- Reprise en salle : 8 février 2023 avec également « F for Fake »
L’histoire : Joseph est réveillé à l’aube par des policiers présents dans son appartement. Ni une ni deux, il est embarqué et traîné devant un tribunal sans savoir ce qui lui arrive. Ce fonctionnaire pris dans les rouages d’une société tentaculaire et absurde va tout faire pour s’en sortir…
Revenir aux fondamentaux. Il me semble que ce film a posé les bases d’un nouveau cinéma, qui depuis ne cesse de s’y alimenter.
Il y a bien sûr au départ le magnifique livre de Kafka, que Welles traduit sur grand écran de manière sidérante : si chaque expression, chaque phrase trouvent une image appropriée, le dernier mot revient toujours au réalisateur, qui fait preuve d’une originalité débordante, malgré celle déjà engagée par le romancier.
Où l’esthétique des décors participent pleinement à l’intrigue très énigmatique qui voit le pauvre Joseph. K prisonnier d’un système qui lui échappe complètement, alors que tout le monde tout autour de lui, semble être au courant de sa mésaventure.
Ce qui donne cette impression de porte à faux constant dans l’attitude du héros malgré lui .Anthony Perkins le porte à la perfection. L’air candide de celui à qui on ne le fait pas dissimule la fuite en avant dans laquelle s’engage le malheureux, pris dans le tourbillon vertigineux de l’insinuation et de la délation.
Un cauchemar éveillé pour cet homme « qu’il est facile de démoraliser », comme le fait remarquer perfidement l’un des tenants de ce pouvoir aveugle et dictatorial que Kafka-Welles montrent du doigt.
La charge critique est évidente, mais le réalisateur la transcende dans une variation kafkaïenne d’un monde totalement déshumanisé. Et cette fois, c’est bien la vision du cinéaste qui s’impose pleinement au spectateur. En compagnie de Jeanne Moreau et Romy Schneider, à l’unisson de leur mentor, cet univers deviendrait presque supportable.
Le film
Dans l’univers kafkaien, Welles mêle son petit grain de folie qui confère à sa mise en scène une aura particulière, qui nous entraîne dans une dimension encore plus vertigineuse et cauchemardesque que ne l’avait imaginé le romancier