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« Mekong Stories » de Dang Di Phan. Critique dvd

Synopsis: Saïgon, début des années 2000. Vu est apprenti photographe, Thang vit de petits trafics et Van rêve de devenir danseuse. Réunis par le tumulte de la ville, ils vont devoir affronter la réalité d'un pays en pleine mutation.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Mekong Stories - DVD"
De : Dang Di Phan
Avec : Do Thi Hai Yen, Le Cong Hoang, Truong The Vinh
Sortie le : 06 septemb 2016
Distribution : Memento Films
Durée : 102 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus
  • Festival des 3 continents : prix du jury jeune 2015

Ce film parait long, mais ne lasse jamais. Il ne dit pas grand-chose, mais raconte une ou plusieurs histoires d’un pays qui n’a semble-t-il pas encore totalement assumé sa mue. Le Vietnam, sa jeunesse dans des paysages le plus souvent de rêve, une forêt de mangrove et un bateau sur lequel on se prélasse, on s’aime, on se raconte.

Deux garçons et une fille, le père au milieu et la vénération de la photographie. Une représentation esthétique liée à un film qui ne l’est pas moins, en quête d’amour et de sensualité, de désirs et de volupté.

Il n’y a pas de héros, ni de personnages déterminants, chaque garçon ou fille détenant la part de son existence au creux de ce quotidien qui voit les garçons s’aimer. Par amour, par raison et déraison aussi d’une vie qui parfois se règle avec les poings. Le réalisateur dit qu’au Vietnam la violence fait encore partie intégrante de la société. Il filme alors avec une infinie douceur cette campagne où les jeunes dépensent ce qu’ils leur restent d’adolescence.

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Il est beaucoup question de stérilisation masculine dans ce tableau naturaliste. L’opération est joliment rémunérée et les candidats se dédouanent ainsi de toute représentation physique et morale à venir. Un abandon surprenant dans ce monde au pouvoir patriarcal assumé. Les femmes s’exécutent de bonne grâce tout en revendiquant leur droit au plaisir et à l’indépendance.

A l’image de Van. Dans ses rêves de danseuse, elle séduit la terre entière et gagne plus en confiance et autorité que tous les hommes qui l’entourent. Et c’est à cette femme que le père de Vu s’adresse pour que son fils devienne un homme. «  Débrouille toi  comme tu veux, mais avant l’aube… ».

Un autre regard porté sur une jeunesse dont on ne saura pas vraiment si elle est prête à affronter la sourde hostilité retenue tout au long de ce périple cinématographique inédit. Où l’individu s’est effacé au cœur d’un pays en quête de sa relève. C’est un peu d’espoir et c’est peut-être son avenir.

  • Rencontre avec le réalisateur

« Pour un public européen, tout ne sera peut-être pas évident comme ces séquences avec et autour de la boue, mais chez nous elle est très présente, dans les rizières par exemple. (… ) J’ai voulu faire un hymne à la nature, si on s’éloigne trop de la nature c’est angoissant, c’est comme si on s’éloigne trop de notre maison ».

Il est intéressant de l’entendre parler de la photographie et du processus de développement qui aujourd’hui n’existe presque plus, tout ce qu’il dit sur la lenteur de la révélation photographique, et son ressenti au cœur de la chambre noire, est vrai et précieux à entendre.

 

Festival des 3 continents : prix du jury jeune 2015 Ce film parait long, mais ne lasse jamais. Il ne dit pas grand-chose, mais raconte une ou plusieurs histoires d’un pays qui n’a semble-t-il pas encore totalement assumé sa mue. Le Vietnam, sa jeunesse dans des paysages le plus souvent de rêve, une forêt de mangrove et un bateau sur lequel on se prélasse, on s’aime, on se raconte. Deux garçons et une fille, le père au milieu et la vénération de la photographie. Une représentation esthétique liée à un film qui ne l’est pas moins, en quête d’amour et…
Le film
Le bonus

On pourrait appeler ça un non film, dans la mesure où le réalisateur vietnamien adopte un ton très réservé sur une mise en scène et un scénario où l’esthétique prime sur la matière. Mais c’est pourtant bien l’histoire d’un pays qui s’éveille que nous raconte joliment le cinéaste à travers des rêves et des désirs d’une jeunesse en quête d’amour et de reconnaissance. Loin d’un individualisme consensuel, elle donne à voir une volonté commune pour exalter un avenir qui ne s’affiche pour l’heure qu’en demi-teinte. Et la petite musique qui se fait alors entendre est pleine d’espoir et de poésie, l’un et l’autre loin d’être inconciliables derrière la caméra d’un artiste, d’un créateur. Et peut-être un cinéaste… Cette musique, c’est une belle complainte sur le désir, la sensualité, et l’amitié. Des ébats aussi charnels que sensuels, violents que désespérés. Alors c’est peut-être un film…

Avis bonus Une rencontre éclairante avec le réalisateur

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