un père fatigué et un petit garçon dont l’éducation lui a complètement échappé. Et puis son ancien amour Csilla ( Judith State) avec qui il va tenter de reprendre le cours d’une existence bien chaotique. Entre temps, la dame a pris la direction de la fameuse usine …
Sans forcer le trait, ni l’objet d’une caricature sociale possible, Cristian Mungiu argumente son propos humaniste par un tour d’horizon sur l’actualité immédiate des migrants. Au cours d’une réunion dans l’église , transférée peu après dans la salle des fêtes ( revers symbolique pour les institutions ) tous les habitants sont appelés à donner leur avis.
Des propos hallucinants mais tellement dans l’esprit populaire de gens agrippés à une histoire dans laquelle ils ne veulent plus avancer. Figés, enracinés à l’image d’une Europe qui n’a pas du tout bonne presse dans ce tout petit village de Transylvanie. Il ressemble tellement à beaucoup d’autres villes et villages, d’ici et d’ailleurs.
LE SUPPLEMENT
- Entretien avec Cristian Mungiu, Marin Grigore et Judith State –« Un titre qui s’accorde avec l’idée qu’il faut en dire le moins possible avant d’avoir vu le film. (…) Une radiographie, mais pas de la Roumanie , de la manière d’être , des gens, l’histoire se passe en Transylvanie, mais elle concerne tout le monde ».
« Ca parle des réflexes que l’on a toujours eu pour se préserver des autres , mais le film ne dit pas ce qu’il faut faire ». On évoque aussi des similarités possibles entre acteurs et personnages. Les difficultés d’un plan-séquence de 15 mn …Et le débat dans l’église : quel parti défendre ?
Le Film
Le bonus
Je ne suis pas le seul apparemment à n’avoir pas saisi le final de ce film par ailleurs essentiel pour le cinéma roumain . Une fois encore il dépasse le cadre de ses frontières pour donner à voir le sentiment populaire sur des questions aussi éminentes que la migration en Europe.
Limitons nous à cet espace dans lequel un ouvrier roumain, Matthias revient d’Allemagne pour reprendre sa vie d’avant dans son petit village natal de Transylvanie. Un lieu presque clos où la cohabitation ethnique demeure fragile .
On imagine Matthias peser sur la gouvernance de son village et tempérer ses habitants qui se déchaînent au moindre frémissement d’une « invasion étrangère » . On rappelle celle des Huns qui fut la plus terrible dit un habitant inquiet de voir trois sri-lankais fabriquer le pain au village.
C’est tout un dérèglement social et populaire qui s’opère dans l’amalgame d’une situation politique complètement malmenée par les infoxes et les rumeurs complotistes. Une vision hallucinante, mais tellement dans l’esprit populaire de gens agrippés à une histoire dans laquelle ils ne veulent plus avancer. Mungiu tente à sa façon de réveiller un peut tout le monde , de les sortir de leur léthargie. Et sa démarche arrive jusqu’à nous …
AVIS BONUS
Le réalisateur revient avec les acteurs sur quelques points importants du récit .