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« Le Témoin » de Jean-Pierre Mocky. Critique Blu-ray

Synopsis: Antonio Berti, restaurateur de tableaux arrive d’Italie chez son ami Robert Maurisson, puissant industriel et banquier rémois . Pour un travail dans la cathédrale, il  prend la petite Cathy pour modèle. Peu après on la retrouve morte, non loin d’une propriété inoccupée des Maurisson. Le soir du crime, Antonio a cru apercevoir son ami à proximité de la maison …

La fiche du film

Le film : "Le Témoin"
De : Jean-Pierre Mocky
Avec : Philippe Noiret, Alberto Sordi
Sortie le : 20/09/1978
Distribution : Les Acacias
Durée : 90 Minutes
Genre : Policier
Type : Long-métrage
Le film
Les bonus
  • DVD : 04 Mai 2022 . – 
  • D’après le roman policier d’Harrison Judd « Shadow of a Doubt « 

Dans la classification des flics au cinéma, celui de Mocky mérite une distinction.  Un rien bigleux, à peine aimable, le commissaire Guérin met son nez dans les affaires des autres comme sous leur propre tarin. La myopie sans doute, augmentée d’un peu de manière qui le rend suspect aux yeux … du principal coupable.

Confier le rôle à un comique de tradition parfait l’encadrement. Roland Dubillard sévère et pas drôle du tout, s’acquitte de sa tâche habilement. Ce qui énerve Robert Maurisson,le nabab de la région, un parvenu aux affaires qui court le jupon entre deux bréviaires.

Monsieur, avec madame, comme ça, très honorable

Mocky regroupe déjà là ses obsessions d’une société déliquescente au service d’une enquête policière propice à dénoncer  la pédophilie et la peine de mort. Toujours en vigueur à l’époque en France, elle n’attend que le responsable de la disparition de Cathy,une fillette retrouvée étranglée dans le canal proche d’une propriété du fameux Maurisson.

Si le commissaire s’intéresse alors très vite au riche industriel, il  n’oublie pas son ami italien Antonio venu en France effectuer des restaurations de tableau. Il avait choisi pour modèle … la gamine assassinée. La petite fille se disait femme et n’avait pas sa langue dans sa poche.

Deux suspects bien faciles à manier pour un réalisateur-enquêteur qui emberlificote sa mise en scène à loisir. Tandis que nos deux héros se dépêtrent dans leurs contradictions et leur amitié mise à mal, Mocky poursuit ses règlements de compte avec ses cibles favorites.

Pour un évêque au regard concupiscent, il sonne l’angélus aux femmes de petites vertus, et ridiculise la finance prête à tout pour s’enrichir d’avantage. Et quand plus sérieusement, il se rend à l’enterrement de la petite fille, c’est un chassé-croisé prodigieux de regards suspicieux. Ces portraits magnifiques  le rendent maître dans l’art de la composition et de la psychologie.

La bouille d’un Noiret taquin, les facéties ridées d’un Sordi plus italien que jamais facilitent peut-être l’entreprise. Mais Mocky aux commandes, ça ne rigole pas !

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien avec Jean-Pierre Mocky ( 13 mn )- Attention il révèle pas mal d’informations. A voir après la projection donc.

« Mes films ne vieillissent pas, ils étaient souvent d’avant-garde … » relève l’intéressé qui rappelle qu’à l’origine c’est Jean Gabin qui jouait le rôle principal, « un professeur de piano comme dans le roman policier – il fait les essais costumes et meurt trois jours après ».

Alberto Sordi conseillé par Noiret ne voulait pas êtes professeur de piano. On réécrit le scénario…

« D’après les critiques c’est mon meilleur film » poursuit Mocky sous le charme du comédien italien. « Il rajoute toujours quelque chose, dans les scènes, les dialogues  il est prodigieux. (…) Philippe Noiret ne voulait pas tourner avec moi, il avait dit oui pour Gabin. Et Sordi voulait être filmé en gros plan, ce qui agaçait Noiret qui en demandait autant ».

Sur la nudité de la petite fille ? «  L’entourage était scandalisé, mais pas elle et elle jouait un ange, un modèle et tous les modèles sont plus ou moins dénudés, hommes, femmes, enfants ».

  •  Eric Le Roy, son ancien assistant-Il raconte un peu la même chose que Mocky, et insiste sur «  la tonalité particulière du film, satirique, poisseuse, on la doit à Sordi ».

« C’est un des premiers films français à parler de la pédophilie, la manière dont on traite les enfants a toujours occupé le cinéma de Mocky . (… ) Ces jeunes filles ne sont pas si naïves, elles sont aussi un peu perverses… »

  • Un fin alternative italienne-La peine de mort étant abolie en Italie, on ne pouvait montrer Sordi décapité….
DVD : 04 Mai 2022 . -  D’après le roman policier d’Harrison Judd "Shadow of a Doubt " Dans la classification des flics au cinéma, celui de Mocky mérite une distinction.  Un rien bigleux, à peine aimable, le commissaire Guérin met son nez dans les affaires des autres comme sous leur propre tarin. La myopie sans doute, augmentée d’un peu de manière qui le rend suspect aux yeux … du principal coupable. Confier le rôle à un comique de tradition parfait l’encadrement. Roland Dubillard sévère et pas drôle du tout, s’acquitte de sa tâche habilement. Ce qui énerve Robert Maurisson,le…
Le film
Les bonus

On a parfois moqué Mocky dans sa période « j’enfoutiste », dont «  Le Témoin » est bien éloigné. Ce film appartient à sa meilleure filmographie dans un genre policier qu’il respecte assez dans ses codes, tout en y ajoutant les griffes communes à son cinéma. La société déliquescente, les bourgeois, les curés , le cinéaste retrouve ses cibles favorites dans l’adaptation du roman d’Harrison Judd, autour de deux thèmes surlignés : la pédophilie et la peine de mort. On l’évoque à l’occasion de la disparition d’une fillette retrouvée étranglée près du domicile inhabité d’un riche industriel. Il est joué par Philippe Noiret, déjà conforme à cette époque à ce profil de gros nounours qui cache bien son jeu derrière ce sourire bienveillant. Alberto Sordi lui donne la réplique et c’est un bonheur tout aussi grand de le découvrir , pétulant et … italien ! Les deux hommes sont suspectés par l’enquêteur de service que Mocky habille à sa façon et c’est un beau personnage dans un contre-emploi réussi pour Roland Dubillard.

AVIS BONUS Une interview de Mocky éclairant, doublée des commentaires de son ancien assistant et d’une fin alternative 

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