« La Ronde », « Le Plaisir » « Madame De » et « Lola Montès » , les quatre derniers films du cinéaste franco-allemand illustrent à merveille une carrière hors du commun .
La fiche du DVD
Le film
Dans sa longue et douloureuse carrière, Max Ophuls n’a réalisé qu’une vingtaine de films. D’origine allemande, il dut fuir le nazisme pour son appartenance juive. Quand la seconde guerre mondiale éclate, il quitte la France pour les USA . Il y réalise le célèbre « Lettre d’une inconnue » en 1948.
Deux ans plus tard,de retour dans son pays d’adoption Ophüls signe ses derniers films . Des chefs d’œuvre où figure toute la thématique du cinéaste .
Moraliste , il a souvent dépeint des femmes confrontées à une société cruelle et perverse. « La Ronde », « Le Plaisir» et « Madame de…» en témoignent . Des sujets éternels comme le désir sans l’amour, le plaisir sans l’amour, l’amour sans réciprocité .
Si « Lola Montès» n’échappe pas à la règle, ce film réalisé en 1955 , avec Martine Carol et Peter Ustinov est un échec qui conduit les producteurs à revoir la copie malgré Ophüls et la Nouvelle vague qui s’indignent du procédé.
Depuis, le temps a fait son œuvre, la version originale a été rétablie .Martine Carol resplendit à nouveau, même en noir et blanc .
Son actrice fétiche demeure Danielle Darrieux qui s’illustre dans « Madame de… » (1953) . Elle donne la réplique , à un certain Vittoria de Sica dans une rocambolesque aventure . La dame en question a revendu des bijoux offerts par son mari qui les rachète, les offre à sa maîtresse, qui les revend… C’est absolument ahurissant ( dialogues de Marcel Achard) : le réalisateur fustige à la fois la bourgeoisie , les femmes et les hommes qui les accompagnent .
On revient ainsi aux fondamentaux du réalisateur sur la pureté des femmes , qui s’accompagne le plus souvent d’ une certaine frivolité , pour ne pas dire d’ une grande naïveté, alors que la cruauté, et la violence des hommes ne font pas un pli.
Si la société sous ses dehors brillants est dénoncée à travers la domination des grands , les réminiscences d’un passé douloureux ne sont pas exclues . En 1932, Max Ophuls réalisait déjà une œuvre prémonitoire «Liebelei» histoire mélancolique et cruelle d’une midinette viennoise qui passe du rêve d’amour à la désillusion tragique. A cette époque , le réalisateur s’apprêtait à quitter l’Allemagne prévoyant que le parti nazi n’était pas un rassemblement de boy-scouts.
Stanley Kubrick et Jacques Demy ont toujours dit s’être inspirés du cinéaste allemand notamment pour l’emploi des grues et des chariots et des travellings assez inédits. Jacques Demy a même dédié son premier film « Lola » à Max Ophüls , qu’il considérait comme son maître.
Incinéré au cimetière du Père Lachaise à Paris,en 1957 Max Ophuls a eu un fils Marcel, reconnu pour ses films documentaires . On le retrouve dans les suppléments qui racontent chacun des films et je peux vous dire que c’est plein d’enseignements, de surprises et de révélations cinématographiques.
Tous les collaborateurs de l’époque ( assistants, chefs opérateurs ….) y vont de leur petit couplet dont Claude Pinoteau qui évoque les répétitions d’un défilé militaire dans « Lola Montès » et la jubilation d’Ophüls de voir ainsi passer et repasser devant sa caméra des soldats allemands… On a les revanches que l’on mérite.
A noter la présence de Christian Matras l’un des directeurs photo attitré de Max Ophüls.
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