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« Les feuilles mortes » de Aki Kaurismaki . Critique cinéma-dvd

  • 20 septembre 2023 en salle
  • DVD : 06 février
  • 81min / Drame, Comédie, Romance 
  • Avec Alma Pöysti, Jussi Vatanen, Janne Hyytiäinen 

 Synopsis : Deux personnes solitaires se rencontrent une nuit à Helsinki et chacun tente de trouver en l’autre son premier, unique et dernier amour. Leur chemin est obscurci par l’alcoolisme de l’homme, la perte d’un numéro de téléphone, l’ignorance de leur nom …

  • .Le Film : 
  • Le bonus :

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article

Kaurismaki ne voulait plus faire de film . A la vue de celui qui nous comble aujourd’hui on comprend son hésitation. L’homme est tellement désabusé, désappointé, déboussolé par le monde qui depuis des lustres ne tourne pas bien rond.

Ce qu’il nous rappelle dans un décor incertain de bleu froid , sombre, aux ombres insistantes . On est bien chez Kaurismaki à nul autre pareil dans cette ambiance où il va puiser encore malgré tout un peu d’énergie pour relancer l’espoir.

Autour d’un couple qui n’existe pas, et qui n’arrive pas à se trouver. Ansa et Holappa (Alma Pöysti et Jussi Vatanen)  se rencontrent par hasard, et s’oublient. Elle vaque à ses occupations, serveuse dans un bistrot, il assume des petits boulots qui ne lui rapportent rien.

Holappa boit beaucoup, sur les chantiers notamment, ce qui le met immédiatement au pilori.

Législation sociale complètement caduque, dans un monde en décalage où la guerre entre l’Ukraine et la Russie occupe les oreilles d’Ansa quand son compagnon possible se promène devant des affiches de cinéma d’une autre époque.

Bresson, Godard, Visconti « Rocco et ses frères » …

Kaurismaki alterne le vrai et ses souvenirs dans un sur-place scénographique, où la précarisation du travail se mêle aux amours fugaces d’Holappa et Ansa … Ils vont bien finir par se retrouver. Retrouver le nom de l’un, l’adresse de l’autre et puis se fréquenter en écoutant les chansons qui racontent leur pauvre existence.

Dans ce cabaret brechtien des âmes perdues , les consommateurs en sommeil , aux tronches défraichies participent à cet élan d’amour et d’humour en demi-teinte que le cinéaste pose comme un dernier ultimatum à son appel à l’aide.

C’est à la fois poignant et souriant, mélancolique aussi quand résonne cette ballade des plus démunis à la Chaplin qu’il rappelle dans un final éblouissant.

Et dire qu’il ne voulait plus faire de film !

Il y a toujours de la musique chez Kaurismäki

LE SUPPLEMENT

  • Rencontre avec Marcos Uzal, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma -Le cinéma de Kaurismaki , il le définit et insiste sur le profil de ses personnages «  tous  des prolétaires, des perdants .. »

Ce qui nous plonge directement dans ce dernier film , avec des laissés pour compte, dans une société implacable-« L’anachronisme, caractérise les films de Kaurismaki (…) avec un goût très prononcé pour les années cinquante, qui renvoie au cinéma de cette époque-là ».  La vision politique de ses anachronismes :  les guerres, le chômage, la lutte des classes … ont toujours existés

Le cinéaste demeure à distance pour regarder la réalité contemporaine ,  « il ne succombe jamais aux modes, (…) résistance à ce qui arrive à ses personnages. (…)  Avec clarté et tranchant, dire des choses sur les réalités d’aujourd’hui … »

20 septembre 2023 en salle DVD : 06 février 81min / Drame, Comédie, Romance  Avec Alma Pöysti, Jussi Vatanen, Janne Hyytiäinen   Synopsis : Deux personnes solitaires se rencontrent une nuit à Helsinki et chacun tente de trouver en l’autre son premier, unique et dernier amour. Leur chemin est obscurci par l’alcoolisme de l’homme, la perte d’un numéro de téléphone, l’ignorance de leur nom ... .Le Film :  Le bonus : Si les étoiles n'apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l'article Kaurismaki ne voulait plus faire de film . A la vue de celui qui nous comble aujourd’hui on comprend…
Le film
Le bonus

Un Kaurismaki se reconnait au premier coup d’œil dans un regard qui ensuite ne vous lâche plus. Pour faire connaissance avec ses personnages et les accompagner sans hésiter, tant l’invite est précieuse et le discours urgent. Cette fois une rencontre de hasard entre un homme et une femme, qui maintenant se cherchent, sans adresse, sans téléphone, mais conscient que c’est encore un peu de bonheur qui leur reste à partager. Entre les cris de guerre en Ukraine et les souvenirs d’un passé cinéphile, Kaurismaki alterne la peine et la mélancolie, et l’humour en demi-teinte provoquée par le hasard. Ou le portrait des consommateurs aux tronches pas possibles, reliquats d’une société en déconfiture . Holappa et Ansa sont touchants, émouvants et fiers d’appartenir à la communauté Kaurismaki. Celle des gens biens, tout simplement .

AVIS BONUS Le regard de Marcos Uzal, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma sur l’œuvre du cinéaste

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Un commentaire

  1. Un très bon Kaurismaki (comme d’habitude) à voir quand on a trop le moral avec Kaurismaki (comme…). Quelques traits d’humour, de poésie et de références bienvenus.
    Un très bon moment. Je recommande.

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