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« Les ogres » de Léa Fehner. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Ils vont de ville en ville, un chapiteau sur le dos, leur spectacle en bandoulière. Ce sont des ogres, des géants, ils en ont mangé, du théâtre et des kilomètres. Fiers et déjantés, ils vivent en tribu, mélangeant famille, travail, amour et amitié . Mais le retour d’une ancienne amante et l’arrivée imminente d’un bébé vont raviver des blessures. Qu’à cela ne tienne, les ogres préfèreront toujours mordre que de reconnaître qu’ils sont blessés. Alors que la fête commence !

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Les Ogres"
De : Léa Fehner
Avec : Adèle Haenel, Marc Barbé, François Fehner, Marion Bouvarel, Inès Fehner
Sortie le : 23 août 2016
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 136 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le fil:m
Le bonus

Meilleur dvd Aout 2016 ( 3 ème )

C’est long, trop long. Certaines scènes méritent une cisaille, d’autres la rupture. Mais une fois le massacre opéré, le film n’aurait plus la même intensité. Cette exaltation de tous les instants qui nous conduit au plus profond des êtres, et de leur folie virevoltante, en quête d’absolu.

J’évacue très vite l’allusion à Kusturica .« Les Ogres » peut y faire penser. C’est l’esprit sans la poésie, la grâce sans le lyrisme. Léa Fehner passe sans coup férir sur l’autre rive, là où des gens de théâtre qui font souvent le cirque, disent que la vie ne peut-être vécue qu’au jour le jour.

Adèle Haenel et Marc Barbé un couple tiraillé par des sentiments extrêmes.
Adèle Haenel et Marc Barbé un couple tiraillé par des sentiments extrêmes.

Alors la frénésie s’empare du petit matin à peine réveillé, pour une nuit trop agitée, de fête et d’alcool, ou de disputes conjugales. Et puis la vie reprend son cours au fil de la journée et cherche désespérément qui sont les vrais enfants de cette tribu en liberté.

Les mômes s’amusent sagement, les grands vaquent à leurs préoccupations, professionnelles ou privées. Qu’importe, la réalisatrice les mêle avec aplomb. Ca ne s’arrête jamais , elle tient le bon tempo quand l’impro prend le pas sur le scénario. L’amalgame est de mise dans cette confusion du temps qui échappe aux hommes et à leur identité.

Un metteur en scène, un père de famille, François Fehner a bien du mal à contenir tout son petit monde...
Un metteur en scène, un père de famille, François Fehner a bien du mal à contenir tout son petit monde…

Le metteur en scène (François Fehner) en perd ses repères. Entre sa troupe et sa petite famille, sa défroque de mari et de père qu’il quitte à peine le temps d’une pirouette. Il est super, qui vitupère que «  c’est un théâtre, pas un cirque ici, ou alors ça s’appelle le bordel ! ». On s’en approche effectivement souvent, au point de mettre à l’encan sa propre femme qui désespère de ses rides.

C’est le malheur aux enchères, une scène indigne et pitoyable comme le remarque un homme de passage, comme pour mieux prévenir l’aversion du spectateur. Mais c’est un jeu, assure le monsieur loyal du spectacle, Marc Barbé complètement ravagé de l’intérieurqui fanfaronne en public pour mieux pleurer au fond de sa caravane. Un beau personnage comme Léa Fehner sait les dessiner.

La représentation  ne s’arrête jamais, même si entre le vrai et le faux, la vérité et la fiction, les limites n’existent plus. D’où cette énergie folle et permanente d’une kyrielle d’acteurs confirmés (Adèle Haenel, Marc Barbé, Lola Dueñas) aux moins connus sur mon carnet d’adresse (François et Inès Fehner, la famille je suppose ou bien encore Marion Bouvarel).

Ils sont tous sur le même rang d’interprétation, excellents, dans cette performance qui se joue au grand air de leur liberté. C’est contagieux.

LE SUPPLEMENT

Trois scènes commentées

  • Par la réalisatrice et Julien Poupard, directeur photo: « La parade »

La première scène tournée. « On a débuté par des scènes qui nous semblaient les plus fugaces, c’était un peu casse gueule, filmer comme ça à l’aube pour commencer, mais bon une manière de mobiliser l’équipe et de donner le la de l’aventure ». « L’idée d’être guidé par les comédiens et surtout ne pas les enfermer » poursuit Julien Poupard, qui évoque «  le travail en amont sur une couleur chatoyante, solaire… »

Deuxième jour de tournage : la parade sur la remorque, «  une troupe qui doit paraître unie, ce sont des comédiens qui viennent du théâtre ou de la rue, ils ne se connaissent pas et  doivent s’entendre immédiatement ».

  • Par la réalisatrice et la scénariste Catherine Paillé : « Autour du personnage d’Inès »

Et des parents, dans le film et dans la réalité. Léa Fehner en parle très bien. «  Un vrai don pour le film que d’avoir accepté de mettre en jeu le feu de leurs relations pour que le film en soit nourri ».

  • Par Julien Poupard et la chef décoratrice, Pascale Consigny. « La perte des eaux »

Plus de 1.000 ampoules pour éclairer le chapiteau, « un décor que l’on peut filmer sous toutes les coutures, un seul et même plan de six minutes ».

Adèle accouche pendant le spectacle. Les figurants n’étaient pas au courant, et je peux vous assurer que moi non plus, je découvre avec ce bonus que toute cette scène ( elle quitte le plateau dans une voiture au milieu des figurants qu’il faut bousculer)  s’est déroulée de cette manière. Une séquence vivante et magnifique à l’image de ce très beau film.

Meilleur dvd Aout 2016 ( 3 ème ) C’est long, trop long. Certaines scènes méritent une cisaille, d’autres la rupture. Mais une fois le massacre opéré, le film n'aurait plus la même intensité. Cette exaltation de tous les instants qui nous conduit au plus profond des êtres, et de leur folie virevoltante, en quête d’absolu. J’évacue très vite l’allusion à Kusturica .« Les Ogres » peut y faire penser. C’est l’esprit sans la poésie, la grâce sans le lyrisme. Léa Fehner passe sans coup férir sur l’autre rive, là où des gens de théâtre qui font souvent le cirque, disent que la vie ne peut-être…
Le fil:m
Le bonus

La longueur excessive ne doit absolument pas rebuter le cinéphile intrépide, avide d’émotions et de sensations fortes. Dans l’esprit de Kusturica, la poésie et le lyrisme en moins, Léa Fehner nous livre brut de brut le quotidien d’une troupe de théâtre ambulante qui joue Tchékhov dans toute sa démesure. A l’image d’une famille (celle du cirque et celle du metteur en scène) qui vit au jour le jour la même histoire. On en vient effectivement à confondre le vrai du faux, la réalité de la fiction. Ca déborde d’une énergie communicative dans les moments de fête comme ceux du découragement social. Mais la légèreté de la mise en scène, ses couleurs et son cadre renouent avec une tradition du cirque et du cinéma réunis, un bel alliage façonné par des acteurs en ébullition. Ca vous donne une de ces pêches !

Avis bonus Trois scènes commentées et c'est génial !

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