- 3 juillet 2024 en salle
- 1h 46min | Drame, Thriller
- Avec Adam Bessa, Tawfeek Barhom, Julia Franz Richter
L’histoire : Hamid est membre d’une organisation secrète qui traque les criminels de guerre syriens cachés en Europe. Sa quête le mène à Strasbourg sur la piste de son ancien bourreau.
Lauréat #FondationGan 2022
Prix Louis-Delluc 2024 du Meilleur Premier Film !
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Inspiré de faits réels.
Hamid était professeur à l’Université de Beyrouth. Libéré des prisons syriennes de Bachar el Assad, il reprend peu à peu ses marques entre Berlin, Strasbourg et Paris. Mais son empreinte demeure inachevée. Son bourreau vit lui aussi en France, recherché par l’organisation secrète à laquelle Hamid participe activement.
Le littéraire converti en inspecteur, dans un contexte policier sans police, voilà le quotidien d’Hamid confronté aux doutes existentiels de sa démarche. Les traces de son récent passé cisaillent son dos, le souvenir des tortures endurées défile sur son magnétophone où d’autres prisonniers ont témoigné … Et cette voix lancinante qu’il entend encore et toujours.
Le seul recours fiable à l’espoir qui le porte . La tête recouverte d’un sac, le jeune homme n’a jamais vu le visage de son bourreau. Seul le martèlement de ses mots résonne encore. Et quand il réussit à l’approcher, à l’écouter parler au téléphone , le doute n’est pas permis.
Ses proches le mettent en garde, trop de fausses pistes ont émaillé ses précédentes filatures. A sa mère qui le croit en Allemagne, sur une bonne situation, il dit que tout va bien. Il retournera même à Beyrouth pour lui apporter des médicaments, mais de façon anonyme.
Son retour au pays, c’est l’ultime adieu à sa femme et à sa petite fille qu’il ne verra jamais plus. Et c’est aussi probablement la clé de son mystère.
Celui que Jonathan Millet laisse quasiment en suspens au milieu d’une foultitude d’interrogations sur la démarche d’Hamid et de ses compagnons. Sa mise en scène, âpre, rigoureuse, établit le constat d’une vacance de la Justice sur les criminels de guerre, en liberté, en toute impunité.
Hamid et ses amis s’engouffrent dans la faille où ils ne trouvent pas forcément les réponses à leurs attentes. La vengeance, la rédemption, le pardon…
Le personnage joué par Adam Bessa, avec distance, justesse aussi, porte bien tout le poids de cette (en)quête personnelle, élevée au rang d’un sacrifice, d’un pays perdu.
- Un documentaire sur le sujet » Les âmes perdues » de Stéphane Malterre et Garance Le Caisne
Un peu dans l’esprit du documentaire de Stéphane Malterre et Garance Le Caine, sur la traque d’officiers syriens en Europe ( « Les âmes perdues »), Jonathan Millet ouvre le dossier de tous les partisans de Bachar El Assad , réfugiés en Europe ,qui tentent de se faire oublier. Une association secrète mène une chasse discrète à leur encontre. C’est l’histoire d’Hamid ( d’après des faits réels) que l’on découvre ainsi entre la France et l’Allemagne, professeur à Beyrouth et libéré , non sans conséquence des geôles syriennes. Son bourreau aurait été repéré à Strasbourg où il étudie la chimie … Il le traque l’approche, le renifle , l’épie, le surveille, écoute ses conversations au téléphone, et alors c’est la voix qui revient. La mise en scène, âpre, rigoureuse, établit le constat d’une vacance justiciable sur ces criminels de guerre, en liberté, en toute impunité. Hamid et ses amis s’engouffrent alors dans la faille où ils ne trouvent pas forcément les réponses à leurs attentes. Le personnage joué par Adam Bessa, avec distance, justesse aussi, porte bien tout la force de cette (en)quête personnelle, élevée au rang d’un sacrifice, d’un pays perdu.
Tension palpable pour ce récit d’espionnage : la reconnaissance d’un ancien tortionnaire par le biais de son odeur et de ses manies,nous tient en haleine jusqu’au bout!
La charge émotionnelle est à son comble ,d’autant plus que le protagoniste parle peu et nous communique son mal être : quel talent cet Adam Bessa!
Son ex tortionnaire se pose là également en tant qu’acteur , mais guère d’empathie pour lui.
On en revient toujours à la réflexion : comment un être humain peut-il infliger autant de tortures ,qu’elles soient physiques ou psychologiques ( en général,elles vont malheureusement de paires) à un autre être humain.
Bravo au réalisateur dont l’enquête sur le sujet ( réseaux de résistants traquant les criminels de guerre)est approfondie.
A voir et à ressentir…