Synopsis: Nichée au pied de la cordillère des Andes, la Villa Baviera est une tranquille communauté allemande, destination prisée des touristes. La beauté des lieux et les sourires figés de ses habitants cachent les terribles secrets de la Colonia Dignidad, la colonie religieuse fondée par l’ancien nazi devenu partisan de Pinochet, Paul Schäfer. Sur cette terre où victimes et bourreaux se côtoient, chacun tente de s’arranger avec son passé.
La fiche du film
Le documentaire
Deux films à ma connaissance évoquent l’existence de cette colonie allemande, fondée au Chili, après la seconde guerre mondiale par Paul Schäfer, un ancien brancardier de la Wehrmacht.
« Colonia » de Florian Gallenberger et « La Marque des anges – Miserere » de Sylvain White
Le documentaire qui retourne sur les traces de ce tortionnaire d’enfants est édifiant. La sinistre Colonia Dignidad est devenue la Villa Baviera, haut lieu touristique au pied de la cordillère des Andes que fait visiter avec entrain et bonne humeur, Jürgen, un ancien pensionnaire de la Colonia, l’une des plus grandes victimes de Schäfer.
Mais pour lui, « le passé c’est le passé, on a pardonné » et la vie reprend son cours. Celui que suivent aujourd’hui Marianne Hougen-Moraga et Estephan Wagner, en compagnie des témoins de cette époque noire. Victimes ou bourreaux …
Leurs souvenirs sont intacts et parfois nostalgiques. Dora, écarte de son sourire paisible, toute allusion aux agissements du maître d’alors. Elle cultive ses fleurs, chante à loisir, comme autrefois dans la chorale. Elle accueille les touristes dans son magasin.
Ni contrition, ni rédemption ( elle est très croyante ) pour cette période que Acki n’en finit pas de vomir. L’homme a quitté les lieux et y revient pour revoir son copain Horst, l’apiculteur et sa femme Helga.
Acki ne les comprend pas, eux qui demeurent à vie sur place, malgré la hiérarchie enracinée à la Villa Baviera. Les descendants des bourreaux ont repris la suite d’une association, qui en dehors des déviances sexuelles, conserve la rigueur et l’exigence d’une conduite militaire.
« Avec le recul ce système parait effrayant » reconnait Maria, aujourd’hui infirmière qui vit elle aaussi au sein de la communauté. Elle soigne les personnes âgées qui autrefois l’ont peut-être fait souffrir.
Dépression nerveuse, psychiatrie, elle affirme aujourd’hui être guérie de ses fantômes. Deux d’entre eux, grabataires, entonnent un chant de l’époque…
Mais comment cette population réussit-elle à vivre là où elle a connu l’enfer ? Paul Schäfer punissait les petits garçons à sa manière, quand ses sbires ( on disait alors « hiérarques » ) frappaient sans raison.
« On a appris à se soumettre » confesse Schorsch , aujourd’hui critique sur ce passé, mais persuadé que la colonie lui a inculqué de bonnes valeurs. « Je remercie Schäfer pour cette éducation, il m’a notamment appris la musique ».
Et peut-être aussi à jouer au petit dictateur quand à l’arrivée de Pinochet, il met sa colonie au service du putschiste. Des prisonniers politiques du régime y ont été torturés, assassinés, puis enterrés. Aux yeux de Dora la fleuriste, « Pinochet était quelqu’un de très gentil, il a fait beaucoup pour redresser le pays, mais il ne savait peut-être pas ce que faisaient ses généraux. »
On tire l’échelle ? on appelle au secours ? Les révisionnistes sont de tout temps, les négationnistes aussi, loin de la vérité et de l’amour qui devraient ici présider à la survie de la mémoire.
L’héritage est beaucoup plus nuancé, entre pardon et compromission. Le mal enraciné.
Le documentaire
Deux films « Colonia » de Florian Gallenberger et « La Marque des anges – Miserere » de Sylvain White évoquent cette colonie allemande, fondée au Chili, par Paul Schäfer, un ancien brancardier de la Wehrmacht. Une histoire qui aujourd’hui se poursuit nous disent Marianne Hougen-Moraga et Estephan Wagner, à travers l’existence d’un nouveau lieu dirigé par les enfants de ceux qui autrefois suivaient aveuglément les préceptes de Schäfer à l’égard de l’éducation des jeunes. Condamné pour abus sexuels, le maître faisait régner un climat de terreur, ses sbires reprenant fouet et bâton pour corriger les pensionnaire de la colonie. Le plus édifiant de cet excellent documentaire est de rencontrer aujourd’hui les survivants de cet enfer , des victimes qui côtoient leurs bourreaux, les uns les autres plus ou moins réunis dans une concorde étonnante. Certains locataires du lieu admettent la cruauté de ce passé, mais préfèrent l’oublier. D’autres écartent gentiment toute allusion aux sévices d’autrefois. La Villa Baveria est devenu un lieu touristique que fait visiter Jürgen, l’une des plus grandes victimes de Schäfer. Mais pour lui, « le passé c’est le passé, on a pardonné » et la vie reprend son cours. L’Histoire elle n’oublie pas : sous Pinochet, des prisonniers politiques y ont été torturés, assassinés, puis enterrés. Aux yeux de Dora la fleuriste, « Pinochet était quelqu’un de très gentil, il a fait beaucoup pour redresser le pays, mais il ne savait peut-être pas ce que faisaient ses généraux. » On tire l’échelle ? on appelle au secours ?