- Coffret (*) : 16 avril 2024
- 18 décembre 1974 en salle
- 2h 03min
- Comédie dramatique
- Avec Ingrid Caven, Dionys Mascolo, Martin Loeb
- Studio : Carlotta Films
L’histoire : Daniel, un garçon taiseux observe les filles avec convoitise. Il est élevé par sa grand-mère, à la campagne. A 13 ans, sa mère, qui vit avec un ouvrier agricole à Narbonne, le prend avec elle. Il entre comme apprenti chez un mécanicien. Il se lie avec d’autres ouvriers qui passent leur temps libre au café, à fumer et à échafauder des stratégies pour séduire les filles.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
« Avec les filles je ne sais pas … » C’est tout le dilemme du jeune Daniel que Philippe Lavil chantonnera bien plus tard pour évoquer son mal-être sentimental. Daniel vit à la campagne chez sa grand-mère, regarde ses copains draguer outrageusement, et marmonne son impuissance à agir.
Autrement , il mènerait plutôt ses copains tel un chef de bande, à travers le village où chaque jour est en quête d’une nouvelle bêtise. Si Jean Eustache se retrouve dans la nostalgie de ses années cinquante, il le fait en toute connaissance de cause cinéphilique, déjà !
Daniel s’enferme dans les salles de cinéma , même si les films Paramount « sont cons » dit un de ses copains. A la projection de « Pandora » d’Albert Lewin, lors d’une scène éloquente entre l’héroïne et son pilote automobile, il embrasse une fille, dans le noir. Et puis s’en va …
Il n’est pas très à l’aise non plus dans sa nouvelle vie à Narbonne, récupéré par sa mère (Ingrid Caven) qui lui trouve une place de mécanicien chez le frère de son compagnon. Finies les études, vive la sociale.
Jean Eustache constate, mais ne juge pas. Il relate simplement les avatars d’un enfant de l’époque revenu des « 400 coups » de Truffaut et près à se défaire d’ « Un sac de billes » de Jacques Doillon.
Ce film d’apprentissage vertigineux parfois audacieux, voire licencieux ( le compartiment SNCF … ) se partage entre la nostalgie d’une adolescence heureuse, insouciante ( la partie la plus intéressante ) et le chamboulement presque adulte d’un jeune homme qui ne veut pas grandir.
Martin Loeb est impressionnant dans l’appréhension de ce personnage complexe . Le réalisateur l’observe avec un regard presque paternel, même quand les grands se moquent de ses travers.
Maurice Pialat, ami du mécanicien, n’est pas le dernier pour lui faire la nique. Séquence savoureuse au milieu de bons moments aujourd’hui référencés par l’époque. Les petites amoureuses ont bien grandi.
LES SUPPLEMENTS
- « Pour le cinéma » 04 décembre 1974 ( 08.30 ) .- Jean Eustache revient sur le film inspiré d’un poème d’Arthur Rimbaud ( le titre ? ) , son film le moins autobiographique, assure-t-il, alors que l’ensemble de son œuvre est assez personnelle.
Par rapport à son précédent film « La maman et la putain », il tient à préciser qu’il a fait un film silencieux, poli ( « rien de l’obscénité que l’on me reproche » )
- « Les après-midi de France Culture » ( 40 mn ) 15 janvier 1975 par Paula Jacques .-Jean Eustache reprend le projet du film , et les objectifs qu’il cherchait à atteindre. La difficulté du casting des enfants, mais « quand je voyais le désir de Martin Loeb , son empressement, – il n’avait jamais joué -, c’était 80 % du travail accompli ». Deux auditeurs expriment leur point de vue assez contradictoire.
Sur ce chapitre radiophonique, on aurait pu quand même varier la photo d’accompagnement.
- « Une petite femme » de Franz Kafka, lue par Jean Eustache ( 15 mn )
- (*) Ce film est extrait du très beau coffret Jean Eustache avec
« Du côté de robinson » – « Le père Noël a les yeux bleus »– « La rosière de Pessac » • « La rosière de Pessac 79 »-« Numéro Zéro »-« La maman et la putain »-« Mes petites amoureuses » – « Une sale histoire »- 3 courts-métrages : « Le jardin des délices de Jérôme Bosch » • « Offre d’emploi » • « Les photos d’Alix »
Le film
Les bonus
Dans ce film d’apprentissage ( les années 50 ) on suit le quotidien d’un garçon à la campagne, jeune homme à la ville qui n’arrive pas à s’approcher des filles, contrairement à la plupart de ses copains.
Jean Eustache revient peut-être sur sa propre enfance, mais tient avant tout à marquer l’époque sans la juger. Il relate simplement les avatars d’un enfant des années 50 revenu des « 400 coups » de Truffaut et près à se défaire d’ « Un sac de billes » de Jacques Doillon.
Daniel regrette le temps chez sa grand-mère, et c’est d’ailleurs la partie qui m’a apparu la plus intéressante, quand la version urbaine retombe un peu dans les travers stylisés du réalisateur. ( « La maman et la putain ») .
J’y trouve plus d’originalité dans le traitement amoureux, sentimental, émotionnel . Et voir Pialat bougonner l’alphabet à sa façon, ça ne manque pas de style .
AVIS BONUS
Des archives TV et radiophoniques , intéressantes .