Synopsis: Sous le régime de Vichy, 45000 internés sont morts dans les hôpitaux psychiatriques français. Un seul lieu échappe à cette hécatombe : l’asile de Saint-Alban. Soignants, malades et religieuses luttent ensemble pour la survie et accueillent clandestinement réfugiés et résistants. Grâce aux bobines de films retrouvées dans l’hôpital, « Les Heures Heureuses » nous plonge dans l’intensité d’un quotidien réinventé où courage politique et audace poétique ont révolutionné la psychiatrie après-guerre.
La fiche du film
Le film
A l’heure où le monde psychiatrique est malmené par de nouvelles réglementations et des bouleversements administratifs, via la suppression de nombreux postes, ce documentaire apparait comme un témoignage implacable de la vie à l’asile de Saint-Alban. Et de ses acquis bien éreintés aujourd’hui.
Dès l’avant-guerre, des films amateurs y ont été tournés et les bobines retrouvées, parfois sur des images pas très nettes, et un son approximatif, fixent à jamais la valeur du travail effectué.
Par le corps médical, mais aussi ses pensionnaires, les fous comme on les nommait sans détour. Aux yeux de l’institution locale, ils faisaient partie intégrante du village.
Parmi les nombreuses activités manuelles ou intellectuelles proposées, le labo photo animé par les malades, était très demandé.
Un état d’esprit, déjà une autre idée de la psychiatrie voit le jour dans l’asile de ce village perdu au centre de la France, Saint-Alban-sur-Limagnole. Deux psychiatres président alors à sa destinée : Lucien Bonnafé et Francesc Tosquelles , un émigré espagnol réfugié en France .
Sa culture de la résistance au service de sa profession, le lieu devient rapidement le point de rencontre d’une lutte clandestine, contre toute forme d’oppression , de la folie à l’accueil des réfugiés, des juifs, des résistants.
Paul Eluard en sera peut-être le plus célèbre au milieu des anonymes qui sans le savoir assistent à la naissance de la psychothérapie institutionnelle qui révolutionne la psychiatrie d’après-guerre.
Les témoins n’apparaissent jamais à l’écran, les professionnels non plus.
L’aspect polyphonique rend encore plus tangible la voix de ces personnages qui ont écrit une grande page de la psychiatrie française. Parmi eux Jean Oury alors interne à Saint-Alban . Quinze ans plus tard ( 1953 ) il crée la clinique de La Borde ( Loir et Cher ) où il met en pratique la psychothérapie institutionnelle.
Là où le malade prend une part active à la gestion des activités de l’hôpital. Là où il se sent bien, comme chez lui , ou presque…
Le film
Des films amateurs, des archives retrouvées dans l’hôpital de Saint-Alban,-sur-Limagnole et toute une époque de la psychiatrie revit aujourd’hui depuis l’avant-guerre, pour nous rappeler ce que pouvait être le soin mental , appliqué au terrain. Les témoins n’apparaissent jamais à l’écran, les professionnels non plus. L’aspect polyphonique rend encore plus tangible la voix de ces personnages qui vont et viennent à travers des images pas toujours forcément nettes, mais dont la puissance évocatrice nous ramène au problème de la psychiatrie actuelle transformée, normalisée, institutionnalisée. A l’heure où elle est malmené par de nouvelles réglementations et des bouleversements administratifs via la suppression de nombreux postes, cette aventure collective et intellectuelle majeure mêle courage politique et audace pour une humanité retrouvée.