- Décembre 2019 : le meilleur dvd !
- Cinéma : 10 mai 2019
- Acteurs : Roman Kolotukhin, Mikhail Kremer, Aleksandr Kuznetsov, Kirill Pirogov, Yan Tsapnik
- Réalisateur : Pavel Lounguine
- Audio : Français, Russe
- Sous-titres : Français
- Studio : ESC Editions
- Durée : 112 minutes
L’histoire : 1988. Alors que l’URSS organise le retrait de ses troupes d’Afghanistan, le pilote Alexandre Vassiliev est capturé par les moudjahidines. La 108ème division d’infanterie motorisée doit alors reporter le retour au pays pour remplir une dernière mission de sauvetage.
« Nous sommes tous morts en Afghanistan, même ceux qui sont restés en vie ».
Un général voit son fils aux mains de l’ennemi (Vitaliy Kishchenko). Un pilote de chasse qui plus est, une monnaie d’échange importante (Alexander Kuznetsov). Deux raisons supplémentaires pour l’arracher aux griffes des moudjahidines triomphants.
Nous sommes en 1988, à la veille du retrait des troupes russes. Les soldats ne parlent plus que de ça quand la 108ème division d’infanterie motorisée est désignée pour récupérer leur collègue.
Le KGB a dépêché l’un de ses meilleurs stratèges (Kirill Pirogov) en compagnie de quelques barbouzes. L’unité de reconnaissance ainsi formée constate avant tout la débandade organisée autour du départ des soldats vers la terre natale.
Pavel Lounguine observe avec précision ce désordre provoqué par la fatigue d’une guerre stérile que l’on espère quitter valide et sain d’esprit. Les corps harassés, et les esprit meurtris, ont mutilé ces hommes à tout jamais.
Le chaos dont ils sortent, ils y replongent alors une dernière fois pour sauver l’un des leurs. Dans les entrailles des montagnes piégeuses, au cœur des villages faussement endormis, le réalisateur-reporter filme à l’emporte-pièce dans ce qu’il lui reste de lumière et de cadre pour rapporter au monde l’instantané d’un monde qui s’écroule.
La façon dont il filme de manière aussi directe les affrontements, des corps à corps bien souvent, est sidérante.
Cette prise sur le vif lui interdit toute mise en scène, tout montage, et pourtant en faisant parler ces hommes, en les suivant un par un, ils se mettent bien au service d’une fiction raisonnée.
La force du film est de les confronter à la véritable histoire qui s’est passée à la fin de cette guerre. A ces trafics entre occupants et autochtones, amis ou ennemis, on ne sait pas trop, l’argent dissipe si bien les doutes et les malentendus.
Seuls les traitres, de part et d’autre, ont droit au châtiment extrême, des parias tout autant perdus que ces héros qui ne revendiquent même plus une telle étoffe. « On est fait comme des rats, aucun exploit en vue » dit l’un d’entre eux sous la coupe d’une mitrailleuse sourde et aveugle. Pavel Lounguine est le seul à la voir, à l’entendre. Le cinéaste russe n’a jamais fermé les yeux.
LE SUPPLEMENT
- Entretien avec Pavel Louguine ( 14.38 mn ). Le réalisateur a rencontré longuement le général qui a inspiré ce film. « Il était très malade mais je ne le savais pas, il a eu le temps de voir le film avant de mourir ».
« L’Afghanistan est quelque chose de traumatisant dont on ne parle pas, c’est une défaite, un an après ce sera la fin de l’Union Soviétique ».
« Les Afghans aiment les Russes parce qu’ils se comprennent , alors que les américains ils les prennent pour des martiens , ils les détestent… » dit-il en s’excusant presque d’avoir fait « un reportage sur la condition humaine il n’y a pas d’histoire d’amour, pas d’infirmière ».
« La guerre ce n’est pas une fête patriotique comme on nous le montre maintenant en Russie au sujet de la seconde guerre mondiale ».
Le film
Le bonus
J’ai l’impression que Pavel Lounguine fait beaucoup de films que l’on ne voit pas souvent chez nous. Aussi celui-ci est-il précieux, proposé en VOD et désormais en Blu-ray.
Le réalisateur russe s’inspire de faits réels, pour nous faire le récit de la tragique retraite que fut la fin de la guerre en Afghanistan pour l’Union Soviétique.
Il s’écarte de toute patriotisme pour rapporter tel un reporter de guerre les faits et gestes de ces derniers instants sur le sol afghan où un pilote de chasse a été fait prisonnier.
Il faut d’autant plus le récupérer qu’il est le fils d’un général.
Dans les entrailles des montagnes piégeuses, au cœur des villages faussement endormis, le réalisateur-reporter filme à l’emporte-pièce dans ce qu’il lui reste de lumière et de cadre pour rapporter au monde l’instantané d’un monde qui s’écroule.
La façon dont Pavel Lounguine filme de manière aussi directe les affrontements, des corps à corps bien souvent, est sidérante.
AVIS BONUS
Un court entretien avec le réalisateur, mais qui en dit beaucoup
Un commentaire
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