Synopsis: Maire d’une ville du 93, Clémence livre avec Yazid, son directeur de cabinet, une bataille acharnée pour sauver le quartier des Bernardins, une cité minée par l’insalubrité et les "marchands de sommeil". Ce sera son dernier combat, avant de passer la main à la prochaine élection. Mais quand Clémence est approchée pour devenir ministre, son ambition remet en cause tous ses plans.
La fiche du film
Le film
- DVD : 08 Juin 2022. – Pas de bonus . –
On a l’impression de connaître cette chanson . Les magouilles municipales, ces alliances plus ou moins secrètes afin d’entraver l’action de ses opposants, voire de son plus proche allié.
Le film de Thomas Kruithof collecte un peu tous ces travers en forme de clichés cinématographiques pour les remettre à leur place, dans le sens exact de la mise en scène. Elle confronte les activités quotidiennes d’une mairie, à la vérité d’un dossier brulant, et épineux.
Une cité banlieusarde totalement vouée aux cafards et aux fuites d’eau permanentes doit être réhabilitée. Clémence la mairesse y tient comme à la prunelle de ses yeux qu’elle porte toujours sur son chef de cabinet Yazid, lui aussi à fond dans le projet de rénovation.
La subvention gouvernementale de 63 millions d’euros est déjà presque sur leur bureau quand le représentant de l’Etat, (Laurent Poitrenaux) pourtant très proche de Mme le Maire lui fait savoir qu’une lettre circonstanciée sur la gestion des lieux remet tout en cause.
La machine s’enraie et tous les personnages de la farce politique se dévoilent tour à tour dans une farandole scénique magnifiquement orchestrée. De petits arrangements entre amis en promesses non tenues ( « mais ce ne sont pas des mensonges ! ») de coups bas en dénonciations tronquées , de compromissions en relations interlopes « La mécanique de l’ombre » dont le réalisateur nous a déjà gratifié avec bonheur, fonctionne cette fois au grand jour.
A l’exception d’un marchand de sommeil qui par le biais d’un prête-nom (Soufiane Guerrab) tient à garder l’anonymat et la main sur l’immeuble en question. Les sans-papiers s’y entassent et l’argent récolté ne vient jamais colmater les fissures, ou raccorder les fils électriques dénudés.
Thomas Kruithof a aussi écrit le scénario avec Jean-Baptiste Delafon, l’auteur de « Baron Noir ». Le duo est solide, très inspiré, soutenu par l’intensité du jeu de Reda Kateb totalement aux ordres de sa patronne, qu’il manipule lui aussi à sa façon. Isabelle Huppert tient le rôle à la hauteur des engagements qu’elle porte, avec grandeur et sincérité.
A l’image de ce film si prévisible qu’il nous bouleverse par sa profondeur réelle et le naturel de ses personnages. « Les promesses », une fois encore Thomas Kruithof les a tenues !
Le film
Après « La mécanique de l’ombre », si joliment orchestrée, Thomas Kruithof double la mise dans le genre politique interlope . Il prend cette fois pour prétexte les démêlés d’une mairesse avec les responsables d'un immeuble insalubre où tout le monde ne veut pas faire forcément le bonheur de ses habitants. On croyait connaître ce genre de situations et les films qui vont avec, quand le réalisateur-scénariste, secondé par Jean-Baptiste Delafon, l’auteur de « Baron Noir » donne à voir une farandole scénique extrême autour d’un pouvoir dont l’illusion est bien la pierre angulaire de toute discussion. Avec les faux amis et vrais parias dans ce monde de faux-culs où il faut bien ravaler un tant soit peu son honneur, et l’exigence d’une honnêteté qui visiblement a parfois des revers insoupçonnés. Solide, très inspiré, le réalisateur est soutenu par l’intensité du jeu de Reda Kateb, face à Isabelle Huppert à la hauteur des engagements de son personnage qu’elle porte, avec grandeur et sincérité. Le reste de la distribution coule de source : Naidra Ayadi, Jean-Paul Bordes, Laurent Poitrenaux, Soufiane Guerrab …