Synopsis: Une ville de province au début des années 80. Philippe vit dans l’ombre de son frère, Jérôme, le soleil noir de la bande. Entre la radio pirate, le garage du père et le service militaire, les deux frères ignorent qu’ils vivent les derniers feux d’un monde sur le point de disparaître.
La fiche du film
Le film
Les bonus
- DVD : 03 Mai 2022 . –
Ce film générationnel et daté s’adresse aux générations d’aujourd’hui. Mai 1981, François Mitterrand accède à la présidence de la République dans un contexte politique assez morose. Le chômage fait masse, la jeunesse se désespère.
Pour tuer l’ennui, conjurer l’avenir , Philippe et son frère Jérôme s’évadent dans leur radio-pirate . L’aîné tient le micro et Philippe assure la technique. Fasciné par l’aisance de son frère, et inquiet aussi de sa suffisance.
Leurs différences s’accordent jusqu’au jour où Philippe tombe secrètement amoureux de Marianne la copine de son frère (Marie Colomb). Un point de rupture marqué avec une même pertinence dans la mise en scène de Vincent Maël Cardona .
La relation transgressive devient une initiation pour le jeune garçon qui s’apprête à partir au service militaire.
Autre point de fixation de l’époque, ces trois jours de conscription prennent valeur de refuge historique dans ce monde en mouvement perpétuel pour un petit cœur qui bat la chamade. « Le premier pas, j’aimerais qu’elle fasse le premier pas… » chante Claude-Michel Schonberg dans ses rêves.
Quand son frère (Joseph Olivennes)se noie dans la parano et des excès d’alcool que le père réprimande violemment (Philippe Frécon).
Philippe (Thimotée Robart) demeure un témoin impuissant, et maintenant loin de ce foyer minable, il assume sa vie de troufion dans Berlin coupée en deux. Heureux de vivre sa passion radiophonique ( la séquence anglaise est un bijou d’invention sonore et de fantaisie musicale ) , malheureux de ne pouvoir communiquer aussi facilement avec Marianne.
Un degré supplémentaire dans l’apprentissage de la vie sur fond d’événements historiques, gradués temporellement. La cassette, qui se souvient de la fameuse K7 bidouillée en expert par Philippe, précurseur des DJ et autres platinistes d’une fin de siècle.
Ce siècle issu d’un libéralisme aujourd’hui plutôt mal assumé. Les années Mitterrand le pointent du doigt avec un zeste de mélancolie. La nostalgie camarade !
LES SUPPLEMENTS
- Entretien avec Marion Burger, chef-décoratrice ( photo ci-dessus) … « Il faut avoir une image mentale du film à partir du scénario, pour se mettre à chercher les décors et autres éléments de décor . On essaie de visualiser personnellement ce que ça nous raconte , et ensuite avec le réalisateur on confronte son image à la notre , deux images floues que l’on va essayer de rendre nettes ».
… et Samuel Aïchoun, mixeur son- Un film où il y a des bruits, des sons, des chansons, le technicien est comme chez lui … « On a acheté beaucoup de matériel en relation avec la déco, mais qui puisse aussi être opérationnel pour pouvoir fonctionner en terme de son . On a poussé les machines dans leurs retranchements, on a créé certaines séquences au son avant de les tourner à l’image… ».
- Le réalisateur à la Quinzaine des réalisateurs ( 20 mn ) – Vincent Maël Cardona situe son film dans une perspective foncièrement politique. 1981, l’élection de François Mitterrand.
L’effervescence des radios-pirate qui deviennent des radios-libres… « Le contexte politique est particulier, c’est l’ouverture d’une parenthèse libérale qui ne s’est jamais refermée, on voit qu’elle a inauguré une période ».
« Ca devenait un moment plus que politique, presque anthropologique ( … ) le sentiment d’une génération qui arrive sur le marché du travail en même temps que le chômage de masse. (… ) Cela s’exprime dans la production artistique de l’époque, le no-futur, ce cri intact n’a fait que gagner en intensité, aujourd’hui il me semble que c’est encore plus d’actualité »
Le film
Les bonus
Pour dire comment va le monde , ce premier film signé Vincent Maël Cardona reprend les fondamentaux de notre passé assez récent, sur les années Mitterrand, et cette transition politique qui nous conduira vers un libéralisme débridé.
Philippe surnage au milieu de cette bulle inconfortable, mais tout aussi passionnante pour sa jeunesse qu’il coule auprès de son frère Jérôme qui occupe beaucoup de place.
Les radios libres sont encore pirates mais la fratrie prend malin plaisir à inonder les ondes . Avant que l’âge adulte ne rattrape les mauvais côtés du grand frère quand Philippe découvre l’amour et donc la vie.
Rien de simple, l’aimée l’est aussi par Jérôme. Le service militaire, les fêtes et la boisson, la famille en charpie , l'apprentissage de la vie aux accents de la grande Histoire. Vincent Maël Cardona conjugue avec adresse l'art de la jeunesse mêlée aux bruissements du monde.
AVIS BONUS
Une décoratrice, un preneur de son racontent la manière dont ils opèrent. Le réalisateur au festival de Cannes répond au public.