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« L’événement » d’Audrey Diwan. Critique cinéma-dvd

Synopsis: France, 1963. Anne, étudiante prometteuse, tombe enceinte. Elle décide d’avorter, prête à tout pour disposer de son corps et de son avenir. Elle s’engage seule dans une course contre la montre, bravant la loi. Les examens approchent, son ventre s’arrondit.

La fiche du film

Le film : "L'Evénement"
De : Audrey Diwan
Avec : Anamaria Vartolomei, Kacey Mottet Klein
Sortie le : 24/11/2021
Durée : 100 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le Film
Le bonus

D’après le roman d’Annie Ernaux. – Prix Nobel 2022

Il est difficile de comprendre le projet de ce film, aujourd’hui, quand le sujet éminemment sensible, remonte aux années soixante. Un temps où l’avortement était interdit, et puni très lourdement par la loi.

La manière dont Audrey Diwan se l’accapare relève d’un témoignage aigu en forme d’alerte. A l’heure où certains états américains révisent leur constitution, quand une partie de l’Europe entend ses réactionnaires prôner l’interdiction de l’interruption volontaire de grossesse.

« L’événement » en est bien un.

Un combat solitaire, acharné, douloureux pour Anne, une jeune étudiante qui fait la gloire de ses parents bistrotiers et le bonheur de son professeur de littérature ( Pio Marmai, toujours au top). Les uns comme les autres ignorent le calvaire qu’elle traverse.

Enceinte à vingt ans, fille-mère que l’on ose à peine fréquenter, toutes les portes ouvertes à un avenir prometteur se ferment. Anne piétine sur le seuil avec sa jeunesse, sa joie de vivre et d’étudier. Pas question de jeter les clés par-dessus bord et de tout abandonner

Ce choix radical et dangereux la conduit sur un chemin où le monde médical a peur et ne veut rien entendre. Ses amies l’évitent, même les plus fidèles avec lesquelles dans leur chambre universitaire, elles s’initiaient encore hier aux gestes de l’amour. Mais Anne ne regrette rien. Elle assume sa décision absolue en multipliant les procédés de « grand-mère », ou pire de sorcières…

Louise Orry-Diquéro, et Luàna Bajrami, Brigitte et Hélène, les meilleures copines au monde pour Anne ( Anamaria Vartolomei) , qui pourtant vont la fuir , telle une pestiférée

Ce parcours chaotique, semé d’embûches, Audrey Diwan le reprend à son compte dans la dureté d’un monde aveugle, presque insensible à l’abandon de ce corps à leurs yeux, perdu. Mais Anne est d’une autre trempe, libre et déterminée jusqu’à l’ultime recours à la faiseuse d’anges, aux pratiques secrètes, anonymes, illicites.

De l’ordre du supplice, aux conséquences désastreuses pour la santé de la jeune femme.

Le personnage est joué par une grande Anamaria Vartolomei.  « My little princess » pour Eva Ionesco, échangée comme princesse avec Marc Dugain la voici inoubliable au cœur d’un drame dont on se préserve en France depuis maintenant 46 ans. La loi Veil, la bien nommée.

LE SUPPLEMENT

  • Rencontre avec Audrey Diwan. ( 42 mn )- « Je voulais inscrire mon geste artistique dans le prolongement de celui d’ Annie Ernaux ». Une longue discussion entre la romancière et la cinéaste s’engage alors…

L’adaptation ? « Elle n’a jamais ramené le scénario vers son livre, mais a toujours pointé ce qu’il ne lui semblait pas juste, c’était ma boussole ».

Audrey Diwan évoque aussi «  la période particulière, à l’aube de la révolution sexuelleJe sais que je demande beaucoup aux jeunes actrices. Elles doivent dépasser leur pudeur » dit-elle encore à l’ évocation de la scène de masturbation avec le traversin … « Pour que cette scène fonctionne, on travaille sur la confiance , je lui dis ce que j’attends, elle me dit ce qu’elle peut faire, jusqu’où elle peut aller ».

Il y a eu des répétitions, mais pas toujours

« Celles concernant la douleur, le plaisir par exemple car en arrivant sur le plateau il faut parfois prendre des risques » dit encore la réalisatrice.

Le casting, les personnages secondaires, la façon de les aborder

Le parallèle établi avec «  Titane » de Julia Ducournau ?  « Je comprends pourquoi on a envie de mettre les deux films en miroir, une palme d’or, un lion d’or, une relation au corps, au charnel, à la manière d’engager le corps féminin dans l’indécis, la détermination, la colère du personnage ».  

DVD :  30 Mars 2022 . -  Les meilleurs DVD Mars 2022 (2ème) D’après le roman d’Annie Ernaux. - Prix Nobel 2022 Lion d'Or à Venise 2021 Lumière 2022 du meilleur film et meilleure actrice  Anamaria Vartolomei Prix de la Critique à Saint-Jean-de-Luz Prix international de la critique Prix Alice Guy 2022 Il est difficile de comprendre le projet de ce film, aujourd’hui, quand le sujet éminemment sensible, remonte aux années soixante. Un temps où l’avortement était interdit, et puni très lourdement par la loi. La manière dont Audrey Diwan se l’accapare relève d’un témoignage aigu en forme d’alerte. A l’heure…
Le Film
Le bonus

Si le sujet du droit à l’interruption volontaire de grossesse ne fait plus la une des journaux, il demeure sensible dans certaines couches de notre société, qui souhaiteraient ainsi mettre un terme à la loi Veil de 1975. Vrai et dur, le film de Audrew Diwan arrive peut-être au bon moment pour nous alerter sur cette situation, en reprenant le fil d’une actualité des années soixante. Ou le parcours d’une jeune femme, étudiante, qui se retrouve enceinte, synonyme d’abandon du cursus et d’un avenir beaucoup moins prometteur. Son choix radical et dangereux d’avorter, qui plus est interdit par la loi et lourdement condamné, la conduit sur un chemin où le monde médical ne veut rien entendre, où ses amies désormais l’évitent. Mais Anne assume sa décision absolue en multipliant les procédés de « grand-mère », ou pire de sorcières… Le début d’un chemin de croix inimaginable sur le Golgotha des supplices pour cette jeune femme puissamment interprétée par Anamaria Vartolomei .Pour ses premiers pas au cinéma, elle était « My little princess » d’Eva Ionesco, avant d’être « L’idéal » de Frédéric Beigbeder puis échangée comme princesse pour Marc Dugain. La voici inoubliable au cœur d’un drame dont on se préserve en France depuis maintenant 46 ans. La loi Veil, la bien nommée.

AVIS BONUS La réalisatrice détaille avec passion la manière dont elle a abordé l’adaptation et les contraintes d’une mise en scène sur un sujet très délicat, une époque particulière avec de jeunes comédiennes

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