« Piazza Fontana » de Marco Tullio Giordana DVD.Critique

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Piazza Fontana"

De : Marco Tullio Giordana

Avec : Valério Mastandrea, Pierfrancesco Favino

Sortie le : 03 juillet /201

Distribution : France Télévisions Distribution

Durée : 124 minutes

Film classé : Tous publics

Nombre de DVD / Blu-Ray : 1

La corruption politique, le terrorisme, les extrêmes, gauche et droite, et les complots qui se trahissent les uns, les autres, on n’en finit pas. Le cinéma (italien) en redemande. Et nous, pareillement, quand l’Histoire, de la plus belle des manières qui soit, prend la mémoire à témoin.

Une immersion totale au cœur de l’affaire qui à la fin des années soixante avait fait grand bruit et une vingtaine de morts : l’explosion de la banque nationale de l’agriculture à Milan.

Aujourd’hui, on ne sait toujours pas quels sont les vrais responsables de cet attentat, confondus un temps entre gauchistes et fascistes, jusqu’à ce que l’opacité du dossier ne vienne paralyser une justice déjà bien engluée dans sa propre inertie et ses magouilles à tous les étages.

Le réalisateur, Marco Tullio Giordana, joue alors très bien sur ces deux tableaux qui classiquement retracent l’enquête policière, en y mêlant un film policier, plus insinué. Ce qui confère à l’ensemble son aspect décousu, disparate, et qui donne à la caméra ce sentiment d’urgence.

On sent l’insistance du cinéaste à vouloir dire à tout prix, et donc dénoncer, parfois maladroitement, ou en accentuant sa direction d’acteurs.

C’est surtout vrai dans le début, et beaucoup moins évident quand le film politique cède la place à un thriller nerveux et argumenté : la presse s’en mêle, la justice s’emmêle et les policiers, cuisinés à petits feux révèlent des sentiments contradictoires.

Marco Tullio Giordana les révèle à son tour à eux-mêmes, dans la désignation de personnages parfaitement typés, dont le commissaire –Valerio Mastandrea-, peut-être le seul à vouloir connaître la vérité. Giuseppe Pinelli, le militant tombé d’une fenêtre du commissariat est lui aussi très bien interprété par Pierfrancesco Favino

Après une première bavure, le système découvre ses faiblesses, que seul l’usage de la force officielle (la répression) parvient à endiguer. Au milieu, un petit juge ou bien un politique intègre, à l’image d’Aldo Moro (Fabrizio Gifuni), se rallie à la plus noble des causes, en sachant pertinemment qu’ils ne la gagneront jamais.

En quelques plans bien serrés, souvent très sombres, c’est ce que nous raconte le réalisateur : une démocratie qui fout le camp, et qui depuis n’est jamais vraiment revenue.