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« Le vent nous emportera » de Abbas Kiarostami. Critique Blu-ray

  • Meilleur dvd Juillet 2020 ( 5 ème )
  • Acteurs : Noghre Asadi, Roushan Karam Elmi, Bahman Ghobadi
  • Réalisateur : Abbas Kiarostami
  • Audio : Kurde, Persan
  • Sous-titres : Français
  • Studio : Potemkine Films
  • Durée : 117 minutes
  • Blu-ray : 07 Juillet
  • Cinéma : 1999

Venise 1999-Prix Fipresci de la Critique internationale. Grand Prix du Jury.

  • Film
  • Bonus

Si vous pouvez voir ce film sans en lire une ligne, encore moins son résumé, l’intérêt sera plus fort. Sur la personnalité réelle de ce personnage que tout le monde ici appelle Mr l’ingénieur, accompagné de quelques compagnons que l’on aperçoit, à peine.

Leur présence dans ce village isolé du Kurdistan est toute aussi énigmatique. Une équipe en mission, mais quelle mission, qu’attendent-ils de cet événement évoqué plus ou moins en secret ? 

Kiarostami ne joue pas le suspense à tout prix, mais sa mise en scène, aussi précise que dynamique entretient le mystère sans jamais révéler ses composantes.

Il nous fait découvrir ce village où l’ingénieur se dévêt peu à peu de sa fonction étrangère, pour en devenir la vigie. Un regard privilégié sur ce petit monde qu’il tente d’apprivoiser pour en faire sa chose. Il observe rites et coutumes, et cet étrange va et vient des femmes qui apportent la soupe à une femme malade.

Une scène qu’autrefois la censure aurait supprimée

Une déambulation parfaitement orchestrée dans l’enchevêtrement des escaliers mal ajustés et des terrasses superposées sur lequel le cinéaste tend des perspectives joliment brisées. Dans ce décor si typé, l’homme reprend le cours de sa vie et lui donne un sens tout autre au contact de cette civilisation.

Plusieurs scènes magnifiques donnent la parole au temps et à sa naturelle expression. Dont celle de la maman aux neuf enfants, et qui attend le suivant. L’homme se rase et lui tourne le dos. Ils conversent d’un balcon à l’autre.

Dans ce plan de toute beauté, Kiarostami révèle sans rien dévoiler tout de la féminité. Comme il adoucit les traits de son héros abandonné au quotidien de ce village qui ne l’importe désormais que pour ses habitants.

Cette femme qu’il attendait à mourir, cet écolier aux portes d’une instruction indispensable à son émancipation, de cet ouvrier prisonnier de ses gravats et pour lequel il va se dévouer corps et âme.

Juste avant de quitter le village que son équipe a déserté, des femmes en procession mortuaire l’accompagnent du regard. Le mot fin est inutile, l’image est attentiste, superbe.

LES SUPPLEMENTS

 

  • Le film vu par Agnès Devictor.   « Ce n’est pas parce qu’il y a un cinéaste que la vie s’arrête dans le village » prévient cette universitaire, spécialiste du cinéma iranien. Elle souligne ainsi  les conditions de tournage difficiles – tension extrême avec l’équipe. «  Sa façon de travailler est quand même assez particulière et la lourdeur de l’ensemble ne lui convient pas du tout, ce sera la dernière fois qu’il tourne en  35 mm ». Les techniques évoluant il saute dessus…

Elle relève aussi « la façon dont on se perd dans le village et les repères qu’il nous donne » pour mieux le suivre.

Son  rapport au réel très fort, « ne lui interdit pas de le modifier comme pour la couleur des maisons, ou des rajouts ici et là ».

Agnès Devictor évoque la beauté et la force des «  trois séquences féminines impossibles à montrer  avant dans le cinéma iranien. La façon dont les hommes et les femmes se parlent et se côtoient ».  Dont le portrait de la serveuse de thé et la séquence du rasage …

  • Leçon de cinéma . Une très belle rencontre autour du film dans lequel Kiarostami entre thématiquement et artistiquement pour nous montrer par exemple ce que le chemin signifie à ses yeux, celui qui mène à l’enfance, et puis au film.

Kiarostami décrypte ainsi la façon d’aborder son film, avec l’importance du repérage et de la première impression. «  Il faut se souvenir des premières rencontres, du premier regard que les gens portent sur vous ».  Comment habiter le village ? se demande-t-il aussi avant d’évoquer la construction de la réalité cinématographique, avec de nombreux exemples.

Celui de la pomme est éloquent, autant que la scène du film. «  Ce qui est anodin ne l’est plus forcément dans un cadre défini ».

  • Une semaine avec Kiarostami . Encore un super chapitre sur l’Histoire du cinéma pour laquelle le réalisateur ouvre volontiers son plateau de tournage. On suit ainsi jour après jour le travail de l’équipe, les réflexions qui passent, le regard des villageois et ce besoin du détail pour un réalisateur qui au dernier moment se demande s’il ne serait pas bon de rajouter un peu de menthe sauvage au pied d’un escalier…

A voir absolument, c’est fabuleux pour qui aime le cinéma et la vie !

Meilleur dvd Juillet 2020 ( 5 ème ) Acteurs : Noghre Asadi, Roushan Karam Elmi, Bahman Ghobadi Réalisateur : Abbas Kiarostami Audio : Kurde, Persan Sous-titres : Français Studio : Potemkine Films Durée : 117 minutes Blu-ray : 07 Juillet Cinéma : 1999 Venise 1999-Prix Fipresci de la Critique internationale. Grand Prix du Jury. Film :  Bonus :  Si vous pouvez voir ce film sans en lire une ligne, encore moins son résumé, l’intérêt sera plus fort. Sur la personnalité réelle de ce personnage que tout le monde ici appelle Mr l’ingénieur, accompagné de quelques compagnons que l'on aperçoit, à peine. Leur présence dans ce village isolé du Kurdistan…
Le film



AVIS BONUS Avec l’avis éclairé d’Agnès Devictor, deux documents remarquables : leçon de cinéma et making of sur une semaine qui ne dit pas son nom, on en redemande

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