- Cinéma : 13 juillet 2023
- DVD : 16 juillet 2024
- Durée : 3 heures et 9 minutes
- Acteurs : Deniz Celiloglu, Merve Dizdar, Musab Ekici, Ece Bagci, Erdem Senocak
- Sous-titres : Français
- Langue : Turc
- Studio : Memento Distribution
L’histoire : Samet est un jeune enseignant dans un village reculé d’Anatolie. Alors qu’il attend depuis plusieurs années sa mutation à Istanbul, une série d’événements lui fait perdre tout espoir. Mais il vient de rencontrer Nuray, jeune professeure comme lui…
Cannes 2023 . Prix d’interprétation Merve Dizdar,
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Le Cinémascope est une arme redoutable chez Nuri Bilge Ceylan. Il s’y attarde et laisse le temps prendre ses marques. Il neige beaucoup, des couleurs apparaissent pourtant sur la palette du réalisateur qui joue sur cette temporalité.
Samet attend sa mutation pour Istanbul . Professeur de dessin dans un village perdu en Anatolie, il n’attend plus rien d’autre que cette échappatoire d’un monde « où si tu commences à avoir pitié de tout et de rien, tu ne tiendras pas longtemps ici » .
C’est la recommandation du vieux Vahit (Yüksel Aksu), un sage à sa façon, un brin moraliste aussi qui donne des leçons et fait ses commentaires sur tout ce qui bouge . Pourtant les soucis récents de Samet (Deniz Celiloğlu) et de son colocataire Kenan échappent à ses diatribes.
On reproche aux deux enseignants un comportement inapproprié. Le principal est très vague sur le sujet, le recteur n’entend pas communiquer l’origine de la plainte, ni le nom de ses auteurs. Ils sont accusés, qu’ils se tiennent à carreau, l’administration n’en demande pas plus.
Absurde, kafkaïenne, injuste, la situation frise le ridicule. Qui ne tue pas, selon l’expression que rejettent les deux hommes. Ils sont dévastés.
La parano les guette, surtout Samet, si proche de ses élèves, que toute son éducation chavire face à de telles accusations. Elles seront peut-être sans conséquence, mais elles affectent terriblement les relations entre les deux amis. Et la confiance qui quotidiennement les menait tranquillement de leur appartement à l’école.
Tout le fondement de la vie recroquevillée dans ce village véritablement sans âmes où apparait Nuray (Merve Dizdar) , rupture radicale dans l’évolution des rapports et l’esprit du film .
Les préoccupations scolaires s’estompent au profit d’un étonnant triangle amoureux.
Il ne dit jamais véritablement son nom, mais formule des intentions dans un respect désormais timide entre les deux hommes. L’affaire a laissé trop de traces, et si bizarrement il n’en sera pas question avec Nuray, elle entache à jamais leurs relations.
Ce que relate cette seconde partie , plus confuse et brouillonne dans les rapports entretenus. On discute encore beaucoup, logorrhée sur l’art de conduire le monde, ou pour Nuray de l’entretenir dans un carcan social plus humain.
Pragmatique, politique, la jeune femme dévie la trajectoire du film , s’empare d’une distinction cannoise, un peu surprenante, et nous laisse sur l’attente d’un dénouement tout autre. Trois heures plus tard …
- BONUS: Interview réalisateur et comédiens
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Les triangles amoureux dans ce blog :
Le film
Il est quand même difficile d’appréhender ce genre de film qui sur la longueur ( 3 heures ) ne tient pas les rênes d’un scénario bavard et à la longue un peu confus. Il est question d’une amitié entre deux professeurs qui va s’émousser en raison d’une affaire litigieuse au sein de leur établissement. Le regard sur les relations entre les deux hommes, lié à celui d’une éducation scolaire me parait le plus intéressant dans ce récit dont l’esprit s’échappe complètement lorsqu’il est question d’un triangle amoureux. A l’origine le réalisateur semblait partir sur les rapports hiérarchiques dévoyés vers une oligarchie sans fondement. L’attitude du principal et du recteur ne manque pas d’à-propos au moment d’exposer les faits reprochés aux deux hommes. Mais ce n’est qu’une parenthèse pour disséquer ensuite l’âme humaine , ses travers, ses contradictions, jusqu’à la confusion des sentiments dans ce trio qui parait se perdre lui-même à force de logorrhée intempestive. La jeune femme qui dévie la trajectoire du film , s’empare d’une distinction cannoise, un peu surprenante, et nous laisse sur l’attente d’un dénouement tout autre. Trois heures plus tard …