- 1er mai 2024 en salle
- 1h 35min
- Drame, Historique
- Avec Shuri, Mirai Moriyama, Oga Tsukao
- Studio : Carlotta
L’Histoire : Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Japon tente de panser ses blessures. Unique survivante de sa famille, une jeune prostituée passe son temps enfermée dans le bar délabré qui lui sert de refuge. Un jour, un petit orphelin chapardeur et un jeune soldat démobilisé débarquent. Entre ce trio atypique, un semblant de vie de famille s’installe. Mais, les traumatismes de la guerre auront tôt fait d’anéantir ce bonheur fugace…
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Des traumatismes de l’après-guerre, le cinéma en rapporte bien souvent l’essence même de l’être humain, partagé entre remords et contrition, culpabilité ou incompréhension.
Dans un raccourci saisissant Shinya Tsukamoto compile l’essentiel de ces états d’âme en réunissant un soldat de retour de la guerre, une jeune veuve, prostituée et un gamin qui ne sait que voler. Une sainte trinité si mal affûtée à l’origine que le réalisateur peine à cerner chacun d’eux dans des ombres incertaines, des recoins perdus de ce bistrot d’autrefois où elle attend le client.
Mais cette fois l’homme sans le sou insiste pour rester, il paiera demain dit-il et chaque jour sans le sou resserre un peu plus ce trio hors norme. On imagine une nouvelle famille mais l’heure n’est pas vraiment au bonheur, ni à l’optimisme.
Le soldat retrouve ses instincts mâles et guerriers, on le chasse, le gamin repart dans la rue. Il est attachant et nous prend encore un peu plus par la main en compagnie d’un autre homme, bien mystérieux cette fois. L’enfant ne parait pas inquiet, il le suit et comprend que la guerre, même perdue pour le Japon, n’est pas finie.
Quand il revient « chez lui », elle l’attend à la maison, mais lui laisse libre cours, son destin entre ses mains . Une leçon sans concession de la part d’un cinéaste qui pour avoir jouer la carte du minimalisme laisse un brin l’espoir s’échapper, l’avenir lui appartenir.
Une scène finale éloquente, rassurante.
Le film
Pour oublier la guerre qui ne les oublie pas, bien qu’elle soit terminée, un soldat démobilisé, un gamin et une prostituée se retrouvent comme une famille dans un lieu qui leur sert à peine d’abri. Le cinéaste prend à témoin l’enfant qui à sa façon nous prend lui aussi par la main (Oga Tsukao, extraordinaire) pour nous montrer l’état de son pays défait, et comment les hommes imaginent s’en remettre. C’est assez brut, très réaliste et minimaliste à la fois, laissant remugles et rancœurs s’évacuer avant de mettre en avant le peu d’espoir que suscite l’enfant aux épaules si fragiles. Mais nous dit le réalisateur il n’y a pas d’autre issue. Ce qui nous procure une scène finale éloquente, et rassurante effectivement.