Synopsis: En Amérique Centrale, quatre aventuriers acceptent, contre une grosse somme d'argent, de conduire deux camions chargés de nitroglycérine sur 500 kilomètres de pistes afin d'éteindre un feu dans un puits de pétrole. Le voyage s'avère long et très dangereux...
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
- D’après le roman éponyme de Georges Arnaud.-
- BAFTA (césar anglais) du Meilleur film en 1955,
- Ours d’or au Festival de Berlin en 1953, prix d’interprétation pour Charles Vanel
- Grand Prix (la Palme d’Or n’existe pas encore) du Festival de Cannes 1953.
Racistes, misogynes, machistes, phallocrates, les personnages de Clouzot recroquevillés dans leur petit village jettent leur bile à l’ennui et au temps qui les accable. Ils sont étrangers, abandonnés à leur sort par on ne sait quel hasard ou circonstance politique. Ils attendent des jours meilleurs pour quitter la place où l’autochtone vit d’expédients et de misère.
A quelques kilomètres de là, l’oncle Sam a déjà posé les bases d’une civilisation nouvelle: une exploitation pétrolière administrée comme une ville. Plus que le rêve américain, l’illustration d’un mode de vie où nos héros vont se refaire une santé. En acceptant de conduire des camions bourrés de bidons de nitroglycérine (« des cercueils roulants ») pour aller maîtriser un incendie gigantesque à 500 kilomètres de là.
Une piste incertaine, des précipices, des virages en épingle à cheveux et la crainte de la moindre secousse. C’est l’explosion, l’anéantissement. Il faut aussi se préserver du soleil caressant la tôle des jerricanes. Deux poids lourds, quatre hommes et le périple d’une vie à jamais incertaine.
On comprend que Spielberg ait pu s’inspirer de cet itinéraire chaotique pour élaborer quelques plans de son premier film « Duel ». On comprend aussi que plus d’un réalisateur s’attachent encore aujourd’hui à millimétrer une mise en scène coriace tant elle nous tient en haleine à chaque coup de frein et accélération brutale.
Les avanies, les péripéties ne manquent pas tout au long de cette chevauchée au cours de laquelle l’homme va bien évidemment se révéler sous un jour nouveau. Si le couple formé par Peter van Eyck et Folco Lulli ne pose pas véritablement de problèmes, celui de Charles Vanel et Yves Montand (Mario) est d’une toute autre facture. L’antagonisme qui s’en dégage fait suite à l’arrivée triomphale de Mr. Jo (Charles Vanel) dans ce pays qui ignore tout de son passé hexagonal, semble-t-il délictueux.
Mais sous les coups du sort et d’une nature hostile le bravache perd peu à peu de sa superbe que Clouzot torpille comme par plaisir en multipliant les allers-retours entre les deux convois. Le coup de massue, à chaque fois Montand l’assène par son courage et sa clairvoyance. Si la scène du rocher revient incontestablement au premier duo, Montand-Vanel portent les embûches au sommet de la réalisation en tentant de traverser une mare de pétrole provoquée par l’explosion d’un pipe-line.
Toute l’énergie du désespoir se lit dans les traits de Mario et le cadre apprêté d’un réalisateur follement inspiré. Peut-être parfois à la limite du raisonnable (l’incendie gigantesque) mais toujours conscient qu’il œuvrait pour le cinéma. A n’importe quel prix !
LE SUPPLEMENT
- Regards croisés entre Jean Ollé-Laprune (Historien du cinéma) et Samuel Blumenfeld (Le Monde). Comme pour « Les diaboliques » les deux hommes échangent autour de leurs impressions et de l’histoire du film. Elle prend pour témoin le récent mariage de Clouzot avec une jeune femme Eva Amato, fille d’un diplomate brésilien, qui pour « Le salaire de la peur » joue une jeune femme soumise et enjouée. « Clouzot est très amoureux, et joue sur la sensualité de sa jeune épouse. (…) Mais elle en prend quand même plein la figure dans ce qu’il lui demande d’interpréter ».
« La personnalité ambiguë du romancier, son côté paria ont dû plaire au cinéaste dans le choix du roman » explique-t-on en détaillant qui était le vrai Georges Arnaud.
Le film est entièrement tourné en Camargue. « Clouzot était excité à l’idée de recréer un pays imaginaire (…) malgré des circonstances climatiques très défavorables ». Pendant plusieurs semaines, le tournage sera interrompu, mais tous les membres de l’équipe sont tenus par contrat à ne pas aller voir ailleurs.
Le village est bizarrement celui d’un ancien camp d’internement pour Roms pendant la seconde guerre mondiale. Une soixantaine d’entre eux y laisseront la vie. « Dix ans après, le tournage commence et personne ne fait allusion à cette place de la mort ».
L’incendie ? « Les pompiers nîmois étaient effrayés par la hauteur des flammes ».
LE COFFRET
« L’assassin habite au 21 » (1942)-« Le corbeau » (1943)-« Quai des Orfèvres » (1947)-« Manon » (1949)-« Retour à la vie » (un sketch, 1949)-« Miquette et sa mère » (1950)-« Le salaire de la peur » (1943)-« Les diaboliques » (1954)-« Le mystère Picasso » (1956)-« Les espions » (1957)-« La vérité » (1960)-« La prisonnière« (1968)
Le film
Le bonus
Le préambule de ce film peut paraître fastidieux au regard d’un ensemble remarquable. Mais sans cette ouverture sur la condition de vie de ces expatriés en mal du pays, et prêts à tout pour y retourner, le périple de ces deux camions chargés de nitroglycérine au cœur d’un paysage hostile, n’aurait semble-t-il pas le même intérêt. Clouzot nous fait vivre, au gros plan près, les moindres secousses interdites, les plus petites péripéties pouvant provoquer une grosse catastrophe, autant d’avanies forgeant les caractères de chaque individu retenu pour l’opération par les autorités américaines. Plusieurs scènes relèvent la valeur psychologique des personnages dont celle du rocher tombé d’un éboulis, et la mare de pétrole provoquée par l’explosion d’un pipe-line. Tout à fait révélateur de ce film d’aventures qui demeure encore parmi les plus épiques du catalogue français.
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