Synopsis: Nuria, 12 ans, Fabio, 9 ans, et leur mère arrivent dans une petite île au milieu de l’Amazonie, aux frontières du Brésil, de la Colombie et du Pérou. Ils ont fui le conflit armé colombien, dans lequel leur père a disparu. Un jour, celui-ci réapparait mystérieusement dans leur nouvelle maison.
La fiche du film
Le film
Les bonus
- Meilleur dvd Octobre 2019 ( 4 ème )
- Dvd : 15 octobre 2019
- Avec : Marleyda Soto, Enrique Diaz, María Paula Tabares Peña, Adolfo Savilvino, Astrid Fernanda López MartÍnez
- Audio : Portugais, Français
- Sous-titres : Français
Un film très étrange, avec des codes qu’il faut assimiler rapidement pour comprendre les enjeux politiques, sociaux et culturels de cette région de l’Amazonie. Elle est en conflit depuis des années ( la Colombie combat les Farc ) et accueille des « déplacés », à l’image d’Amparo qui a perdu son mari et sa fille Nuria.
Amparo ( Marleyda Soto) arrive dans cette petit île amazonienne avec Fabio, son fils de neuf ans, balloté par les événements tragiques et le fait de devenir un ado. Une nouvelle vie, une autre école, des copains qu’il faut apprivoiser, quand sa mère se débat dans le dédale administratif des apatrides.
Comment prouver qu’elle est en danger de mort, et pourquoi l’indemnisation attendue ne viendra pas tant que le corps de ses deux proches ne seront pas retrouvés. Inimaginable, inextricable, inhumain…
Et pourtant Amaro entame tranquillement son chemin de croix accompagné de ses fantômes – sa fille, son mari ( Enrique Diaz) – qui participent au quotidien de ce qui reste de leur petite famille.
C’est la proposition cinématographique de Beatriz Seigner que de mêler inextricablement la vie à l’après, pour dire que rien ne s’arrête et que l’espoir peut susciter bien des envies. Sans pour autant se voiler la face.
Arrivée dans le dénuement Amaro constate qu’elle n’a pas forcément trouvé le havre de paix qu’elle recherchait. On parle d’expropriations, de propositions malhonnêtes d’un avocat « prêt à racheter la plainte »…Et le travail ne court pas les rues, surtout pour les étrangers !
Nuria voit, écoute et ne dit rien, la présence par l’absence. Dans ce film plein de mystères c’est l’attente qui s’exprime à travers de belles images, dans le clair-obscur de la nuit qui n’en finit pas de remonter le fleuve en crue.
Quand Amaro se confie, ce sont des reproches qu’elle adresse à son mari, son engagement, sa révolte, sa disparition.
« C’est à moi de nous sortir du pétrin dans lequel tu nous laisses ».
La parole libérée comme on le dit aujourd’hui n’importe comment. Ici elle prend le sens de cette « guerre injuste que l’on se livre entre nous depuis plus d’un demi-siècle. (… ) Si on ne sait pas pardonner personne ne nous pardonnera ».
C’est bien l’esprit de ce doux film qui ne parle que de guerre et violence, mais s’en détourne pour mieux apaiser les craintes, les tensions, et redonner aux morts le sens de leur disparition. Un sens à la vie. Très beau film !
LES SUPPLEMENTS
- Making of ( 27 mn ). Un travail de recherche, d’écriture pendant sept ans , les repérages à plusieurs reprises notamment pour les différents niveaux d’eau …
L’Amazonie qui n’arrête pas de déborder … Une île habitée par tous les migrants de l’Amérique latine, l’île de la Fantasia.« Une équipe cohérente avec le sujet » précise encore la jeune réalisatrice entourée par des techniciens d’origine latino-américaines.
Et tous parlent très bien de leur activité. Ils racontent des choses intéressantes, précises, utiles à la compréhension de certaines scènes – non pas sur le plan du récit, mais celui de la mise en scène – par exemple.
Le travail avec le scénographe , le plan de la maison , comment et pourquoi les personnages s’adaptent différemment aux deux plans de la maison…Les différentes techniques d’enregistrement du son , de la lumière ( logiquement, pas d’électricité sur l’île … ). Et la dernière scène où tout le monde s’embrasse, les gamins sont émus, les adultes aussi , toujours l’esprit du film .
- Les scènes coupées. Il y a six dont l’une d’entre elles nous apprend que la maman vend des arepas ( pain de maïs ) , un petit commerce ambulant qui fonctionne bien, et qu’elle a un prétendant…
La vente sur les barques avec le gamin, c’était aussi intéressant à voir
- Pour prolonger le voyage en terre amazonienne :
« L’étreinte du serpent » de Ciro Guerra
« Fitzcarraldo » de Werner Herzog.
« Operación E » de Miguel Courtois Paternina
Le film
Les bonus
Un premier film plein de vie et de défis pour parler de la guerre d’où les morts reviennent pour accompagner leurs proches en proie à l’abandon. Dans le clair-obscur de la nuit amazonienne, ( les images sont sublimes ) la cinéaste interroge à son tour l’Histoire, entre document et fiction, fantastique et réalité.
Un mélange, rien de l’amalgame, un film doux qui se détourne de ses relents de violence pour mieux apaiser les craintes, les tensions, et redonner aux morts le sens de leur disparition. Un sens à la vie. Quel beau film !
AVIS BONUS
Un excellent making of au cours duquel les techniciens révèlent clairement la façon dont ils opèrent, et dans quel but . Des scènes coupées, à voir aussi…
3 Commentaires
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