Synopsis: Afghanistan 2014. A l'approche du retrait des troupes, le capitaine Antarès Bonassieu et sa section sont affectés à une mission de contrôle et de surveillance dans une vallée reculée du Wakhan, frontalière du Pakistan. Malgré la détermination de Bonassieu et de ses hommes, le contrôle de ce secteur supposé calme va progressivement leur échapper. Une nuit, des soldats se mettent à disparaître mystérieusement dans la vallée.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Ce film était nommé aux César 2016 dans la catégorie Meilleur Premier Film !
Meilleur dvd Février 2016 ( 7 ème )
A l’image des protagonistes, le spectateur ne sort pas indemne de l’aventure . Confronté à l’irrationnel et aux nombreuses interrogations du récit, il demeure tout aussi dérouté par un dénouement qui ne répond guère à ses attentes.
Sur une zone de surveillance, au sommet d’une crête afghane, des soldats disparaissent mystérieusement, la nuit, sans laisser la moindre trace. Aucun coup de feu, ni intervention intempestive. La désertion peut être envisagée, mais rien ne les y préparait au cœur de ces montagnes très hostiles.
Le capitaine Bonassieu doute du témoignage de ses hommes qui montaient la garde. Ils n’ont rien vu, rien entendu. « Vous dormiez » conclut-il dans la hâte d’un dispositif qui lui échappe déjà. Les incursions invisibles d’un ennemi qui l’est tout autant pèse déjà sur le climat du petit camp français. L’énigme des disparitions renforce la suspicion. Sont-ils prisonniers, des otages en sursis ?
Dans le village tout proche, le mutisme des habitants installe le doute et les intentions suspectes. Ils n’ont qu’un dieu pour expliquer le mystère, un dieu qui tolère que l’on foule le sol de leurs ancêtres, mais pas au-delà. S’y allonger, s’y reposer, pas question. C’est ainsi disent-ils que les âmes s’évanouissent.
Des croyances mêlées à la superstition des lieux que le réalisateur, Clément Cogitore, ausculte avec une neutralité tout aussi inquiétante. Il quête le moindre indice et butte sur les mêmes constatations. L’inextricable complexité d’un terrain véritablement ennemi. Les soldats gambergent et s’inquiètent. La hiérarchie flageole mais reprend toujours la main, discipline oblige. Jérémie Rénier, une fois encore tout à fait dans le rôle.
On atteint alors le point de non-retour pour la moindre cache, l’insignifiante révélation sur laquelle s’échafaude les solutions les plus dérisoires. « Je crois que l’on ne connaît pas notre ennemi » reconnait comme un aveu le capitaine déboussolé. Ce petit reste d’humanité qui devant un mystère totalement impossible donne une crédibilité à l’irrationnel, l’impalpable, l’insondable.
Ce que demeure ce film jusqu’à son dénouement. Et l’ultime séquence ne change rien à la donne. Un jour, n’importe où dans le monde, les hommes disparaissent à jamais.
LES SUPPLEMENTS
- Entretien avec le réalisateur (26 mn ). Le deuil impossible, le vertige, ce que peuvent se raconter les soldats pour le combattre, pas de corps à ramener, les idées de bases qui ont conduit Clément Cogitore à imaginer son film, parallèlement à la manière dont les occidentaux menaient désormais leur guerre.
« Je pense aussi toujours aux corps des personnages, avant les personnages eux-mêmes. Un battement de cils, un geste, racontent parfois beaucoup plus qu’une suite de dialogues ». Il évoque toute son équipe et en particulier le choix de Jérémie Rénier : « Il n’appartient pas à une famille de cinéma, il peut renouveler un personnage à chaque film, il fait Clo Clo et puis un militaire ».
Le jeune cinéaste se réfère aussi au travail de Werner Herzog « entre le romanesque et le documentaire, comme dans Fitzcarraldo, caméra à l’épaule, j’ai fait des choix assez similaires » avant d’expliquer les différents codes mis en place pour tenir la cohérence d’un film entre thriller, fantastique…
- Scène coupée. Effectivement, sans intérêt
- « Parmi nous » court métrage (29 mn) de Clément Cogitore. Avec Murat Ali Subasi, Khalifa Natour, Maurad Saad
Comme un état des lieux sur la jungle de Calais à travers le regard d’un jeune clandestin qui vient de rejoindre un campement. Chaque nuit il tente de gagner la zone portuaire. Il découvre à cette occasion entre la forêt et les hommes, d’autres groupes, d’autres visages, d’autres espaces. A la fois significatif et documenté, ce court métrage est une pièce tout aussi douloureuse à cette affaire qui se pourrit un peu plus chaque jour.
Le film
Les bonus
Bien que la scène se situe pendant la guerre en Afghanistan, depuis un poste de surveillance français, il y a très peu d’action. Le si peu, mène nulle part, et surtout pas là où tout un chacun, protagonistes de l’aventure, spectateurs médusés tentent de trouver une réponse à ces disparitions inexpliquées, inexplicables. Des soldats s’évanouissent dans la nuit, personne n’a rien vu, ni entendu. La population entretient le doute, la suspicion, mais le suspense n’est pas de mise dans la mise en scène de Clément Cogitore, qui préfère laisser cette latence, attente de plus en plus insoutenable au fur et à mesure que le mystère s’épaissit. N’attendez pas le dénouement pour en savoir plus, le réalisateur laissant carte blanche au spectateur pour imaginer pourquoi ou comment un jour dans le monde des hommes disparaissent. N’est-ce pas notre lot commun ?
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