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« L’enlèvement » de Marco Bellocchio. Critique cinéma-dvd

  • 01 novembre 2023
  • DVD : 05 mars 2024
  • 2h 15min
  • Drame
  • Avec Enea Sala, Leonardo Maltese, Paolo Pierobon

L’histoire : En 1858, à Bologne, les soldats du Pape font irruption chez une famille juive. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, le fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique.

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article

 

On part sur un malentendu ? Une rumeur ? Dans la papauté régnante à la fin du XIX ème siècle, un enfant juif aurait été baptisé, à l’insu de sa famille.

Alertée une nuit par la milice pontificale, elle n’en croit pas ses yeux. On va lui retirer Edgardo , bientôt sept ans, l’avant-dernier de la fratrie, tous certifiés frères et sœurs par la même religion. 

Edgardo appartient bien à cette lignée. Mais les faits semblent établis sur les témoignages d’un ancien proche des Mortara . Une employée aurait agi pour sauver l’âme du bébé d’alors, souffrotant, des griffes de l’enfer.

Six ans plus tard, la révélation fait l’effet d’une bombe dans les capitales européennes qui dénoncent l’acharnement papal sur un fait de société hors de sa juridiction. Mais Pie IX demeure inflexible, l’enfant devenu chrétien, doit rejoindre l’Eglise catholique. Enea Sala, un gamin, extraordinaire

Croyances et religions, pouvoir et politique, Marco Bellocchio rapporte alors dans un cérémonial  grandiose et respectueux, l’histoire de cette fin de siècle au cours de laquelle la communauté juive est sous le joug de l’autorité papale.

Une dictature à peine remise en cause par le peuple, dont les libelles n’ont pour l’heure aucune inflexion sur les événements. Ils sont lourds de conséquences dans le tiraillement de cette famille confrontée à un fils aussi désespéré qu’elle, mais tout aussi attiré par le décorum de sa nouvelle maison.

Les rares visites au jeune Edgardo sont très encadrées. La mère ( Barbara Ronchi, sobre, efficace )  va néanmoins réussir à provoquer un choc …

 

Un te deum apostolique quotidien qui chante les louanges d’un autre serviteur. A la fois magnifique et cruel ,ce  dilemme heurte tout autant l’unification de l’Italie en cours, au grand dam de Pie IX, de plus en plus menacé  …

Le pontif (Paolo Pierobon, inquiétant, excellent ) peut encore s’appuyer sur d’irréductibles aficionados, des illuminés bien souvent  dont  Feletti l’inquisiteur en chef, un gestapiste en puissance ( Fabrizio Gifuni, glacial ). Mais c’est encore bien plus proche de nous que résonne l’écho de leurs incantations mystiques, visées extrémistes de dictatures sans frontière.

Bellocchio signe là une œuvre majeure de sa filmographie, un fleuron du septième art couronné par une kyrielle d’acteurs en … état de grâce.

BONUS: Marx peut attendre, un film documentaire de Marco Bellocchio (1h35) –Entretien avec le réalisateur

01 novembre 2023 DVD : 05 mars 2024 2h 15min Drame Avec Enea Sala, Leonardo Maltese, Paolo Pierobon L'histoire : En 1858, à Bologne, les soldats du Pape font irruption chez une famille juive. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, le fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article   On part sur un malentendu ? Une rumeur ? Dans la papauté régnante à la fin du XIX ème siècle, un enfant juif aurait été baptisé,…
Le Film

C’est un fait avéré, un antagonisme historique entre les communautés juives de la fin du XIX ème siècle et l’autorité papale qui alors relève de la dictature. Bellocchio la rapporte dans un fait divers réel au cours duquel une famille juive de Bologne voit l’un de ses enfants arraché à son foyer pour cause de baptême clandestin. Dans une mise en scène à la fois grandiose et respectueuse des événements, le cinéaste relève une fois encore l’affrontement séculaire entre croyances et religions, pouvoir et politique. Il signe là d’une œuvre majeure de sa filmographie, un fleuron du septième art couronné par une kyrielle d’acteurs en … état de grâce.  Paolo Pierobon, en pape sans partage et cruel, Enea Sala, l’enfant enlevé à l’affection des siens que Leonardo Maltese, interprète adulte, avec une connivence physique étonnante. Et puis Fabrizio Gifuni, l’inquisiteur « gestapiste », Fausto Russo Alesi, le père, Barbara Ronchi, la mère ….

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4 Commentaires

  1. D’accord avec ce qui est dit : très grand film avec différents niveaux d’analyses y compris des résonances très actuelles en constatant que les problèmes de religions sont toujours très présents.

  2. La dramaturgie d’un opéra. Grandiose.

  3. Dio mio, quelle fresque historique!
    A suggérer dans le programme de l’éducation nationale?
    J’ai adoré la reconstitution des rives du Reno, façon tableau de l’époque : une pure merveille.
    A voir et revoir….

  4. merci et tout à fait d’accord sur les rives du Reno, façon tableau de l’époque, j’ai alors pensé gros travail sur les décors , j’aurais dû en faire état

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