- DVD : 21 février 2023
- 1956 / 80 mn / noir et blanc
- Avec Sterling Hayden, Coleen Gray, Vince Edwards, Jay C. Flippen….
- Scénario : Stanley Kubrick (Jim Tompson : dialogues additionnels)
- Photo : Lucien Ballard
- Musique : Gerald Fried
- Studio : BQHL
Meilleur dvd février 2023 ( 3 ème )
L’histoire : Après cinq années de prison, Johnny Clay met la touche finale au plan de braquage d’un hippodrome. Butin estimé : 2 millions de dollars. Autour de lui, Clay rassemble non seulement des hommes qui connaissent bien les lieux pour y travailler, mais aussi un policier endetté, un tireur d’élite et un ancien catcheur apte à déclencher une bagarre au moment opportun. Le braqueur oublie toutefois qu’un grain de sable suffit parfois à gripper les mécaniques les mieux huilées…
D’après le roman « Clean Break » de Lionel White.
Film noir et de braquage conjugué, ce rappel cinématographique vieux de soixante-sept ans conforte l’histoire du septième art plongé dans la mouvance d’un XXI ème siècle tape à l’œil.
Ici l’effet est naturel, simplement rapporté par une mise en scène qui joue sur les décors apprêtés pour l’occasion ( un beau travail en studio ) dans lesquels les protagonistes peinent à marquer leur propre histoire.
Ni faiblesse, ou désintérêt.
Mais face à Kubrick, au scénario de Jim Thompson, fidèle au roman de Lionel White, tous ces truands du dimanche se comportent comme des gens presque ordinaires. Simplement, leur chef désigné, Johnny ( Sterling Hayden), porteur du projet, a l’emprise nécessaire pour établir un plan de bataille sur lequel tout le monde va s’aligner.
Ce que déroule à la perfection Kubrick dans sa mise en scène aux flash-backs minutés par quelques incursions au cœur de l’intime. Le plus émouvant est Miky ( Joe Sawyer) barman à l’hippodrome . Il espère gagner beaucoup d’argent pour soigner sa femme, dont il s’occupe déjà avec soin et tendresse.
Le plus excitant, la femme fatale ( Marie Windsor) qui mène par le bout du nez son caissier de mari (photo). Par faiblesse, amour et lâcheté, il va alors peu à peu confier les clés de l’opération à la dame , sous tutelle d’un amant, très gourmand, lui aussi.
L’autre décor important est celui de l’hippodrome, scène du drame engagé par les malfaiteurs. Kubrick manie sa caméra avec la même dextérité , des coulisses au champ de courses, où chaque étape du casse flirte avec le danger.
Le grain de sable est prévisible, on le suppose, on le devine, mais à chaque fois la machine repart toujours de plus belle. Jusqu’au moment fatal où la succession de petits détails foireux, d’anicroches intempestives, de fâcheux contre-temps, mettent en péril le bel ordonnancement de Johnny qui rêvait de ne plus retourner en prison.
Il est le témoin bien involontaire de la scène finale fatale et surprenante, cultissime au point de revenir parfois, telle une « Mélodie en sous-sol », sur des scénarios tout aussi fulgurants. Kubrick a toujours fait école !
LE SUPPLEMENT
- Présentation du film par le scénariste Laurent Vachaud (38′)- A visionner après avoir vu le film …
« Ils ont acheté les droits du livre avant Frank Sinatra qui était très partant pour faire le film. (…) Difficile de trouver un hippodrome qui accepte de prêter ses équipements pour une telle histoire »
« Sois tu remets l’objectif que j’ai demandé, sois tu t’en vas et tu ne reviens jamais », Kubrick très calmement s’adresse à son chef opérateur Lucien Ballard. Un jeune metteur en scène est toujours testé par son équipe, par les acteurs, mais Kubrick déjà avait la maturité nécessaire , il a pris le pouvoir.
« Le film est assez fidèle à la structure du livre, et ce qui a bien plu c’est la description d’un plan méticuleusement préparé, avec le fameux grain de sable » qui en entraîne bien d’autres et fait dérailler le train.
On dit que ce film a inspiré « Reservoir Dogs » de Quentin Tarantino ( je ne vois pas trop comment ) et Pierre-William Glenn en a fait un remake : « 23h58 ». Par contre la scène finale, devenue culte a bien inspiré d’autres réalisateurs …
- A noter pour le chapitrage, c’est la première fois que je vois ce type de renseignements : les chapitres sont accompagnés d’une phrase sur l’esprit de la séquence, c’est pas mal !
Le Film
Le bonus
Il y a tout ce qu’il faut pour faire un film noir : un braquage, une femme fatale, un grain de sable qui enraie la machine et des hommes qui se regardent tomber, par manque de lucidité.
Et surtout il y a Kubrick qui malgré une carrière encore hésitante ( ce n’est que son troisième film ) montre déjà la palette sentimentale et technique de sa mise en scène personnalisée jusque dans la mise aux normes de décors apprêtés pour l’occasion.
Ils sont construits en studio, mais à l’extérieur le cinéaste rivalise encore d’audace pour filmer un champ de courses, et ses coulisses , là où le hold-up doit se produire. Il a bien lieu effectivement, mais pas forcément dans l’ordre prévu par le chef de la bande qui ne rêvait que d’une chose : ne plus retourner en prison !
AVIS BONUS.
Présentation du film par le scénariste Laurent Vachaud, et au-delà tout ce qu'il faut savoir, ou presque sur Stanley Kubrick