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« Memory box » de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Montréal, le jour de Noël, Maia et sa fille, Alex, reçoivent un colis en provenance de Beyrouth. Ce sont des cahiers, des cassettes et des photographies, toute une correspondance, que Maia, de 13 à 18 ans, a envoyé́ de Beyrouth à sa meilleure amie partie à Paris pour fuir la guerre civile. Maia refuse d’affronter ce passé mais Alex s’y plonge en cachette.

La fiche du film

Le film : "Memory Box"
De : Khalil Joreige, Joana Hadjithomas
Avec : Rim Turki, Manal Issa
Sortie le : 19/01/2022
Distribution : Haut et Court
Durée : 102 Minutes
Genre : Drame, Comédie
Type : Long-métrage
Le film
Le bonus

Maia et sa fille Alex ont fuit la guerre civile à Beyrouth pour le Québec. Ce passé, elles n’en parlent jamais, la mère contournant chaque fois le sujet. Mais l’arrivée depuis la capitale libanaise d’un colis volumineux change la donne.

La grand-mère refuse de l’ouvrir. « Que de mauvais souvenirs » murmure-t-elle à l’oreille de sa petite fille qui espère alors l’autorisation maternelle.

Mais Maia est tout aussi réticente devant ce paquet où toute son histoire repose depuis des années. Des lettres, des vidéos, des photos … Elle avait 13 ans. Sa meilleure amie Liza venait de quitter le pays pour la France. Pendant cinq ans, elles ont correspondu.

La grand-mère tente elle aussi d’oublier l’Histoire qui a vu mourir son mari, un professeur qui refusait que des canons s’installent dans la cour de l’école

Par effraction, Alex entre alors dans l’intimité de Maia, un pêle-mêle de bombes et d’amours réfrénées, des visages qu’elle ne peut qu’interpréter. Et cette mère qui photographiait sans arrêt et voulait devenir une professionnelle, où est-elle passée ?

L’exploration de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas est habilement conduite sur toutes ces interrogations, ces sourires, ces étreintes, et ce jeune garçon qui passe à tout va, au cœur du conflit.

Alex va le suivre, jusqu’à l’épier dans ses rencontres avec une jeune fille.

Maia peut-être, ou plus surement Beyrouth d’une époque oubliée qui revit par strates et ranime chez les deux femmes des sentiments contrariés, mais partagés dans l’évocation de cette famille qui se dévoile enfin.

Son histoire , celle de cette guerre civile, s’entremêle dans l’acceptation d’un destin fracassé comme ces immeubles réduits en ruine qui défilent sur la vidéo.

L’image, liée à une écriture joliment elliptique (Gaëlle Macé co-scénariste) façonne le cheminement de Maia et Alex dans une étreinte finale, complice et salvatrice. De beaux personnages pour Rim Turki et Paloma Vauthier qui les assument avec tact et grandeur.

LE SUPPLEMENT

  •  Rencontre à La Rochelle-Les réalisateurs Khalil Joreige, Joana Hadjithomas avec Jean-Michel Frodon, critique ( 75 mn )- Animée par Jean-Michel Frodon , tranquille et bienveillant, cette rencontre m’a paru un peu brouillonne, sans véritable conduite.

« Memory box » , « un film qui rassemble de nombreux éléments significatifs de leur travail » a bien évidemment ouvert la discussion.  Sur son origine autobiographique… La réalisatrice a reçu un jour une boîte dont elle avait oublié le contenu …« Je pouvais réécrire mon enfance, j’avais tout noir sur blanc ».

« Il a fallu inscrire dans une narration toutes les expérimentations artistiques que l’on a dû faire pour en parler ».

« A la lecture des cahiers de Joana , ça ne correspondait plus du tout à ses souvenirs, ça ne correspondait pas à l’histoire qu’elle nous avait racontée,  car c’était truffé de détails impossible à se souvenir ».

Jean Michel Frodon a rappelé l’univers très créatif des deux réalisateurs, dont les œuvres et installations circulent à travers le monde. Ils ont aussi participé à la création d’une salle de cinéma à Beyrouth, à sa cinémathèque, « dans un ministère de la culture pratiquement inexistant » précise Joana Hadjithomas. « Notre travail d’artistes s’articule dans ce sens , continuer à créer » .

« On parle beaucoup des réalisateurs, mais un film c’est une équipe et j’aime beaucoup l’idée de partager avec tout le monde sur un plateau, chacun peut donner son avis , les actrices sont force de proposition ».

A l’occasion d’une question dans le public la réalisatrice saisit l’occasion d’évoquer l’état du Liban où « tour à tour chaque secteur , de la santé, de l’éducation a été atteint par la corruption. (… ) on ne peut plus utiliser sa carte de crédit, les gens sont pris en otage »

« Une population exceptionnelle au Liban ainsi poussée à l’exil » conclue-t-elle.

DVD : 18 Mars 2022 . -  Les meilleurs DVD Mars 2022 (10 ème) Maia et sa fille Alex ont fuit la guerre civile à Beyrouth pour le Québec. Ce passé, elles n’en parlent jamais, la mère contournant chaque fois le sujet. Mais l’arrivée depuis la capitale libanaise d’un colis volumineux change la donne. La grand-mère refuse de l’ouvrir. « Que de mauvais souvenirs » murmure-t-elle à l’oreille de sa petite fille qui espère alors l’autorisation maternelle. Mais Maia est tout aussi réticente devant ce paquet où toute son histoire repose depuis des années. Des lettres, des vidéos, des photos … Elle avait…
Le film
Le bonus

J’aime ce genre de film qui pour parler de l’Histoire (ici le Liban des années 1980 et la guerre civile) s’appuie sur un récit très personnel dans lequel s’imbriquent des événements constitutifs de cette histoire. L’argument de la boîte à mémoire revenue des ruines de Beyrouth est habilement présenté par les cinéastes autour d’une mère et de sa fille qui en fuyant la guerre se sont réfugiées avec la grand-mère au Québec. Cette dernière prévient que revenir sur le passé n’est pas bon. La mère a d’ailleurs toujours évacué le sujet. L’envoi du colis depuis Beyrouth va permettre de passer outre. Sa fille la découvre dans son adolescence tumultueuse et passionnée que révèle la correspondance entretenue avec sa meilleure amie exilée à Paris. La mise en scène est habile. Elle fonctionne par strates, entre les années 80 et aujourd’hui, dans le souvenir d’une famille aux multiples ramifications. L’image, liée à l'écriture tout aussi elliptique façonne le cheminement des deux femmes dans une étreinte finale, complice et salvatrice. De beaux personnages pour Rim Turki et Paloma Vauthier qui les assument bien.

AVIS BONUS Khalil Joreige, Joana Hadjithomas avec Jean-Michel Frodon, cette rencontre m’a paru un peu brouillonne, sans véritable conduite.

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