L’histoire : Il s’appelle Alexandre, Ricardo ou Daniel. Il se dit chirurgien ou ingénieur, argentin ou brésilien. Il vit avec quatre femmes en même temps, adaptant à chacune son récit et même ses traits de caractère. Enquête à la première personne, avec l’aide d’un détective privé, sur un imposteur aux mille vies imaginaires.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Un mythomane, mais encore ? Un affabulateur , un escroc, un menteur … Comment cet homme sans visage a pu, entre 30 et 40 ans, passé d’une femme à une autre, d’un pays à l’autre, d’un subterfuge à l’autre, sans jamais se faire remarquer ?
Elles se racontent aujourd’hui, sidérées d’avoir vécu auprès d’un personnage qui « très remuant » avec l’une , se révélait plutôt « doux et intentionné » avec l’autre.
Il est chirurgien, appelé sur le drame du Bataclan. Ses amis parisiens sont en admiration, eux qui n’ont pas bougé de la soirée. A son retour, il dit n’avoir fait que son travail, photos et vidéos à l’appui.
« J’étais sous le charme » avoue sa compagne qui pour le corps médical voue une passion totale. « Et quelques mois après on apprend que tout était faux ».
Contactée sur le phénomène, Sonia Kronlund (France Culture) s’engage dans l’enquête impossible. Retrouver le personnage à travers les témoignages de ses différentes victimes.
Ricardo, ( mais aussi Alexandre ou Daniel ) donne des gages de sa présence en Pologne alors qu’il est déjà ailleurs. Prétexte un déplacement urgent pour son travail, afin de combler son agenda auprès d’une autre femme.
La réalisatrice croise ses différents itinéraires, s’y perd elle aussi un peu, avant de reprendre pied en compagnie d’un détective privé polonais, qui personnellement me parait tout aussi suspect. Il ne lui apprend pas grand-chose, sinon la localisation de l’individu, très discret.
C’est en se rendant directement au Brésil, puis en Pologne où il vit alors, que Sonia Kronlund voit s’éclaircir son horizon, que la hargne, la fougue, la colère de Bruna ne cessent d’alourdir.
« Je l’ai laissé seul une heure dans mon appartement, il m’a tout dévalisé, vidéo surveillance à l’appui . Il prétendait avoir acheté ces objets et les offrait . C’est un sociopathe qu’il faut éliminer !… »
Comment vont-ils réussir à lui mettre la main dessus, et ce qui va en advenir ? C’est un scénario solide, une trame policière, consolidés par une ultime preuve tangible, qui floute encore un peu plus le portrait d’un homme décidément insaisissable.
LE SUPPLEMENT
- 3 scènes coupées ( 10 mn )- La première suit la préparation du mariage entre Marianne et « Alexandre » qui n’aboutira pas bien évidemment. La seconde est une fausse piste, sur un photographe très réputé. La troisième pose la question : peut-on douter de ce que nous dit l’autre ?
Le documentaire
Le bonus
Il y a bien sûr l’enquête de la productrice de France Culture Sonia Kronlund, mais son excellent documentaire tient autant à l’évaluation sociologique d’un phénomène qu’au film policier plus ou moins révélé dans la seconde partie.
En croisant le témoignage de plusieurs victimes, la réalisatrice soupèse l’énormité de la fraude d’un homme qui pendant plusieurs années a vécu d’un continent à l’autre, en s’assurant plusieurs foyers. On se demande encore comment ? Ces fiancées trahies, également, avec des sentiments divers à l’égard de cet homme que l’on rencontre de plus en plus au fil des investigations, allant même jusqu’à se faire interviewer au sujet de sa passion du marathon.
« Je vis en Pologne depuis six ans … » . Il parle de ses deux filles qui n’ont pas comme lui cet attrait de la course à pied. Il parle de sa femme, de son métier dans la cybersécurité. Insaisissable jusqu’au bout .
AVIS BONUS
Trois scènes coupées, à découvrir !