L’histoire : Née sur une île marquée par la religion et les traditions, Ana embarque pour un voyage libérant de nouveaux désirs alors qu’elle rencontre la rayonnante Cloé et se lie d’amitié avec la communauté queer locale.
Prix du Jury au festival du cinéma queer (Ecrans mixtes) 2023.
« Une pédale qui se respecte ne pleure que des larmes de paillettes »
Claudia Varejão vient du documentaire. Sa première fiction demeure bien imprégnée du réalisme de l’exercice dans cette petite île bien sympathique, aux fortes traditions et revendications tranquilles.
Le folklore y est permanent, la religion, une institution. La jeunesse s’y accoutume, livrant en marge, ses aspirations sociales, libérées du carcan familial. Les mères paraissent très proches de leurs enfants laissés à l’appréciation d’une éducation ouverte.
Les hommes taisent leurs sentiments, et un peu de colère parfois remet en marche le processus d’un respect mutuel.
Ce film rebat les cartes, et balaie les préjugés. Luis affiche son homosexualité sur des vêtements flashy, des paillettes, une jovialité feinte . Ana, sa grande amie, l’accompagne et cherche sa propre voie, dans ses moments d’évasion sur l’île , de plus en plus petite à ses yeux grand ouverts.
Claudia Varejão s’y attache mais ne la retient pas vraiment. La réalisatrice papillonne autant que ses protagonistes en quête d’un bonheur que cette communauté queer semble recueillir dans la bienveillance et l’attention aux autres.
Amour, sensualité, amitié, Ana conjugue chaque sentiment à l’aune de son regard désireux qui verra en Cloé, la source d’une attention nouvelle. Ana Cabral, de son vrai nom, une amatrice totalement investie dans cette échappée sensorielle, force l’identité de ce film aux confins particuliers, voire paradoxaux.
On se laisse porter par cette communauté de pêcheurs, de queers , de gens simples , cette lumière jamais parfaite, cette musique qui de Purcell via Klaus Nomi berce un quotidien presque paisible.
Où l’individu prend le large d’une terre qui ne peut que le retenir. En s’y confinant, il la domine.
LE SUPPLEMENT
- Rencontre avec la réalisatrice- L’origine du film. – Claudia Varejao explique comment elle a abordé les pêcheurs au travail sur la plage, au moment où un groupe de trans passait par là. Interrogative la cinéaste … « Comment cela peut fonctionner, avec ces pêcheurs ? mais en fait ils se connaissaient tous , parfois de la même famille »
« Cette possibilité de cohabiter sur une île dont on ne peut pas fuir, cette image est restée en moi ».
Pourquoi la fiction et non le documentaire
« Le cinéma est une émancipation de l’acteur , et les amateurs vous font entièrement confiance, sans savoir ce qui va leur arriver. » Du bon usage de l’improvisation
Le film
Les bonus
Sur l'île de São Miguel, aux Açores, en plein océan Atlantique , les traditions et les religions se heurtent à peine aux aspirations de sa jeune population, dont une communauté queer qui se mêle sans difficulté aux exigences ancestrales. Ana tente de se retrouver dans ce maëlstrom de civilisation , à la rencontre de ses semblables, et peut-être de celle qui pourrait le plus lui ressembler. Ana Cabral, de son vrai nom, une amatrice totalement investie dans cette échappée sensorielle force l’identité de ce film aux confins particuliers, voire paradoxaux. Il insiste parfois sur la tonalité du genre, se reprend et redit ce que l’on comprend très vite en se laissant porter par cette communauté de pêcheurs, de queers , de gens simples , cette lumière jamais parfaite, cette musique qui de Purcell à Klaus Nomi berce un quotidien presque paisible. Où l’individu prend le large d’une terre qui ne peut que le retenir. En s’y confinant, il la domine.