- 14 août 2024 en salle
- 1h 41min
- Comédie dramatique
- Avec Karim Leklou, Laetitia Dosch, Sara Giraudeau, Bertrand Belin, Eol Personne
L’histoire : Aymeric retrouve Florence, une ancienne collègue de travail, au hasard d’une soirée à Saint-Claude dans le Haut-Jura. Elle est enceinte de six mois et célibataire. Quand Jim nait, Aymeric est là. Ils passent de belles années ensemble, jusqu’au jour où Christophe, le père naturel de Jim, débarque…
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
D’après l’œuvre de Pierric Bailly
Si la paternité au cinéma français n’est pas chose rare, l’instinct paternel l’est beaucoup plus, surtout abordé de manière aussi fusionnelle. Mais Aymeric est fait de cette écorce tendre, qui se fend au premier souffle de vent. Les retrouvailles de hasard avec Florence le conduisent à l’accompagner désormais dans son quotidien, protégeant tendrement son ventre rond et l’histoire de son autre vie.
Aymeric accueille l’enfant comme le sien, qu’il élève comme le sien et que Jim reconnait comme son papa. Le gamin – adorable au possible – ignore toujours ses origines quand sept ans plus tard , débarque Christophe son père.
Seul rescapé familial d’un accident automobile, il trouve auprès de Florence et Aymeric un foyer d’accueil réconfortant. Un « ménage à trois », presque, au milieu duquel Jim devient l’enjeu de relations particulières entre les deux papas.
Une tension, palpable, qui ne tend jamais vers l’affrontement. Chacun cherche sa place, mais faute de compromis durable, cette paternité partagée fixe des règles non écrites, de plus en plus insupportables aux yeux, et surtout au cœur d’Aymeric.
Jim lui assure tout son amour ( Eol Personne, absolument formidable ) , que Florence partage entre deux hommes, qu’elle aime pleinement, mais peut-être plus de la même façon. Ou peut-être plus pour les mêmes raisons.
Là où un mélo se noue, Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu , le dénouent habilement en raturant sans excès, le trop-plein et le délié d’une coexistence bancale.
La famille recomposée n’existe pas.
La séparation est déchirante , mais la vie retient toutes les options pour en décider autrement. Ce que Jim devenu un grand et fier jeune homme ( Andranic Manet) va comprendre en renversant le jeu de quilles dans lequel enfant il n’en renversait pas une.
Aymeric, reprend alors la partie et singularise un personnage de roman, où la chair frissonne quasiment à chaque instant. Si Karim Leklou est indiscutable dans le rôle, plein de tendresse contenue, de douceur en attente, Laetitia Dosch, est tout aussi exceptionnelle, tiraillée entre la femme et l’amante, la mère et l’épouse .
Je cite aussi Bertrand Belin , un acteur de la marge qui dans le rôle du revenant apparait tel qu’en lui-même. Pas là, mais si présent.
Le film
Après avoir vu ce très beau film, je regrette de ne pas avoir pris connaissance du roman éponyme de Pierric Bailly dont il s’inspire. Afin de savoir si le lien ténu qui de l’instinct paternel mène à la paternité, était aussi bien écrit que cette mise en scène qui parait si naturelle. De manière simple, presque évidente pour Aymeric qui du jour au lendemain se retrouve papa ( de substitution) auprès du petit Jim qui vient de naître . Sa maman Florence, le prend pour compagnon, puis amant. Et presque mari … Sept ans plus tard, le retour du père biologique remet en question ce statut paternel si particulier, que renforce la formation d’un trio plus bancal qu’une famille recomposée. Aux yeux d’Aymeric , il n’en sera jamais question, même si l’enfant se retrouve toujours auprès de lui. Au point, des années plus tard, de se confronter à cette histoire du passé jamais enfouie, de reprendre ses marques, d’assumer cet amour avorté. C'est fort, émouvant, réel, avec des comédiens et comédiennes tout aussi vrais . Le film suit son cours.