Synopsis: Mouchette, au seuil de l'adolescence, vit dans une campagne misérable. Elle est témoin d'une dispute entre le garde-champêtre et un braconnier. Un peu plus tard dans la nuit, elle rencontre le braconnier
La fiche du film
Le film
Les bonus
- DVD : 3 mars 2020
- Acteurs : Nadine Nortier, Jean-Claude Guilbert, Jean Vimenet, Marie Susini, Marie Cardinal
- Sous-titres : Anglais
- Sous-titres pour sourds et malentendants : Français
- Studio : Potemkine Films
Prix de la critique française 1967
Meilleur DVD Mars 2020 ( 4ème)
Bresson et Bernanos à nouveau réunis célèbrent la vie sauvage au cœur de l’existence sans joie de l’héroïne, Mouchette. Une adolescente abandonnée dans sa propre famille.
Mouchette vaque à toutes les tâches ( la mère est malade, le père alcoolique ) avant de rejoindre l’école et la même inimitié de ses camarades de classe.
C’est dans la nature que Mouchette exulte, en silence, observatrice du monde qui l’ignore. Bresson pointe les travers de l’époque, la complaisance des gendarmes à l’égard des trafiquants d’alcool, les relations complices du braconnier au garde-chasse et les amours indicibles.
Le noir et blanc suffit à peindre la mélancolie des lieux et la tristesse de la jeune fille qui plus que solitaire au cœur de la fête foraine, ne peux rien se payer .Mais une femme, anonyme à la caméra, lui offre un jeton d’auto-tampon.
Seul rayon de soleil sur les assauts amusés d’un garçon, qu’elle retrouve un peu plus tard au stand de tir. Mouchette est heureuse et Bresson qui reprend à sa façon « Jour de fête » n’a pourtant pas le cœur assez gai pour en faire une pleine séquence de bonheur.
On vit les pieds dans des galoches collées à la boue des champs. Mouchette parle peu mais son regard raconte tout ce qu’elle ne peut pas dire sur la suffisance des villageois faussement attristés par ses malheurs. Quand ceux des adultes se paient argent comptant au bistrot des poivrots.
La jeune Nadine Nortier dans le rôle-titre est magnifique, portée par les mots de Bernanos et le regard de Bresson en harmonie totale avec son cadre et son décor. Une belle leçon de cinéma aujourd’hui vieille d’une cinquantaine d’années . Comme quoi parfois le temps ne fait rien à l’affaire. Il la rend même encore plus belle, plus forte.
LES SUPPLEMENTS
- Interview de Jacques Kebadian. Assistant de Robert Bresson, et formé au montage de « Bonne nuit les petits » ( TV ) Jacques Kebadian se souvient de quelques scènes et raconte principalement la quête de la jeune fille. « Comme dans le film certaines scènes, même escamotées, paraissaient violentes, nous ne pouvions pas faire tourner une mineure de moins de 16 ans ».
- Reportage sur le tournage de Mouchette de Robert Bresson . C’est la très bonne nouvelle de ce Blu-ray qui nous montre avec quelques commentaires de l’intéressé, comment travaillait Robert Bresson. « Je veux avoir le film dans ma tête avant de l’avoir tourné. (…) Mais je suis contre les gens qui en font des dessins ».
La jeune Nadine Nortier dont c’est le seul film est interviewée en présence de sa mère je suppose dans le café où est tourné le film. Après quoi on a le droit à de nombreuses scènes de tournage, génial !
- Michel Estève, Docteur ès lettres, auteur de plusieurs livres sur Bernanos, Bresson et le cinéma. Il évoque comme beaucoup d’autres le rapport à Dostoïevski pour ce roman, et énonce quelques idées émises par Bresson. « Dans un film il faut à tout prix éviter de retrouver la matière littéraire » disait le cinéaste.
« S’il ne l’a pas fait pour -Le journal d’un curé de campagne-, il l’applique tout à fait avec -Mouchette – Il assume là, la suprématie de l’image. Peintre à l’origine Bresson a été marqué par la peinture ».
Il disait alors « la peinture m’a appris qu’il ne fallait pas faire de belles images, mais des images nécessaires » .
- Bande-annonce de Mouchette par Jean-Luc Godard. Un film chrétien et sadique … voilà en substance ce que Godard inscrit entre deux images sur cette bande annonce bien particulière. Mais à nouveau, un inédit bien venu, que je vous propose aussi dans ce blog.
Le film
Les bonus
Une adaptation de Bernanos, assez courte, forte et poignante par un réalisateur qui a marqué son empreinte dans le cinéma français en rejetant tout formalisme au profit d’un réalisme que son décor et ses comédiens non-professionnels ( mais pas amateurs ) contribuent à élever au rang d’inaltérable.
Si aujourd’hui le témoignage de cette vie paysanne s’inscrit dans un cadre patrimonial et documentaire, la vie qui s’en dégage possède une vérité de toujours autour du monde de l’adolescence confrontée à celui des adultes. Il est ici frontal et sans égard pour les plus faibles, les plus démunis face à une société faussement consentante.
Bresson n’en rajoute jamais dans le pathétique ou l’ignoble, il filme au plus près des sentiments que lui inspire cette jeune fille solitaire et peu causante, mais si lucide et perspicace dans ses égarements, puis ses provocations .
Plusieurs scènes pourraient figurer dans des manuels d’apprentissage de la direction d’acteurs et de la mise en scène . Ce film malgré son grain, et son noir et blanc parfois poussiéreux ne vieillira jamais .
AVIS BONUS
Plusieurs commentaires et surtout un super making of avant la lettre
2 Commentaires
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