- Grand Prix du Jury au Festival du Polar de Reims 2021
Nouveau coup d’éclat dans le ciel du cinéma iranien avec ce thriller pas vraiment ordinaire. A l’image du héros malgré lui, il vous entraîne irrémédiablement dans le labyrinthe d’une organisation quasi mafieuse où les victimes meurent aussi frigorifiées.
Un accident regrettable selon Motavelli, (Mani Haghighi) le patron des abattoirs où trois corps congelés attendent dans un entrepôt frigorifique. Des camés qui après leur shoot volent la viande, explique-t-il agacé.
Des ouvriers, précise le gardien Ahmed, (Hassan Pourshirazi) à son fils Amir, appelé en renfort pour régler le problème. Récemment refoulé de France, le jeune homme est tout aussi désemparé que son père affolé.
Panique générale dans le silence glacial des couloirs désertés où Abbas Amini cerne trois hommes en quête de trois cadavres. Comment sont-ils arrivés là ? Que montrent les caméras ? « Elles ne fonctionnent pas » dit le patron, « elles sont décoratives ».
La lumière est froide, grise, la nuit est sans éclat. C’est un film qui vous prend à la gorge et ne vous lâche pas. Aux questions sans réponse se mêlent les interrogations des enfants de Hashem, l’un des disparus.
Sa fille Asra (Baran Kosari) est tenace. Elle harcèle sans cesse Ahmed et Amir qui esquivent à la sauvette. De ce qu’elle sait de son père, de ce qu’on lui en rapporte, elle comprend qu’on lui ment. Comme Ahmed ment à son fils, et Motavelli à tout le monde. Mais la police n’enquête pas pour des disparitions, dit-il, alors les affaires continuent.
Elles prospèrent même.
Les bêtes se vendent au cours du dollar qui circule sous le manteau et s’échange au prix fort. Il régit la vie sociale des iraniens. Petits trafics dans la rue, carambouilles chez les négociants, qui écoulent à leur façon des milliers de billets verts auprès des banques et dans des bourses clandestines.
Ce fabuleux théâtre de l’économie souterraine iranienne dans lequel Amir va se perdre, Abbas Amini le filme avec maestria. Il mêle l’instinct à la réflexion, le doute à l’action, détonateurs puissants d’une mise en scène sous tension permanente.
Le jeu des acteurs est tout aussi intense, porté par le magnétisme du personnage principal, Amir : Amirhosein Fathi, pour la première fois au cinéma. Dans un premier film ! Prodigieux !
Le film
Le film d’emblée vous prend à la gorge et à l’image de Amir, héros malgré lui, vous entraîne irrémédiablement dans le labyrinthe d’une organisation quasi mafieuse où les victimes meurent aussi frigorifiées. Un autre regard persan du cinéma iranien qui sans réel tapage mène à sa façon sa propre révolution. La fiction ici est si intense qu’elle dépasse le cadre de la caméra et donne à voir dans une mise en scène implacable (lumière et cadre ad-hoc) l’état d’un pays en contradiction complète avec ce que prône les autorités. Le dollar circule sous le manteau et s’échange au prix fort. Il régit la vie sociale des iraniens. Petits trafics dans la rue, carambouilles chez les négociants, qui écoulent à leur façon des milliers de billets verts auprès des banques et dans des bourses clandestines. Ce fabuleux théâtre de l’économie souterraine iranienne dans lequel Amir va se perdre, Abbas Amini le filme avec maestria. Il mêle l’instinct à la réflexion, le doute à l’action, détonateurs puissants d’une mise en scène sous tension permanente. Le jeu des acteurs est tout aussi intense, porté par le magnétisme du personnage principal Amirhosein Fathi, pour la première fois au cinéma. Dans un premier film !