- Mostra 2019, Prix de la meilleure actrice Marta Nieto
- Meilleur dvd Décembre 2020 ( 3 ème )
- Duré : 129 mn
L’histoire : Dix ans se sont écoulés depuis que le fils d’Elena, 6 ans, a disparu. Dix ans depuis ce coup de téléphone où seul et perdu sur une plage des Landes, il lui disait qu’il ne trouvait plus son père. Aujourd’hui, Elena y vit et travaille dans un restaurant de bord de mer. Dévastée depuis ce tragique épisode… Jusqu’à ce jour où elle rencontre un adolescent qui lui rappelle furieusement son fils disparu …
Rodrigo Sorogoyen quitte brillamment le registre de ses deux précédents films (« Que Dios Nos Perdone » et « El Reino » ) pour l’intime rencontre d’une mère avec son douloureux passé.
Depuis dix ans son petit garçon a disparu sur une plage landaise où elle vit désormais.
A l’époque, la tragédie marque à tout jamais son histoire que le réalisateur reprend avec un réalisme foudroyant. Elle est en Espagne, son ex en France ( Raul Prieto) avec leur petit garçon. Il lui téléphone, se dit abandonné. Il a six ans …
Une entrée en matière hyper angoissante, au fur et à mesure des échanges téléphoniques plus ou moins laconiques.
On ne voit rien, on entend, on imagine, c’est terrible …
Il est rare d’entamer le récit par une telle déferlante, mais le ton si juste abrite bien des émotions qui plus lentement, voire tendrement s’épanchent au fil d’une histoire que le réalisateur joue cette fois très moderato.
Au bord de la plage, Elena regarde le monde tourner sans elle, depuis le restaurant où elle est serveuse. Ses loisirs se prolongent solitaire sur ce sable qu’elle foule, le regard perdu
C’est au cours d’une promenade qu’elle remarque un jeune surfer qui très vite lui rappelle le visage de son garçon. Du moins l’imagine-t-elle ainsi du haut de son adolescence.
Par une alchimie incertaine, le hasard, le destin, Elena et Jean vont se rencontrer et s’aimer. Elle, quête un souvenir, il cherche l’amour fou, quand ses parents ( Anne Consigny–Frédéric Pierrot ) prennent peu à peu la mesure de leur attachement.
Elena ne fait rien pour le retenir, au contraire, elle le rejoint et le suit à la découverte de son petit monde.
Son compagnon, Joseba ( Alex Brendemühl ) comprend lui aussi un peu tard le rapport qu’Elena entretient avec ce fils improbable qu’elle idéalise au-delà de l’imaginable. Jean ne lui pose aucune question et quand quelqu’un s’y risque, elle se braque et s’enferme.
Le duo est devenu couple. Marta Nieto et Jules Porier sont subjuguants.
Une attraction irrésistible. La sensualité est de tous les instants, les interdits sur le seuil d’être franchis. Rodrigo Sorogoyen s’y faufile avec beaucoup de prudence. Pour une attention totale portée à ces sentiments nouveaux unis dans une même folie.
Elena la franchira avec la rage du désespoir au moment où plus rien ne lui appartient. Les accents de la louve en quête de son petit, le mors aux dents, excessive, irraisonnée, elle affronte son véritable destin.
Une autre scène bouleversante, violente, grandiose, la tempête avant l’étale, le cauchemar avant l’éveil. De la mise en scène à l’interprétation, l’osmose fige le spectateur dans une contemplation interdite. On croit rêver.
Le film
Rodrigo Sorogoyen quitte brillamment le registre de ses deux précédents films (« Que Dios Nos Perdone » et « El Reino ») pour l’intime rencontre d’une mère avec son douloureux passé. Elena a perdu son fils de six ans sur une plage française alors qu’il se trouvait avec son père dont elle est séparée. Elle a vécu au téléphone ses derniers moments, et depuis dix ans ne sait rien de cette disparition, de cet enlèvement.. La manière dont le cinéaste nous conte ce drame intime et familial, ce bouleversement universel d’une mère dépossédée de son enfant est magistrale. Elena n’aura de cesse de le retrouver dans le visage d’un jeune surfer rencontré sur cette même place dix ans plus tard. Leurs relations ambiguës, leur attirance mutuelle, tissent la trame d’un récit déjà vécu mais cette fois entretenu avec attention par un réalisateur fascinant et des acteurs tout aussi grands.
Un commentaire
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