Dinard est en émoi, " Prevenge" est sur tous les écrans
La fiche du film
Le soleil ! C’est un lieu commun, mais ça fait du bien. La 27 ème édition du festival dinardais s’est ouverte hier en épelant quelques notes estivales, sur des terrasses bondées où les dames de la côte sirotent encore du vin blanc perlé. Au son d’une musique tranquille qui nous mène parfois vers des salles obscures (festival, quand même !) où le jeune cinéma britannique tente de se faire un nom. La chose n’est pas aisée. Je n’ai pas fait le compte des films projetés l’an passé dans la ville bretonne, mais très peu ont trouvé distributeurs sur le sol français.
L’édition présente est encore trop fraîche pour tenter d’en discerner les contours, mais l’insistance des rapports humains, le plus souvent assez violents, semble marquer la préférence des réalisateurs sélectionnés. Ce qui vire parfois à l’outrance. Voir « Away » de David Blair et notre pauvre « Turner » (Timothy Spall) dans les frusques d’un clochard pathétique. L’homme n’a pas supporté la mort de son épouse malade depuis des années. L’arrivée inopinée d’une jeune femme dans sa vie ne fait que l’enfoncer un peu plus dans son désarroi.
Le jeu du comédien pose une histoire profonde, écorchée vive, entre deux êtres que tout oppose. Un trafic de drogue met à mal les relations des acteurs de ce drame. Ce qui n’est pas forcément nouveau et ne renouvelle pas un genre que l’on pourrait espérer plus audacieux de la part des candidats à la relève.
Philip John réussit beaucoup mieux avec « Moon dogs » l’aventure assez particulière de deux demi-frères, très dissemblables. Ils ne s’entendent pas vraiment, jusqu’à ce qu’ils décident de partir pour Glasgow. L’un espère renouer avec sa mère nourricière, l’autre avec sa petite copine.
Ajoutez au propos une histoire d’héritage viking auquel tient absolument le papa de Thor (ça ne s’invente pas) et auquel Thor n’entend pas adhérer. C’est pourquoi la proposition du frangin de mettre les voiles tombe à pic. Le tout est assez bien mené dans un road movie d’abord déjanté en compagnie d’une demoiselle qui n’a pas froid aux yeux. Mais Philip John est surtout au mieux de sa forme quand il débarque à Glasgow où cette fois les confrontations avec les femmes tant aimées ne sont bien évidemment pas de l’ordre du glamour.
C’est encore plus vrai dans le film qui déjà fait jaser les festivaliers. Plusieurs personnes ont quitté la salle avant la fin (à Dinard, c’est plutôt rare) et à la sortie, les commentaires s’écharpaient joyeusement. J’ai nommé « Prevenge » ou les avatars d’une dame enceinte, également serial killer, qui ne trucide pas forcément ses victimes par plaisir. C’est tout le sel de l’histoire que la réalisatrice Alice Lowe mène d’autant plus habilement qu’elle endosse le rôle de la femme méchante.
A part quelques images sanguinolentes, très expressives, dont je me serais très bien passé, le reste est un condensé d’humour et d’humeur décalés, au cœur d’une enquête psychologique que mène l’héroïne afin de déterminer le profil de la future victime. C’est drôle et radical, fin et viscéral. Je lui verrais bien quelque chose dans le palmarès, mais trois films demeurent encore sans réponse. Y’a queqchose qui cloche là-dedans, j’y retourne immédiatement.
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