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« Les Camarades » de Mario Monicelli. Critique dvd

Synopsis: A la fin du XIXème siècle, à Turin, les ouvriers, soumis à un rythme de travail infernal entrent en conflit à la suite d’un nouvel accident. En guise de protestation, ils partiront une heure plus tôt. Mais les patrons profitent de leur inexpérience pour les berner. L’instituteur Sinigaglia, un militant socialiste, fraîchement débarqué de Gênes, les pousse à s’organiser…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Les Camarades [Édition Digibook Collector Blu-ray + DVD + Livret]"
De : Mario Monicelli
Avec : Marcello Mastroianni, Renato Salvatori, Annie Girardot, Gabriella Giorgelli, Folco Lulli
Sortie le : 12 decemb 2018
Distribution : TF1 Vidéo
Durée : 130 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 2
Le film
Les bonus

Un contexte historique (les grèves turinoises de la fin du XIX ème) et contemporain (la situation sociale et politique italienne au milieu du XX ème) inspire Mario Monicelli, le communiste, pour cette grande œuvre populaire.

A l’aube du siècle dernier, les familles patronales règnent sur l’économie. Toute contestation, aussi minime soit-elle est réprimée par des sanctions, le plus souvent individuelles.

Diviser pour mieux régner est à l’ordre du jour dans ce monde capitaliste, instruit et organisé face à la population ouvrière, illettrée bien souvent.

Dans cette grande fabrique de textile, après 14 h de travail quotidien, l’homme et la femme ne résistent plus à la fatigue. Les accidents se multiplient et pour une heure de travail en moins le soir, l’usine se met en grève.

Les meneurs ne sont pas des bravaches, mais de braves gens intimidés par la prestance de leur directeur ingénieur et ses adjoints dont la pression discrète risque de tuer l’action dans l’œuf.

Cette situation qui n’a rien d’inédite, au cinéma comme dans la vie, Monicelli la résume avec une âme de militant, véritable acteur au cœur de sa propre mise en scène pour des mouvements de foule insensés dans leur authenticité et si vrais encore aujourd’hui.

Un regard collectif empreint d’une connaissance parfaite de l’homme dont il sculpte des portraits sans retouche. Des comédiens parfaits : Bernard Blier, Renato Salvatori, Folco Lulli et l’inépuisable Marcello Mastroianni dans le rôle du professeur venu de la ville pour mettre en place un syndicat ouvrier.

La situation parait caricaturale, mais là encore d’un réalisme confondant quand dans la boue de l’usine tombe le premier ouvrier tué par les balles des soldats venus réprimer une manifestation.

Le professeur leur fait comprendre la nécessité de l’union, avant l’action. Il les rassemble dans un souffle commun au lyrisme débordant d’espoir et de d’amour. La belle Niobé (Annie Girardot) entend elle aussi le discours de l’intello confondu par tant de beauté et d’intelligence.

Les femmes sont au cœur de la révolte. Bianca, Adèle, Cesarina, des prénoms qui se chantent pour se donner du cœur à l’ouvrage. Ce que fait magnifiquement bien Monicelli en les accompagnant sans faillir.

LES SUPPLEMENTS

  • Willy Gianinazzi, historien et spécialiste du syndicalisme italien ( 26 mn ) . Il est visiblement surpris par ce film de la part du « maître de la comédie à l’italienne » style qu’il résume à « des histoires de gens du peuple avec un côté dramatique, des situations pitoyables marquées par la dérision et l’ironie ».

« C’est donc un film qui déroge à ce genre, un film très différent de ce que Monicelli a déjà produit ».

L’idée lui est venue en remontant à Paris la place de la Bastille au début des années soixante : la révolution française de 1789, des grèves à Turin chez Fiat en 1962 et surtout en 1960 à Gênes des manifestations fascistes qui appuyaient le gouvernement alors qu’il était en train de vaciller.

Willy Gianinazzi, rappelle ce qu’était Turin, et le tournage qui se fera dans une autre ville pour des raisons architecturales. Des ouvriers en grève participent au film et Monicelli renfloue leur caisse de solidarité.

  • Mario Monicelli, rencontre. ( 10 mn ) . « Le genre de films que j’ai toujours fait » raconte le cinéaste, légèrement en contradiction avec Willy Gianinazzi .

« Je viens du communisme, ses problématiques m’intéressent, dont la dissension à l’époque avec le parti socialisme ». Il donne sa vision du néo réalisme, « qui n’a rien inventé » développe-t-il ensuite.

C’est intéressant, assez nouveau à l’époque dans le discours du cinéma et légèrement en désaccord avec ce qui précède.

Monicelli évoque les différents styles de cinéma en fonction des pays, dont la mise en scène élégante, pour des comédies spirituelles en France, « j’aimais beaucoup travailler avec des comédiens français, comme Blier avec qui j’ai dû faire sept films, Annie Girardot… »

Le réalisateur explique pourquoi son film n’a pas marché à ses débuts.« Les exploitants qui sont de vrais boutiquiers n’ont pas accepté une comédie à l’italienne sur un thème aussi social, ils n’ont rien fait pour aider le film … »

Un contexte historique (les grèves turinoises de la fin du XIX ème) et contemporain (la situation sociale et politique italienne au milieu du XX ème) inspire Mario Monicelli, le communiste, pour cette grande œuvre populaire. A l’aube du siècle dernier, les familles patronales règnent sur l'économie. Toute contestation, aussi minime soit-elle est réprimée par des sanctions, le plus souvent individuelles. Diviser pour mieux régner est à l’ordre du jour dans ce monde capitaliste, instruit et organisé face à la population ouvrière, illettrée bien souvent. Dans cette grande fabrique de textile, après 14 h de travail quotidien, l’homme et la femme…
Le film
Les bonus

On ne le cite pas parmi les grands classiques et pourtant ce film est d’une hauteur appréciable (55 ans) qui sans renier la réelle fibre populaire de l’époque tend encore aujourd’hui à prôner un cinéma de révolte et de liberté. A l’interprétation remarquable des Mastroianni, Blier, Salvatori, Girardot… se conjugue la mise en scène de Monicelli qui y met plus que du cœur, de la raison et de la volonté aussi. AVIS BONUS Le regard du cinéaste (très éclairant) et celui d’un spécialiste du syndicalisme italien, tout aussi important à entendre.

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