L’histoire : David, est grièvement blessé au Mali dans une explosion. Rapatrié en France, il souffre d’amnésie et commence une longue convalescence sous le regard dévoué de sa sœur Jeanne.
Dans la maison familiale des Pyrénées, entre montagnes et lacs, Jeanne tente de raviver sa mémoire, mais David ne parait pas soucieux de se réconcilier avec celui qu’il était …
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
J’ai pensé aux « Roseaux Sauvages » , et plus encore à « Ma saison préférée » des thèmes iapprochants, ce même fil d’équilibriste , ténu sur lequel les protagonistes assument des profils qu’ils n’ont pas choisis.
C’est la famille d’André Téchiné que rejoint maintenant David, de retour d’une opération militaire au Mali, après avoir été grièvement blessé. Le jeune homme a perdu la mémoire . Il va lui falloir réapprendre à vivre auprès de sa sœur Jeanne.
Il ne la reconnait pas, comme il ne reconnait pas son environnement d’autrefois, le voisin, les gens de la commune.
Jeanne se met entièrement à son service, établissant de nouveaux rapports avec ce frère qui tente de se souvenir, mais s’accommode rapidement de son état de fait : tout reprendre à zéro, et réinventer son monde.
Alors Jeanne s’accroche. Elle rejette toute aide extérieure pour ne se consacrer qu’à sa mission. André Téchiné la filme ainsi et sans s’attarder sur de possibles détails, il va au plus juste, à l’essentiel, à l’évidence … Il sonde le cœur du problème, son passé, et la vie sociale qu’il lui faut retrouver dans ce petit village où la mairesse est aussi une conseillère, et surtout une amie. (Audrey Dana, très bien)
Elle sait leur histoire, elle les préserve dans le secret que toute famille se veut contenir. C’est peut-être pourquoi Jeanne maintenant se désespère., de cette histoire d’autrefois qu’elle n’arrive plus à assumer.
Noémie Merlant donne, une fois encore, le meilleur de son personnage bringuebalé par des sentiments contradictoires, mais si puissants, si évidents qu’ils rejaillissent dans la singularité de son interprétation. Toute empruntée à celle de Benjamin Voisin lui aussi foncièrement habité par une âme qui n’existe que dans la résolution d’un avenir complètement hypothétique.
Il tâtonne et se révèle , et rejoint sinon la vérité, du moins la réalité de son destin. Il rejoint la famille, là où « Les âmes sœurs » rayonnent, troublantes, aimantes…
Pour la petite histoire :
Le film
Autant la persistance de Lelouch ne m’atteint guère, celle de Téchiné m’émerveille encore devant une tel regard sur le monde, une telle acuité. Dans la lignée d’une filmographie qui se révèle cohérente et conforme à son dernier opus, le réalisateur donne des nouvelles de sa famille de cinéma qui s’agrandit joliment au fil des révélations et des récentes découvertes. Noémie Merlant et Benjamin Voisin complètent ainsi une belle lignée sur un récit qui évoque aussi bien la France en conflit à l’étranger, que le quotidien d’une mairesse dans un petit village des Pyrénées. Entre les deux un électron libre, qui a perdu la mémoire et semble ne pas trop en souffrir, tant il peut désormais agencer son existence à sa guise. Son entourage tente de le ramener à sa vie d’autrefois , et sa sœur qui ne lâche rien, paraît à son tour peiner dans ses souvenirs. Prisonnière elle aussi de ce passé, de ses réminiscences. Celles que révèle avec pertinence André Téchiné qui sans pathos , ni excès de zèle dramatique, raconte une belle histoire d’amour, une belle histoire de vie. C’est un papa du cinéma d’autrefois, un créateur en phase avec son temps . Un artiste quoi !